La poésie a-t-elle pour fonction d'embellir la réalité ?
Dissertation : La poésie a-t-elle pour fonction d'embellir la réalité ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar naifos_2003 • 29 Janvier 2021 • Dissertation • 822 Mots (4 Pages) • 2 701 Vues
ans un projet abandonné d'épilogue pour Les Fleurs du Mal,
Baudelaire écrit: «J'ai de chaque chose extrait la quintessence
Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or. » Le poète serait
ce « parfait chimiste >> capable de transformer la boue, la banalité
ou l'horreur de la réalité en beauté, et de la rendre plus
précieuse et supportable. Mais la poésie a-t-elle pour fonction
de transfigurer ce que le réel présente de laid ou d'insignifiant ?
Si elle permet d'abord d'embellir les éléments affreux ou banals
de l'existence, elle permet aussi de montrer avec une grande
intensité son horreur. Enfin, plutôt qu'un embellissement de la
réalité, elle change notre regard et redéfinit la beauté.
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De nombreux poèmes de Baudelaire transfigurent la laideur
et banalité du réel.
Certains poèmes évoquent la « quintessence » du monde,
et se concentrent sur ses éléments les plus beaux. Dans
« Élévation », Baudelaire dit à son esprit : « Envole-toi bien loin
de ces miasmes morbides/Va te purifier dans l'air supérieur >>
Grâce au poème, il oublie « les ennuis et les vastes chagrins »,
et voit seulement ce que le monde a de plus beau, « les espaces
limpides », « les champs lumineux et sereins ». D'ailleurs,
cette expression présente à la fois une métaphore, « champs »,
et une personnification, « sereins », et transforme le ciel en reflet
de la terre, lieu apaisé où vivre loin du quotidien.
La poésie permet également de transformer une expérience
prosaïque en expérience poétique. Dans « Ma Bohème »,
Rimbaud évoque l'une de ses fugues, et le moment où
il se retrouve, seul, la nuit, dans la campagne des Ardennes. Cela
pourrait sembler effrayant ou banal, mais il se présente comme
un « Petit-Poucet rêveur ». La nuit devient une « auberge « à la
Grande-Ourse » et est pleine « d'ombres fantastiques ». Voir le
ciel devient une expérience sensuelle et magique : « Mes étoiles
au ciel avaient un doux frou-frou ».
Ainsi, la poésie embellit le monde et le transfigure
en expérience éblouissante. Mais le risque ne serait-il pas de faire
de la poésie une langue belle, précieuse mais trompeuse ?
Au contraire, le travail sur la langue permet au poete
de montrer plutot qu'un or trompeur, toute la réalité
de la boue » du monde.
Gráce à la poésie, les poetes peuvent montrer avec
une grande acuité l'horreur de leur existence. C'est d'ailleurs
ce que reproche Gustave Bourdin a Baudelaire dans sa chronique
Ceci et cela dans Le Figaro du 5 juillet 1857: « c'est, la plupart
du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes
mots, des mêmes pensées. - L'odieux y coudoie l'ignoble;
- le repoussant s'y allie
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