L'Etat Nation

LA NATION

Le mot nation vient du mot latin « natio » signifiant naissance.

La nation est une communauté humaine ayant conscience d'être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse.

1. Les différentes conceptions de la nation

D’un point de vue sociologique, on a coutume de distinguer deux écoles quant à la définition de la nation.

La conception allemande de la nation ou « conception ethnique de la nation »

L’Ecole allemande met en avant les critères dits objectifs de la nation. Elle serait un groupement d’individus qui auraient des traits objectifs communs tels que la religion, la langue, la culture, l’histoire voire l’ethnie.

Johann Gottlieb FICHTE (1762-1814), dans Discours à la nation allemande(1806), propose une définition de la nation qui insiste sur l’idée de peuple et l’importance de la langue.

Selon cette approche dite ethnoculturelle, l'appartenance nationale serait fondée sur des critères objectifs : le sang, la culture, voire la religion ou la mémoire collective fonderaient notre appartenance à une Nation.

La conception française de la nation ou « conception élective »

L’Ecole française met en avant les critères dits subjectifs. La nation serait ainsi un groupe d’individus qui auraient comme point commun la volonté de vivre ensemble, une sorte d’affectio societatis.

Ernest RENAN (philosophe français, Qu’est-ce qu’une nation ? 1882) pose comme critères de l’appartenance nationale « le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis ». Selon lui, « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours ».

Gérard NOIRIEL (Genèses, 1995): « Les conservateurs privilégient les facteurs généalogiques et l’enracinement pour expliquer la permanence à travers le temps de la nationalité française, alors que les progressistes (et notamment les sociologues durkheimiens) considèrent que ce sont les institutions, avant tout l’Ecole, qui assurent la transmission de la culture nationale d’une génération à l’autre ».

Cette conception dite élective de la Nation repose sur la libre adhésion des individus qui acceptent de participer au débat démocratique et d'obéir aux lois.

La Nation est donc un modèle d'intégration de l'individu au tout social mais la Nation n'agit pas seule, elle a besoin de l'État pour se renforcer.

2. Les facteurs constitutifs de la nation

Il s’agit de l’origine ethnique, la langue, le sol, la culture (institutions et manière de vivre, traditions et croyances, goûts et mœurs), l’Etat (qui organise la nation en la dotant d’institutions), la conscience nationale (facteur capital d’unité et de solidarité nationales).

3. Le concept juridique de nation

Le terme de nation ne comporte aucune définition juridique mais les textes fondateurs de la République française y font référence. L’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dispose que : « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ».

La nation est devenue la source de tous les pouvoirs ; le peuple détient la souveraineté, et c’est par le biais de la nation qui s’est constituée qu’il la détient ; le peuple constitue ainsi un corps politique qui s’exprime par ses représentants. L’idée de nation en lien avec l’Etat lui-même vient donc du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

4. L’Etat-nation

L’Etat-nation est la superposition d’un ordre juridique et d’institutions, l’Etat, et d’un groupe identitaire, la nation.

L'Etat exerce son autorité sur la nation toute entière qui reconnait ainsi la légitimité de l'Etat.

Historiquement, on distingue deux voies de créations d’Etats-nations :

- lorsque les individus se reconnaissant d’une même nation manifestent le désir de vivre ensemble, de manière autonome, et se dotent d’un Etat comme cela a été le cas en Allemagne notamment avec la création de la confédération d’Allemagne du Nord en 1867.

- L’Etat peut préexister à la nation et chercher à créer ou renforcer un sentiment national. C’est le cas de la France. François Ier a imposé la pratique de la langue française dans l'administration, au détriment du latin, par l'édit de Villers-Cotterêts, au milieu de XVIe siècle. Sous la IIIe République (1871 - 1940) l'école devient obligatoire et permet de renforcer le sentiment d'appartenance à la nation. En France, on peut ainsi considérer que l'Etat précède la nation.

5. Nation et nationalisme

Le

...