Peut-on se passer du travail ?
Dissertation : Peut-on se passer du travail ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nicolas-goig • 17 Novembre 2019 • Dissertation • 1 456 Mots (6 Pages) • 20 410 Vues
L’être humain peut-il se passer du travail ?
Selon l’opinion commune, l’être humain de peut pas se passer du travail car il est une activité indispensable pour subvenir à ses besoins dès lors que la nature ne fournit pas immédiatement à l’homme de quoi les satisfaire. Contrairement aux animaux, il doit se confectionner des vêtements pour se protéger du froid, se fabriquer des armes pour chasser, des outils pour cultiver la terre… tout se passe comme si la nature avait condamné l’homme aux labeurs du travail. Cette idée est d’ailleurs confirmée par l’étymologie du mot travail (tripalium = instrument de tortue) ou part le récit de la Genèse où Adam reçoit de Dieu la punition de labeur agricole.
Cependant, est-ce que cette première réponse est évidente ? Le travail n’est-il pas l’activité à travers laquelle l’individu s’insère dans toute la société et s’approprie toute la richesse d’une culture, un ensemble de savoirs, de techniques et de coutumes. Le travail est l’activité à travers laquelle l’homme développe ses facultés et se réalise lui-même.
Dès lors, la question posée nous confronte à un problème : d’un côté le travail apparaît comme un labeur, une torture mais dont il est impossible de se passer. De l’autre, le travail apparaît comme l’activité qui permet à l’homme de s’accomplir lui-même, mais on ne comprend pas pourquoi le temps du loisir est souvent préféré au temps du travail. Pourquoi le travail est souvent vécu comme une pénibilité ? telle est le paradoxe qu’il faudra essayer de résoudre.
I/ La division sociale du travail
Vouloir se passer du travail est une illusion car il faut concevoir le travail à partir d’un schéma beaucoup plus complexe que comme un simple moyen de satisfaire ses besoins. En effet, aucun individu ne peut produire ce dont il a besoin. Satisfaire ses besoins nécessite donc la division sociale des tâches. Le travail doit donc être pensé à partir d’une interdépendance généralisée où chacun a besoin des autres pour satisfaire ses besoins. Au sein de cette interdépendance sociale, chacun travail en vue de la satisfaction des besoins des autres hommes. On trouve en vue de l’échange des produits. Ainsi, Adam Smith dans « La richesse des nations » soutient que l’homme ne peut pas se passer du travail parce qu’il utilise le moindre objet manufacturé, c’est utiliser l’effort du travailleur et même d’un nombre infini de travailleurs. Par conséquent, la division sociale du travail est l’essence même du travail humain. Avec cette division du travail se met en place toute une organisation faite de connaissances, d’usages, d’habitudes qui détermine toute une société, plus la culture. Cette organisation sociale aucun homme ne peut avoir l’intelligence, savoir comment elle fonctionne dans ses moindres marges. Cette organisation est faite d’une main invisible.
Ainsi, peut-on dire que c’est la société qui condamne l’homme à travailler ? Non, répond Adam Smith puisque cette organisation selon la division du travail produit l’intérêt général sans que cet intérêt ne soit prévu ou conçu d’avance dans les moyens pour le réaliser. « Chacun ne cherchant dans le travail que son intérêt égoïste se produit comme par l’effet d’une main invisible l’intérêt général ». Cela consiste non seulement dans la production maximale de richesse mais aussi d’une manière de rendre les travailleurs plus intelligents. Grâce à la division du travail, l’ouvrier lui-même entre dans l’abstraction et l’intelligence mécanique : sa tâche étant simplifiée, il s’aperçoit comment il pourrait être remplacé par une machine. Grâce à elle, l’humain se libère du caractère physiquement laborieux, pénible du travail.
Il apparait donc que le travail ne peut pas être pensé indépendamment d’une structure sociale ou indépendamment d’une valeur que lui donne la culture. Mais ne peut-on pas se demander alors si le caractère pénible du travail n’est pas lié à une certaine organisation économique qui est contingente et qu’il convient peut-être de critiquer.
II/ L’aliénation au travail
Dans cette deuxième partie, on se propose de montrer qu’il serait légitime de se passer du travail dans la mesure où notre conception du travail est entièrement conditionnée par la structure économique actuellement existante en l’occurrence de capitalisme. C’est ce qu’affirme Karl Marx au milieu du XIXe siècle : le capitalisme engendre l’aliénation du travailleur. L’aliénation renvoie donc à une dissociation entre la représentation que l’on se fait du travail et ce qu’on vit réellement en travaillant. Le discours d’Adam Smith « Le discours de l’économie politique » qui valorise le travail pour l’ensemble de la société est révélateur de l’aliénation vécu par le travailleur. Parce qu’il est malheureux dans son travail, il nie sa condition. Marx affirme que pour avoir une liberté (d’après la définition de la liberté selon Hegel), il faut un processus de reconnaissance qui ne peut pas s’effectuer à cause du capitalisme à cause de l’aliénation. Il y a la une dissociation entre la conscience représentative et la conscience vécue, une dissociation entre le travailleur et la valeur de son travail (le capitalisme a pour but de faire des profits, ce qui se produit grâce à une plus-value. Celle-ci est réalisée par le travailleur. Cependant, le travailleur ne possèdera pas toute la valeur de son travail car le capitalisme lui prend une partie pour alimenter son capital). Il y a aussi la dissociation entre la classe ouvrière et la classe bourgeoise : il devrait s’y effectuer une lutte pour la reconnaissance mais elle ne se fait pas à cause de l’aliénation qui touche aussi la classe bourgeoise. Enfin, il existe une dissociation entre la valeur d’usage et la valeur d’échange : lorsqu’un travailleur produit une marchandise, il n’en connait pas la valeur. Par ailleurs, il peut y avoir une opposition entre la force de travail utilisée et la valeur d’échange qui peut être faible mais utile (agriculture) ou une valeur d’échange très élevé et une utilité très faible (diamant).
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