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L'objectivité des croyances morales, exemple de travail personnel

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Par   •  19 Mai 2019  •  Dissertation  •  11 529 Mots (47 Pages)  •  942 Vues

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Travail personnel :

Quelle part d’objectivité existe-t-il dans nos croyances morales ?

Supervisé par Matthias Michel.


Introduction

        Si l'on se fie à une définition intuitive de l'objectivité d'un domaine de connaissance, la questionner semble être une démarche assez étonnante. Si tant est que l'on puisse observer les phénomènes d'un domaine d'étude, il est évident qu'il peut être pris pour sujet de connaissance objective (en supposant bien sur que l'univers est connaissable). Ce qui devrait alors être questionner, c'est l'objectivité des théories formulées au sujet de ce domaine d'étude, pas l'objectivité du domaine d'étude: ou il peut être observé et donc peut devenir objet de connaissance, ou cela n'est pas le cas et nous ne pouvons qu'émettre des hypothèses à son sujet. Mais lorsque nous posons comme domaine d'étude nos croyances morales, la question devient plus ambiguë. Car elles peuvent être comprises à la fois comme objets de connaissance et théories sur un autre domaine de connaissance potentiel: la morale.

        En effet, d'un coté, la croyance morale peut être observée phénoménologiquement dans tout être humain. Il s'agit d'un état de l'esprit dont on peut rendre compte intuitivement et à travers une description des mécanismes qui lui sont sous-jacents; théories que l'on formulerait alors dans le domaine des neurosciences (puisque l'on suppose que les états d'esprits sont causés par un certain agencement de neurones dans le cerveau).

        Mais d'un autre coté, la tradition philosophique nous invite à penser non pas la croyance morale comme un phénomène objectif, mais comme une sorte de théorie intuitive d'un phénomène métaphysique que l'on appellerait "la morale". Nos croyances morales seraient des suppositions sur nos devoirs faites à partir de notre connaissance sur la morale. Cette idée a cela de problématique que la morale n'est pas un phénomène observable, et l'on serait vite tenter de la considérer comme une chimère, un "noumène" selon la formulation de Kant  (Critique de la Raison pure, Analytique des principes, Chapitre III), un phénomène qui ne possède pas les caractéristiques d'un objet connaissable. Toutefois, ce même auteur donne également la raison pour laquelle il est impossible de considérer la morale comme telle: d'un point de vue pratique, cela est très difficile à admettre. Car si l'on réduit l'idée de la morale à la croyance morale, on la rend entièrement subjective.

 Or la morale vise l'universel, elle serait donc dénuée de sens si elle était entièrement subjective.

Pour expliquer cela sans supposer l'existence d'une entité métaphysique, il est alors nécessaire de considérer la morale comme un phénomène émergent de nos croyances morales. En supposant que tout humain (à l'exception des sociopathes ) possède un fonctionnement similaire quant à sa façon d'appréhender la morale, il pourrait alors se créer une vision du devoir tendant à être similaire en tout humain: la morale. Vient alors se poser devant nous la question des divergences morales.

         A cela, en philosophie, une réponse majoritaire est donnée : en considérant qu'il existe une ou plusieurs croyance morales universelles et fondatrices, et que tout le reste de nos croyances morales en est dérivé. La plupart de nos croyances morales ne seraient pas des croyances morales considérées comme vraies a priori, mais des conclusions que l'on tirerait d'un ou de plusieurs axiomes moraux que tous considéreraient vrais. Les divergences d'opinions morales viendraient du fait que l'on a mal mené la recherche, et que la morale ayant une utilité pratique, elle ne peut être longuement réfléchie devant chaque décision qui s'offre à nous. Les erreurs seraient donc le résultat de compressions de principes moraux dans le système 1 de prise de décision, utiles d'une manière générale, mais pouvant s'avérer problématiques dans le cas où une subtilité aurait échappé à notre raisonnement, créant ainsi des dilemmes et des divergences d'opinion.

         Il s'agira d’étudier cette théorie et de la critiquer pour pouvoir esquisser une réponse à cette question: en considérant nos croyances morales comme des théories sur la morale, quelle en est la part d'objectivité?

        Tout d'abord, nous étudierons l'émergence de la morale dans la cognition humaine, de façon à pouvoir prouver l'idée que le système à l'origine de nos croyances morales est bel et bien le même pour tout humain, puisque inscrit biologiquement dans son évolution. Prouvant ainsi la similitude de nos systèmes cognitifs moraux, nous nous questionnerons sur la forme que peut prendre un système moral objectif à partir des facteurs qui ont fait émerger notre cognition morale. A partir de nos conclusions, nous étudierons une tentative d'explication de nos croyances, pour en étudier les forces et les limites. Concluant que le système moral objectif est d'une complexité non réductible à un ensemble d'axiomes simples, mais que certaines théories semblent très bien fonctionner pour expliquer certains résultats, nous supposerons qu'il existe bel et bien un système moral objectif, et que pour en trouver la nature, des années de recherche nous attendent. Cependant, il est inconvenant en toute situation de ne pouvoir être sur de la véracité de ses principes moraux, et nous devons trouver un moyen de contourner l'absence de connaissances complètes et assurées sur le fonctionnement de la morale, en trouvant un système capable de produire une théorie probablement vraie à partir d’un grand nombre de théories fausses. Pour cela, nous supposerons qu'un programme capable de deviner avec exactitude l'approbation d'un individu à une action ayant des conséquences morales, en fonction de ses informations sur le fonctionnement du monde, décrirai précisemment la façon dont fonctionne la morale. Pour savoir comment fonctionnerai un tel programme, nous étudierons deux méthodes de deep learning en intelligence artificielle: l'apprentissage supervisé et les forêts d’arbres de décisions. En mettant ce programme en parallèle avec des méthodes que peuvent utiliser les humains pour évaluer l'objectivité de leurs croyances morales, à savoir le débat et la délibération, et en observant que cela nécessite que nos croyances morales ne soient pas objectivement bonnes à l’origine, mais également qu’elles n’aient pas besoin de l’être, nous serons amené à nuancer notre problématique initiale pour l’orienter vers cette question : quels sont les critères objectifs qui définissent une bonne croyance morale? Suite à cela, nous développerons les limites de notre raisonnement, et étudierons des pistes que peuvent nous donner ce travail sur d'autres domaines de réflexion.

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