Histoire des Institutions : Eginhard, Vita et gesta Caroli Magni... (Vie de Charlemagne).
Commentaire d'arrêt : Histoire des Institutions : Eginhard, Vita et gesta Caroli Magni... (Vie de Charlemagne).. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ltouzeau • 27 Novembre 2021 • Commentaire d'arrêt • 2 407 Mots (10 Pages) • 774 Vues
Commentaire de texte Histoire des Institutions
Document 11 : Eginhard, Vita et gesta Caroli Magni... (Vie de Charlemagne).
« Le roi mérovingien reste en place, mais il n’est plus qu’un fantoche, un roi qui ne peut rien faire, un roi qui fait néant ». Cette citation de Eginhard sera bien significative de la fin de la dynastie des mérovingiens, période troublée de changements.
Pour remettre dans le contexte, en 410 à lieu le pillage de Rome dit « le sac de Rome » conduit par Alaric 1er. Cet événement marquera en quelque sorte la fin de l’Antiquité afin de permettre un passage au Haut Moyen Age. L’empereur suite à cela signe un traité afin de faire les Wisigothes des alliés de Rome appelés des «foederati». En 451, la célèbre bataille des champs Catalauniques provoque la perte de contrôle d’une grande partie de la Gaule, les anciens limes sont donnés aux peuples germaniques, les Burgondes s'installent vers le Sud et les wisigoths sont reconnus maitres du Sud-Ouest notamment de l’Aquitaine. Le Royaume des francs quant à lui est installé dans le Nord du pays. En 481 quand Clovis devient roi des Francs et étend progressivement son territoire en devenant de plus en plus puissant, en 507 après sa dernière bataille contre le roi Alaric II, il devient maitre de presque la totalité de la Gaule. Il ne gouverne donc plus un peuple mais un territoire avec un ensemble de peuples. Ces invasions vont donc provoquer la confrontation de deux groupes ethniques, celui des envahisseurs germanique et celui des populations autochtones romanisées. Or, chacun de ces groupes possède une tradition juridique particulière, il y a donc un pluralisme juridique qui se crée et coexiste sur le territoire de l’ancienne Gaule. Cette coexistence en fonction de l’ethnie résulte en un système original, celui de la personnalité des lois. Ce système de la personnalité des lois va se pérenniser grâce aux différentes compilations des rois barbares. Puis à partir de 884, le système change et on applique un système de territorialité des lois, imposant la loi du territoire et du lieu ou vivent les partis du procès.
La fin de la dynastie des mérovingiens (Ve-VIIIe siècle) est marquée par l’arrivée au pouvoir du maire du Palais Pépin de Herstal, laissant tout de même à la tête du pouvoir royal le roi mais en le dépouillant de toutes ces compétences et de son pouvoir. Cette puissance revient donc aux mains des maires du palais dans le royaume franc partagé en Neustrie et d’Austrasie issue de la famille pippinide. Ce changement est bien démonstratif de l’instabilité politique ou le pouvoir fut usurpé par l’aristocratie. En 732, Charles Martel s’imposera durant la bataille de Poitiers contre Abd al-Rahman ce qui favorisera la reconstruction de l’unité du regnum Francorum et affirmera le peuple Franc comme le rempart de la chrétienté. Par la suite les descendants de Clovis à partir de l’avènement de Pépin de Herstal seront considérés de « rois fainéants » du fait de leur impuissance au trône. Le roi n’aura plus qu’un rôle symbolique, il deviendra un souverain « fantôme ». En 751, l’avènement de Pépin le Bref à lieu au nom de l’Eglise catholique en lui donnant une onction, marquant son front avec de l’huile, le Saint Chrême, pour lui transmettre l’Esprit Saint. Cette avènement laissera place à une nouvelle dynastie, celle des Carolingiens. La dynastie des Carolingiens est fondée par Pépin le Bref, fils de Charles Martel et père de Charlemagne. Pépin le Bref n’ayant le statut que de maire du palais, réussira à se faire proclamé roi des Francs et se faire sacrer par Saint Boniface pour légitimer son usurpation. Pépin le bref en tant que personnage sacré aura un rôle important notamment envers l’église dont il sera son protecteur. À sa mort, le royaume est partagé entre ses fils, mais Charlemagne restera seul et se fera couronné empereur par le pape durant le Noël de l’an 800. De nombreuses successions ont encore lieu suite à ça, avec Louis le Pieux ou en 843 avec le traité de Verdun. Les partages successifs et les donations rendent la dynastie carolingienne fragile et démembré et provoque une puissance royale casiment nulle. Cette faiblesse du pouvoir royale entrainera l’apparition d’un nouveau modèle basé sur la féodalité.
