Commentaire d'un texte de Bossuet

Craignez Dieu, honorez le roi. » Jacques Bénigne Bossuet dans Politique tirée des propres paroles de l'écriture sainte à Monseigneur le dauphin. Bossuet, de son prénom Jacques Bénigne, est né en 1627 à Dijon et est mort en 1704 à

Paris à l’âge avancé de 77 ans. C’est l’évêque de la ville de Meaux, c’est d’ailleurs de là qu’il tirera son surnom « L’aigle de Meaux ». C’est Voltaire qui, au siècle des Lumières, a surnommé Bossuet ainsi. En effet, l’aigle est l'un des rares oiseaux capable de voler face au soleil sans être ébloui. Or, Bossuet était un évêque irrévérencieux. Le seul homme religieux à tenir tête à Louis XIV, le RoiSoleil, à qui il a notamment lu un sermon sur les devoirs des riches envers les pauvres. Bossuet écrit Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte à Monseigneur le Dauphin durant la construction de Versailles : une période de faste et de magnificence de l’absolutisme. Si Bossuet est connu pour ses talents d’orateur ce dernier est surtout connu pour être très proche du pouvoir royale. À tel point qu’il se dressera contre le pape Sixte V en faveur du Roi en rédigeant les quatre articles de la Charte du Gallicanisme. Doctrine qui affirme, sur les plans théologique et juridique, la liberté de l'Église française et la supériorité du pouvoir royal face aux prétentions du pape visant à la théocratie pontificale. C’est lui qui va véritablement consacrer et théoriser de manière définitive l’idée de droit divin et plus précisément de monarchie absolue de droit divin. Il est le précepteur du Dauphin Louis de France (Louis XV). Il s’agit d’un rôle très important car il éduque le prochain Roi de France. C’est d’ailleurs pour ce même Dauphin qu’il va écrire son oeuvre la plus connue et qui est à commenter aujourd’hui : Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte à Monsieur le Dauphin. Par « écritures saintes » Bossuet entend celles de la religion catholique. C’est dans cet ouvrage qu’il va expliquer sa pensée et montrer le lien, grâce aux écritures saintes, entre politique et religieux, entre le trône et l’autel. Bossuet va essayer d’expliquer, tout comme Richelieu l’a fait avant lui, que la monarchie est nécessaire, qu’elle est le meilleur mode de gouvernement. Bossuet insiste particulièrement sur le fait que cette monarchie est divine. En effet, ce dernier estime que Dieu a choisi le Roi de France, que c’est un envoyé, un représentant, le lieutenant, le ministre de Dieu sur terre. Par conséquent, on ne peut s’opposer au Roi car ce serait s’opposer à Dieu. La question que l’on peut se poser est la suivante : Quelle est le contexte d’émergence, la substance et les limites de la théorie de l’absolutisme théocratique ? Bossuet va formuler l’idée que, d’une part, l’autorité royale ainsi que la personne du Roi

sont sacrées. On doit, par conséquent obéir au Roi par principe de religion et de conscience (I). D’autre part, Bossuet explique que les Rois doivent également respecter leur propre puissance en connaissant des limites à l’exercice de cette dernière (II).

I. Le faste de l’absolutisme théocratique de Bossuet

Il est important d’étudier les conditions qui font d’un Roi, un Roi de droit divin (A). Et comment, si elles sont remplies, ces conditions emportent une soumission automatique du peuple, par devoir de conscience, au détenteur de la souveraineté divine (B).

A. Être un Roi de droit divin : les caractéristiques de l’autorité royale « Le Prince est ministre de Dieu » / « Les princes agissent donc comme ministres de Dieu et ses

lieutenants sur la terre. » / « Le trône royal n’est pas le trône d’un homme, mais le trône de Dieu même » / « La personne des rois est sacrée ». L’autorité royale est sacré, le Roi est le représentant de Dieu sur terre, il a donc la mission de détruire ce que Bossuet appelle les fausses religions. C’est ce qui explique la révocation de l’Edit de Nantes (qui octroyait certaines libertés au culte protestant) avec l’Edit de Fontainebleau en 1685.

« Aussi tout le monde est-il d’accord que l’obéissance qui est due à la puissance publique, ne se

trouve dans le décalogue, que dans le précepte qui oblige à honorer ses parents. Il paraît par tout cela que le nom de roi est un nom de père et que la bonté est le caractère le plus naturel des rois. ». L’autorité royale est paternelle, le Roi doit agir en « bonus pater familia », c'est-à-dire en bon père de famille. Il doit se préoccuper des plus faibles. Par exemple il ne doit pas demander des impôts trop forts à son peuple (à l’époque les nobles ne payaient pas l’impôt, ils le payaient en quelque sorte par leurs actions militaires et le clergé par leurs prières.). Le Roi est le père de ses sujets, il doit faire preuve de clémence, de douceur et de bonté. Pour Bossuet c’est une autorité normale, naturelle qui ressemble à l’autorité du père sur la famille et ses enfants. Le Roi c’est le père de ses sujets, il doit être bienveillant avec eux. Le père exerce une autorité complète et entière sur ses enfants, donc un Roi bienveillant mais qui exerce l’autorité également.

« Leur puissance venant d’en haut (…) ils ne doivent pas croire qu’ils en soient les maîtres pour en

user à leur gré ; mais ils doivent s’en servir avec crainte et retenue » / « Ce n’est pas leur puissance, mais la puissance de Dieu, dont il faut user saintement et religieusement ». L’autorité royale est raisonnable, c'est à dire qu’on a un Roi qui ne doit pas faire n’importe quoi. Il doit rester maître de ses passions et gouverner avec Raison. La fameuse ‘’ratio’’ qui, durant le 18e siècle, va devenir fondamentale avec les Lumières. Il est Roi absolu de droit divin mais c’est Dieu qui lui donne la sagesse et la raison. Ça n’empêche pas le Roi de découvrir la raison par lui même en étudiant le droit et les Hommes. Le Roi doit avoir un comportement raisonnable et exemplaire.

L’autorité royale est absolue, l’autorité royale est indépendante, il y a donc exclusion de

toute forme de gouvernement mixte. L’autorité royale est légale, c’est à dire qu’elle est déterminée et fondée par des lois. On a

les lois ordinaires, celles du Roi et les lois fondamentales qui guident l’action du monarque.

Bossuet théorise la monarchie de droit divin. Pour cela il ressort cinq caractéristiques inhérentes à l’autorité royale divine, ces dernières précisent et clarifient le statut

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