Peut-on rire de tout ?

Peut-on rire de tout ?

Introduction :

« Il est une passion qui n’a pas de nom, mais dont le signe est cette distorsion du visage que nous appelons rire… Mais à quoi nous pensons et de quoi nous triomphons quand nous rions n’a encore été déclaré par aucun philosophe. » Cette citation de Hobbes, extraite de The Elements of Law, traduit une volonté de faire du rire un sujet d’étude de grande importance pour les philosophes. Néanmoins, cette affirmation est à nuancer car, dès la Grèce antique, Aristote s’intéressa à cette caractéristique. Le rire est alors une manifestation d’un état de joie, de gaité. Même s’il est évident qu’on à la possibilité de rire de tout, la réponse parait plus complexe d’un point de vue morale. A-t-on le droit de rire de tout ? Nous verrons dans un premier temps que le rire est un bienfait pour l’homme alors pourquoi s ’en priver, puis dans un deuxième temps nous constaterons que le rire peut être néfaste voire immorale. Pour finir nous verrons qu’on peut rire de tout mais pas avec tout le monde.

I. On a le droit de rire de tout

Le rire enclenche un phénomène de perte d’équilibre, une perte de contrôle de son sérieux. Ce phénomène est inné chez l’homme. Ainsi, cette légèreté de situation va amener à un partage du moment avec d’autres personnes, car comme on le dit souvent le rire est communicatif. Alain disait même dans Idées et des Ages que « le rire secoue tout le corps … le rire est par essence un abandon de gouvernement ». On retrouve cela dans nos expressions courantes associées au rire lorsqu’on « éclate de rire » ou « se tord de rire ».

D’autre part, le rire a un bienfait pour la santé aussi bien mentale que physique puisqu’il amène à un lâcher-prise. En effet le rire permet de diminuer le stress, d’éloigner la dépression. De plus, il permet une meilleure oxygénation de l’organisme et une stimulation cardiaque. Le psychiatre Lacan a même créé un jeu de mot en parlant de « gué-rire ». Ainsi censure le rire reviendrait à censurer la joie de vivre qui est saine pour notre corps.

Pour finir, le rire permet une critique des défauts humains, comme on le retrouve au théâtre. En effet, on retrouve une critique des mœurs dans la comédie de Molière qui met en scènes les différents vices et travers de la société dans l’Avare ou encore Le Médecin malgré lui. La devise de Molière était même « Castigat ridendo mores » qui signifie « châtier les mœurs en riant ». Le rire permet donc ici d’exercer une critique saine sur les institutions de l’époque, dans ce sens il faut laisser une liberté au rire.

Cependant le rire n’est pas toujours vu comme un bienfait surtout quand la dimension de méchanceté entre en jeu. Ce rire, qui peut être dans ce cas immorale est alors à limiter. C’est ainsi la position de Spinoza dans son Ethique « Entre la moquerie et le rire, je fais une grande différence. car le rire, comme aussi la plaisanterie est une pure joie, et par conséquent pourvu qu’il ne soit pas excessif, il est bon par lui-même. Et ce n’est certes qu’une sauvage et triste superstition qui interdit de prendre du plaisir. Car en quoi conviendrait-il mieux d’apaiser la faim et la soif que de chasser la mélancolie ». En effet, les critiques à propos du rire reposent sur le fait qu’il existe une profonde confusion entre l’humour et la moquerie.

II. Le rire peut être immoral

Le rire est condamnable lorsqu’il permet aux individus de se défouler, de se sentir supérieur. C’est notamment le cas quand on rit du malheur des autres. C’est la position d’Hobbes qui disait que « la passion du rire n’est rien d’autre qu’une gloire soudaine, et dans ce sentiment de gloire, il est toujours

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