L’Europe occidentale jusqu’à l’approche de l’An Mil sera sous le règne des Pippinides étymologiquement dérivé du prénom Pépin est une illustre famille franque des VIIe et VIIIe siècles. Cette famille prospérera en se substituant aux rois mérovingiens par le biais des maires du palais. Ils sont issus de Charlemagne, empereur d’Occident mais aussi de Charles Martel et son fils Pépin le Bref roi des Francs. Ils règnent tous sur les royaumes issus du partage du Regnum Francorum à l'issue de la mort de Dagobert.
Eginhard né en 770 et mort en 840 fut un intellectuel, homme de lettres et historiographe de Charlemagne durant l’époque carolingienne. Il sera le premier à écrire en latin une biographie sur la vie de l’Empereur d’Occident qu’il nommera « Vita et gesta CaroliMagni » en 830. Ce livre prend l’aspect d’un témoignage, d’un historique des événements prônant la nouvelle dynastie arrivante : les Carolingiens. Cet extrait est interessant en retraçant précisément la décadence mérovingienne après une longue période de gloire.
Il est donc pertinent de se demander comment selon Eginhard la dynastie carolingienne a-t-elle succédé à la dynastie mérovingienne en 751 ?
Naturellement, il faudra se pencher sur l’analyse de la fin des Mérovingiens (650 à 751) (I) et enfin constaté le début d’une nouvelle dynastie, les Carolingiens (751 à 987) (II)
I/ La fin fatidique des Mérovingiens
La fin de la dynastie mérovingienne est marquée par la déchéance des rois mérovingiens (A) a contrario de la montée en puissance de l’aristocratie et notamment des Maires du palais acquérant de plus en plus de prérogatives (B)
- Un pouvoir royale faible épris d’un essoufflement dynastique
Dans cet extrait de texte de Eginhard, il souligne de façon exhaustive la faiblesse de la royauté mérovingienne qui pour lui « avait depuis longtemps déjà perdu toute vigueur et ne se distinguait plus que par ce vain titre de roi ». Précédemment il énonce que l’effondrement de la dynastie aurait eu lieu qu’après le règne de Childeric mais ceci parait qu’un prétexte pour le laisser plus longtemps à la couronne. La perte de pouvoir des derniers mérovingiens est due à un fort ralentissement des richesses et notamment d’une absence de victoires militaires, d’une diminution des domaines du fisc ou encore une absence de budget due à l’incapacité à faire rentrer les impôts et les taxes. Pour assurer leur autorité, les rois mérovingiens vont s'attachaient par un serment de fidélité spécial avec les « leudes », les grands du royaume. Ce serment unilatéral va permettre une reconnaissance des leudes envers le roi avec par exemple les cadeaux royaux qui seront laissés à la libre appréciation du bienfaiteur entraînant un soutient plus important pour les rois les plus généreux. Les enchères vont monter pour attirer les fidèles de l’autre parti lors des guerres et des partages du royaume. C’est ainsi, que les descendants de Dagobert ont étaient contraints d’épuiser la totalité des richesses pour acheter un brin de reconnaissance de leurs hommes. Le pouvoir affaiblit, les riches familles aristocratiques de l’époque s'imposent dont la famille des Pippinides qui détiendra un rôle crucial. Eginhard à travers son extrait démontre l’inutilité du roi mérovingien à cette époque « qui n’a en dehors de son titre, que la satisfaction de siéger sur son trône » en rajoutant qu’il n'a que « sa longue chevelure et sa barbe pendante » pour symbole de force. Le pathos du règne est d’ailleurs montré en expliquant la manière dénigrante qu’avait le roi de voyager « dans une voiture attelée de boeufs » pour se rendre publiquement à l’assemblée de son peuple. Avant d'être « dits faibles », le roi mérovingien détenait auparavant une forte autorité à travers son mundium désignant la puissance protectrice. Il était roi pacificateur, justicier et protecteur. Mais aussi à travers son bannum avec son pouvoir de commandement. Cette transition n’a pas été facile, le roi à la fin de la dynastie mérovingienne détenant qu’un rôle factice, un rôle de figuration « y faire figure de souverain », dénué de toutes ses compétences et décisions économiques, politiques et logistiques au sein de son royaume. A posteriori aux rois francs mérovingiens succédant à partir de 639 à Dagobert 1er, les rois ont vu s’attribuer l’appellation de « rois fainéants » dû à leur déclassement et leur rôle « fantôme » au sein de la société mérovingienne.
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