L'avenir du travail
Thèse : L'avenir du travail. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bruno Bourdon • 16 Mai 2019 • Thèse • 992 Mots (4 Pages) • 692 Vues
Nous n'en avons pas fini avec le travail et nous ne sommes pas prêts y renoncer. Si la dernière présidentielle a (re-)mis sur le devant de la scène le débat sur le revenu universel, le très faible score du candidat socialiste qui portait cette mesure, résume à lui seul l’attachement des Français à la valeur travail. Autrement dit, nous ne sommes pas prêts à renoncer à ce que le travail représente comme levier de socialisation, voire d’émancipation ni encore, et peut-être même surtout, au vecteur d’identité qu’il constitue. En effet, dans une société marquée par toutes sortes de désaffiliations (politiques, religieuses, idéologiques…), nous nous définissons aujourd’hui et avant tout par la place que nous occupons dans l’espace social, autrement dit par notre identité professionnelle.
Pour autant, le travail va devenir une ressource rare et c'est cette tension très intéressante entre attachement et rareté qui permet d'imaginer les nouvelles configurations qu'il prendra à l’échelle de tout un chacun et donc à hauteur d’homme :
La première de ces configurations est la fragmentation :
Le travail sera demain de plus en plus fragmenté parce que diffus, disséminé ici et là notamment en dehors de l’entreprise et ce, à mesure que va se généraliser un modèle d’indépendants connectés. D’après une étude récente, plus de 50% de la population active aux Etats-Unis travaillera en freelance en 2027[1] et 53% des jeunes de la génération Z en France préféreraient être leur propre patron à être salarié[2]. On a vu venir l’entreprise sans usine, on verra demain l’entreprise sans travail ou plus exactement l’évolution vers un modèle organisationnel où l’entreprise n’aura plus véritablement de salariés, mais un large réseau de collaborateurs et partenaires dont les chauffeurs Uber sont la face aujourd’hui la plus visible et la plus décriée.
Fragmenté aussi parce qu’il se vivra demain dans une série de ruptures et de discontinuités dont témoignent déjà aujourd’hui les fameux « slasheurs » dont l’INSEE estime qu’ils étaient déjà 2,3 millions en 2016[3]. La meilleure expression du slashing est celle que donne le célèbre gourou du marketing, Seth Godin : « Mon grand-père a fait le même travail toute sa vie, mon père a eu sept emplois différents tout au long de sa carrière, et moi, j’ai sept emplois en même temps ». Cette tendance est à la fois une conséquence de la précarisation croissante des jeunes générations, mais elle répond également à une aspiration très forte de liberté, d’indépendance et de souci de donner du sens à sa vie.
Fragmenté enfin, par le fait que le travail s’organisera demain autour de la prévalence de micro-tâches allant de quelques secondes à quelques minutes et correspondant au très faible temps de concentration dont sont capables les natifs du digital. L’économie de l’attention fait aujourd’hui l’objet de nombreuses recherches dont celles de Katherine Hayles, professeur à l’université de Duke ou de Bernard Stiegler en France. Les chercheurs opposent la deep attention[4] à l’hyper attention qui « est caractérisée par les oscillations rapides entre différentes tâches, entre des flux d’informations multiples, recherchant un niveau élevé de stimulation,
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