Vie de l’empereur Charles / Eginhard
Commentaire de texte : Vie de l’empereur Charles / Eginhard. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Kadix • 13 Décembre 2021 • Commentaire de texte • 1 245 Mots (5 Pages) • 396 Vues
EGINHARD, Vie de l’empereur Charles, éd., trad., dir., M. SOT et C. VEYRARD-COSME,
Paris, Les Belles Lettres, nouv. ed., 2014, p. 1-9, ch. 1-4 [CXI-112 p.]
Eginhard décrit dans un extrait de sa Vie de Charlemagne, la naissance du pouvoir réel
des carolingiens.
Extrait d’une biographie écrite au IXe siècle, celle de Charlemagne, roi puis empereur
carolingien en 800. L’auteur fait partie de l’entourage de Charlemagne, puis plus tard de
son fils Louis le Pieux, cette biographie est par conséquent partiellement hagiographique.
Eginhard serait né en 770 et mort en 840. Il est issu d’une famille de notable, c’est un
lettré. Il reçoit son éducation à l’abbaye de Fulda, les abbayes étant à cette époque les
principaux lieux d’éducation et d’enseignement de la société. Il poursuit sa formation à
l’école du palais d’Aix-la-Chapelle, capitale alors de l’Empire de Charlemagne. Repéré pour
ses capacités intellectuelles, il rejoint la cour de l’Empereur qui en fait un de ses proches
avec Alcuin, lui aussi conseiller de Charlemagne. Alors que ce dernier meurt en 804, Eginhard
reste à la cour de l’Empereur Louis le Pieux où il le conseille et s’occupe pour partie de
l’éducation de son fils Lothaire. Charlemagne, et Louis le Pieux, lui confieront également
diverses missions diplomatiques. Il est principalement connu pour son œuvre sur la Vie de
Charlemagne, dont le titre original est Vita et gesta Caroli Magni.
La période de vie d’Eginhard constitue une période d’apogée territoriale et institutionnelle
pour les Francs. Le roi des Francs est devenu Empereur avec Charlemagne et le sera encore
avec Louis le Pieux. Les événements du milieu du VIIIe siècle qu’Eginhard relate prennent
place à une période institutionnelle nébuleuse, où de nombreuses incertitudes politiques
demeurent. Suite au décès du dernier roi mérovingien Thierry IV en 737, plusieurs révoltes
ont lieu. Les carolingiens ont jugé plus adapté en 743 de placer sur le trône Childéric III, un
mérovingien à la filiation douteuse.
Eginhard tente de légitimer a posteriori l’arrivée au pouvoir des carolingiens qui aura lieu
quelques années plus tard. Dans ce passage, l’auteur relate le déclin du pouvoir réel des
derniers mérovingiens alors même qu’ils sont encore la dynastie régnante et légitime
dans le même temps la montée en puissance des maires du Palais dont la dynastie va remplacer
les mérovingiens. C’est une vision positive du règne carolingien, un récit écrit pour la
nouvelle dynastie montrant toutes les qualités de celle-ci qui par contraste, montre les rois
mérovingiens comme de mauvais rois. Pour autant, Eginhard est le témoin privilégié de cette
époque où les sources précises sont peu nombreuses. Certaines informations qu’il délivre
ont ainsi servi la connaissance de cette période historique.
Dans quelle mesure la dynastie des Carolingiens peut-elle être considérée comme légitime
alors qu’elle a détrôné celle des Mérovingiens, selon Eginhard ?
Si l’implantation d’une nouvelle dynastie, les Carolingiens est réelle (II), elle suit le désaveu
d’une lignée, déjà déclinante, celle des Mérovingiens (I).
I. Le désaveude la lignée déclinante des mérovingiens
Eginhard pose le discrédit sur les reges criniti comme une royauté illusoire (A), et
procède au dénigrement de certains rites germaniques caractéristique de cette dynastie (B).
A. La discréditation des reges criniti comme une royauté illusoire
Dans le système monarchique des peuples francs, l’autorité n’a rien d’absolue : le roi est
le primus inter pares, premier parmi ses pairs. Il est choisi parmi les autres guerriers et
désigné par eux. La dynastie mérovingienne se distingue car elle est progressivement devenue
très puissante. Le roi a une véritable force personnelle, entouré d’une aura magique. Depuis
Mérovée (Ve s.), ces rois, en appartenant à une dynastie prédestinée, sont considérés
comme fédérateurs et protègent leur peuple.
Toutefois, à l’époque de Childéric III (milieu du VIIIe s.), ces rois n’ont plus que
l’apparence du pouvoir. Ils ont le titre de rois mais seulement de façade et n’ont aucun pouvoir
effectif : ce sont des hommes de paille. Le roi mérovingien ne faisait que donner une image
du pouvoir, il n’avait qu’à parader et ne régnait pas réellement, il était complètement détaché
de la réalité du pouvoir.
Pour justifier ce discrédit, Eginhard tourne en dérision l’image des rois mérovingiens. Il
dénigre
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