Contestation de l'absolutisme par l'oeuvre de montesquieu "de l'esprit des lois"

Baptiste Chretien

6 November 2018

Dissertation Histoire des institutions publiques

“Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir” ici Montesquieu entend introduire l’idée d’une nouvelle organisation politique remettant directement en cause la réunion de tous les pouvoirs en la main du souverain absolu.

L’attention sera portée sur la contestation de l’absolutisme par les philosophes des lumières. L’absolutisme est le système politique en place depuis le règne de louis XIV et concrétisé par ce dernier, qui confère tous les pouvoirs au roi qui ne connait aucune limite d’exercice. Le siècle des lumières marque l’avènement d’un courant philosophique et littéraire s’intéressant notamment à la politique de l’ancien régime et ayant contribué grandement à l’évolution intellectuelle et philosophique de leur temps. De l’esprit des lois est un ouvrage de Montesquieu appartenant à ce courant intellectuelle

L’intérêt sera tourné sur le siècle des lumières, et plus particulièrement sur la période marquant l’émergence de ces idées philosophiques nouvelles, exprimant une critique de l’obscurantisme des dirigeants, qui s’est imposé en France. C’est donc la période situé entre le début du règne de louis XV et la révolution française de 1789 qui fera l’objet de cette dissertation.        

        La philosophie des lumières a connu son ascension au XVIIIe siècle, marqué par la fin du règne de louis XIV et le début de celui de Louis XV, et n’a, à l’époque, pas pour intention de déclencher une révolution mais au contraire promeut l’utilisation des moyens intellectuels pour influencer les dirigeants à s’orienter vers des réformes nécessaires. La montée de ce mouvement s’explique part un absolutisme extrême trouvant son origine dans le règne de  Louis XIV ; en effet, le Roi Soleil ayant vécu la Fronde – révolte violente du peuple contre l’autorité monarchique qui força le jeune souverain à fuir de sa demeure, et le traumatisa – se refusa à réitérer l’expérience et pour se faire a pris les mesures nécessaires pour se protéger de tous soulèvements ultérieurs et mit alors en place un système lui conférant tout pouvoir et autorité lui permettant de surveiller et contrôler sa population. Cependant le XVIIIe siècle et le règne de louis XV sont marqués par une forte crise socio-économique, qui affecte en particulier le tiers état, et l’apparition de nouvelles réflexions politiques présage de la Révolution Française de 1789. Ces réflexions sont celles des philosophes que l’on connait aujourd’hui et qui sont les principaux philosophes des Lumières ; ce sont donc Montesquieu, Rousseau, Diderot et Voltaire qui tiennent ces places, bien que Montesquieu se soit démarqué par la forte influence de ses travaux qui lui ont donné un rôle politique important.

Ainsi il sera répondu à la question suivante : Comment l’oeuvre de Montesquieu menace-t-elle la monarchie de Louis XV ?

Dans quelle mesure les idées politiques formulées par Montesquieu dans l’esprit des lois sont elles dangereuses pour la monarchie de louis XV ?

En quoi les idées politiques de Montesquieu représente une menace à la monarchie absolutiste de Louis XV ?

Le XVIIIe siècle voit naitre un nouveau souffle de contestation qui s’attache à défier intellectuellement l’absolutisme déjà fragilisé (I) en prescrivant des réformes visant à moderniser le système (II).

1. Une défiance intellectuelle a un absolutisme fragile

Dans son ouvrage de l’esprit des lois Montesquieu caractérise la liberté politique (A) qui apparait comme un affront à l’absolutisme affaibli du XVIIIe siècle (B).

        A. La caractérisation de la liberté politique

                1) définition de la liberté politique

Montesquieu prône la liberté politique dans la société et la défini de la sorte “la liberté politique, dans un citoyen, est cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sureté : et pour qu’on ai cette liberté il faut que le gouvernement soit tel, qu’un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen”. Par cette définition Montesquieu affirme que la liberté politique inclue le fait de ne pas craindre de représailles d’autres individus, en émettant la nécessité d’une organisation spécifique du gouvernement permettant d’atteindre cette finalité. Pour définir la liberté politique Montesquieu s’appuie sur les différences entre le régime français et anglais en notant la crainte du peuple français face à la toute puissance du roi que l’on ne retrouve pas en Angleterre ou le parlement a le pouvoir d’arrêter le roi.

                2) La liberté politique comme critique de l’absolutisme

Dans sa réflexion, Montesquieu arrive à la conclusion que “la liberté politique ne consiste point à faire tout ce que l’on veut” car elle ne constitue pas une liberté physique mais elle doit permettre “de faire ce que l’on doit vouloir : “la liberté politique est de n’être soumis qu’à des lois qui reflètent la volonté des citoyens”. Dans sa réflexion autour de la liberté politique Montesquieu achemine l’idée que l’organisation du gouvernement a pour impératif de laisser s’exprimer la voie du peuple et ainsi remet en cause la toute puissance du monarque qu’il tend à amputer de son pouvoir législatif en vue de le léguer au peuple qui pourra l’exprimer par le biais de ses représentants.

        B. L’absolutisme en souffrance au XVIIIe siècle

                1) Une crise socio-économique persistante

Le XVIIIe siècle, bien qu’enregistrant une nette expansion économique, est marqué par différentes crises plus ou moins ponctuelles. En effet, les secteurs de l’industrie et du commerce, de l’agriculture et de la finance connaissent des difficultés qui contribuent à alimenter les tensions. La crise financière s’étend sur l’ensemble du XVIIIe siècle et résulte notamment de l’état des finances après la mort de louis XIV et de nombreuses guerres perdues. Par ailleurs la France est touchée par une crise agricole de grande ampleur, elle est le fruit d’aléas climatiques défavorable aux récoltes et qui entrainent une inflation exponentielle du prix des aliments et une disette qui s’installe. C’est particulièrement cette crise agricole qui entraine des contestations de la population la plus pauvre qui n’accepte plus ces crises comme des fatalités mais qui retourne la faute sur les pouvoirs publics qu’ils accusent d’être inefficace. Mais la bourgeoisie va rapidement, elle aussi, s’opposé à l’absolutisme.

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