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Étude de l'oeuvre La fin de l'Homme, Les conséquences de la révolution biotechnique de Francis Fukuyama

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Par   •  10 Janvier 2015  •  3 399 Mots (14 Pages)  •  2 585 Vues

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La Fin de L’Histoire et Le Dernier Homme, Francis Fukuyama

INTRODUCTION

Francis Fukuyama est un philosophe politique américain et professeur de politique économique internationale à l’université Johns Hopkins. En 1989, après la chute du mur de Berlin, il publie un article intitulé « La fin de l’histoire ? » paru dans la revue The National Interest. Il s’interroge sur la victoire de plus en plus évidente de la démocratie libérale sur toutes les autres idéologies (monarchies, totalitarismes), et particulièrement sur le communisme. Sa thèse consiste en l’affirmation d’une fin de l’histoire avec la démocratie libérale comme point final de l’évolution idéologique de l’humanité, en tant que forme ultime de tout gouvernement humain. Idéologique, la thèse de la fin de l’histoire s’inscrit dans la dynamique sociale et politique de production des idées néo-conservatrices. Fukuyama est en effet très proche de cette mouvance et sa théorie bénéficie du soutien d’universitaires néo-conservateurs renommés comme Allan Bloom ou Irving Kristol.

Son article soulève beaucoup de critiques à travers le monde. C’est en réponse à ces critiques qu’il décide en 1992 d’écrire « La fin de l’Histoire et le dernier homme ». Il tient à préciser qu’il ne parle pas de l’histoire comme la succession des événements mais de l’Histoire comme évolution de l’Humanité. Sa thèse part de l’observation de la chute des régimes forts du XXième siècle du fait, selon lui, de leur manque de légitimité et de la progression des principes démocratiques, la liberté individuelle et l’égalité. Malgré les guerres et les usages destructeurs du progrès scientifique, il préfère retenir une vision optimiste du XXième siècle, celle de la victoire de la démocratie. L’idée directrice de cet ouvrage est qu’ « un processus fondamental est à l’œuvre, qui impose un schéma d’évolution commun à toutes les sociétés humaines (…) comme une Histoire universelle de l’humanité dans le sens de la démocratie libérale ».

I° La conception de la fin de l’Histoire chez Fukuyama

A) Une Histoire universelle et orientée

1) La conception philosophique de la « fin de l’Histoire »

L’idée d’une Histoire linéaire et universelle vient de la conception chrétienne qui, à la différence de la vision cyclique de l’Antiquité, introduit un début (la création de l’homme par Dieu) et une fin (sa rédemption). De nombreux philosophes ont essayé d’écrire une Histoire universelle et d’en proposer une fin : un des plus célèbres est Hegel, tenant de la tradition idéaliste allemande.

Hegel reprend cette idée d’une Histoire universelle et orientée mais introduit un mécanisme nouveau, celui de la « dialectique ». Le progrès de l’Histoire serait le résultat d’un processus de conflits, et d’un développement de la Raison. Les systèmes politiques s’améliorent grâce à un mécanisme qui fait que les sociétés comportant de graves contradictions internes (inégalités des droits par exemple) s’effondrent et sont remplacées par d’autres qui réussissent à dépasser ces contradictions. Le point final de ce processus historique serait la réalisation de la liberté sur terre, incarnée par l’Etat constitutionnel moderne, l’équivalent de la démocratie libérale chez Fukuyama.

Marx reprend la dialectique hégélienne mais il voit une fin de l’Histoire différente avec la réalisation du communisme. L’effondrement du régime soviétique à la fin des années 1980 semble avoir écarté cette hypothèse. En revanche la conception de l’interprète de Hegel au XXième siècle, le philosophe franco-russe Kojève, intéresse directement Fukuyama : il estimait en effet que la fin de l’Histoire se serait faite avec la Communauté européenne. L’Europe occidentale serait ainsi arrivée à un point final en étant une zone de paix, de liberté et de prospérité.

Fukuyama s’inspire des idées de Hegel et Kojève en montrant que la démocratie libérale ne contient pas de contradiction qui puisse la renverser en un autre système plus rationnel. Il ne nie pas les inégalités et les injustices sociales de la démocratie mais pour lui les principes démocratiques (liberté, égalité…) ne contiennent pas en eux-mêmes de contradiction. On serait donc arrivé à une fin de l’histoire. Mais pourquoi l’histoire universelle aurait-elle pour but la seule démocratie libérale ? Fukuyama justifie sa thèse en développant un premier argument de nature économique visant à montrer que la technologie issue de la science moderne est le moteur favorisant le développement des démocraties libérales.

2) La science physique moderne comme moteur de l’Histoire

La science physique moderne a fournit un mécanisme d’orientation qui explique beaucoup d’aspects du développement historique. Elle influence l’Histoire grâce à la guerre et à l’économie.

Lors des conflits militaires, la science est largement sollicitée pour inventer de nouvelles techniques permettant de vaincre l’adversaire. Mais elle est aussi un moyen d’uniformisation de la société et des Etats : « tout Etat voulant conserver son autonomie est souvent forcé d’adopter la technologie de ses rivaux ». Pendant un conflit, il doit centraliser le pouvoir, mobiliser les ressources au niveau national, accroître le niveau d’éducation pour former une élite compétente…Fukuyama appelle ces transformations la « modernisation défensive » : le meilleur exemple serait celui de la Perestroika de Gorbatchev. En effet, l’annonce de l’Initiative de Défense Stratégique par Reagan était un sérieux défi pour l’URSS, car elle relançait une course aux armements que l’économie soviétique était incapable de suivre. Ce serait l’une des raisons qui poussèrent Gorbatchev à engager des réformes fondamentales.

La physique moderne produit des changements historiques avec le développement économique. L’industrialisation et la division rationnelle du travail conduisent à des transformations sociales : élévation du niveau de vie, urbanisation, formes bureaucratiques d’organisation…L’exigence de rationalité impose l’uniformité au développement social des sociétés en cours d’industrialisation. La science physique est donc en mesure de déterminer la direction de l’Histoire, mais vers où ? Pour Fukuyama, le but de l’Histoire ne peut être qu’une société

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