Peut-on rire de tout ?
Analyse sectorielle : Peut-on rire de tout ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 2829LB • 27 Avril 2020 • Analyse sectorielle • 1 492 Mots (6 Pages) • 764 Vues
Ecriture personnelle.
- Analyse du sujet.
Selon vous, peut-on rire de tout ?
La question est simple et suggère la reformulation suivante : tous les sujets se prêtent-ils au rire même les plus interdits ?
D’instinct, on serait tenté de dire que tout dépend des circonstances et qu’on ne peut pas rire de tout avec n’importe qui (Desproges), car le rire touche aux émotions, à la sensibilité et chacun sait qu’elle varie suivant les individus. Sauf qu’il est sain de rire de tout au risque parfois de dépasser certaines limites, car le rire permet de dédramatiser, de relativiser, de se remettre en question. Le rire est un moyen de défense.
A noter aussi que le sujet offre une possibilité et non pas une obligation. « On peut rire de tout » n’est pas « on doit rire de tout », ce qui suppose qu’on convient déjà que certains sujets ne sont pas forcément risibles.
Il paraît alors très difficile de nier l’évidence : on peut sans aucun doute rire tout, parce que le rire participe à l’équilibre humain et lui permet de se défendre contre l’adversité du monde.
Le rire est donc ambivalent mais nécessaire.
- Rédaction de l’écriture personnelle.
Beaumarchais « se pressait de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ». Ainsi, le rire serait un moyen de lutter contre une situation pathétique. Pour autant, peut-on rire de tout ? En d’autres termes, il s’agit de déterminer si tous les sujets, même les plus interdits, se prêtent au rire en toutes circonstances. Pour en débattre, il paraît utile de comprendre l’ambivalence du rire pour mieux en démontrer la nécessaire liberté.
Le rire a, comme toute émotion humaine, ses bienfaits et ses travers. Si son but primaire est de détendre le corps et l’esprit, il le fait toujours aux dépends d’autrui, d’un objet ou d’une situation. Telle est la tragédie de Charles Bovary, dont l’intégration scolaire mise en scène par Flaubert n’a pas été pas une réussite. Timide de nature, ce garçon maladroit a été la cible systématique de ses petits camarades, cautionnés en cela par un professeur peu ému par le calvaire du nouvel arrivant. Il apparaît, donc, clairement que le rire ne permet pas d’intégrer, mais d’exclure, de mettre à l’écart celui qui est différent.
C’est pourquoi, le rire est considéré comme diabolique, car il permet à l’homme d’assouvir ses plus bas instincts par un plaisir démesuré. Au Moyen-âge, il était particulièrement condamné, car il était contraire aux principes religieux de tolérance, d’humilité et de respect conduisant même l’homme au meurtre comme le romance Umberto Eco dans le Nom de la Rose.
Pour autant, le rire éduque l’homme : la moquerie est une manière de le mettre en face de ses propres contradictions, de le pousser à se remettre en question et à relativiser certaines situations en le contraignant à l’autodérision. Du « Dîner de cons » aux « American Pie », les films comiques usent de cette philosophie du rire pour éveiller les consciences et montrer les imperfections humaines qui ont également pour but d’enseigner l’humilité à l’homme en soulignant parfois grossièrement la bêtise humaine.
Ceci démontre que le rire est ambivalent par nature, car « profondément humain », selon Aristote. Toutefois, il reste souvent décrié en raison de son insolence et de sa propension à bousculer le politiquement correct. Car ce qui importe le plus, ce n’est pas toujours le but du rire, mais sa cible. Qu’il se moque ou qu’il dénonce, le rire s’attaque parfois à des sujets qui ne sont pas toujours risibles à en croire la pensée commune. Si peu de personnes rient de bon cœur à l’écoute de blagues sur les pédophiles en général, celles, qui touchent les prêtres à la sexualité débordante, sont désopilantes. Le rire se doit, alors, de tenir compte du public à qui il s’adresse et du contexte dans lequel il s’inscrit. Ce constat fera d’ailleurs dire à Desproges « qu’on peut rire de tout mais pas avec tout le monde ». L’humoriste révèle, ainsi, que tous les sujets ne se prêtent pas au rire au regard des circonstances.
Pourtant et en dépit de ce que pensent les bonnes mœurs, les sujets les plus interdits sont tournés en dérision par les cibles elles-mêmes, c'est-à-dire par tout individu sortant du moule standard formaté par la société. En ce sens, les handicapés se moquent souvent d’eux-mêmes tout comme les personnes en guerre avec leur poids rient de leur gourmandise maladive. Bien qu’il soit de mauvais goût de ridiculiser certaines maladies surtout lorsqu’elles touchent les enfants, force est de constater que les malades ont plus d’humour et de recul que tous les sains de corps et d’esprit réunis. Ceci démontre que le rire fait peur et que l’homme confond sensibilité et sensiblerie. Ne pas rire de situations tragiques est un moyen pour l’homme non pas de conserver leur sérieux mais de se dédouaner, de se déresponsabiliser.
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