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Analyse de poèmes sur la Mort

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Par   •  31 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  6 113 Mots (25 Pages)  •  3 683 Vues

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Titre : Je n’ai plus que les os

Auteur : Pierre de Ronsard (1524-1585)

1    Je n’ai plus que les os, un squelette, je semble,                A

      Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé,                        B

      Que le trait de la mort sans pardon a frappé                B

      Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.        A

5    Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble,         A

      Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé,        B

      Adieu, plaisant Soleil, mon œil est étoupé,                B

      Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.        A

      Quel ami me voyant en ce point dépouillé,                C

10  Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,                C

      Me consolant au lit et me baisant la face,                D

      En essuyant mes yeux par la mort endormis ?                E

      Adieu, chers compagnons, adieu, chers amis,                E

14  Je m’en vais le premier vous pparer la place.                D

Analyse de poèmes

Poème : Je n’ai plus que les os de Pierre de Ronsard

Dans ce sonnet tiré des « Derniers vers » - recueil écrit quelques semaines avant sa mort, Ronsard évoque, avec une certaine angoisse, l’approche imminente de la fin de sa vie.

Ce poème d’adieu donne une représentation à la fois réaliste et baroque de la mort. Le poète se met lui-même face à la mort. Il passe progressivement de l’angoisse à l’acceptation.

Pour ce poème, nous avons décidé de le séparer en trois grandes parties : un poème d’adieu, une représentation à la fois réaliste et baroque de la mort, et pour finir, le passage de l’angoisse à l’acceptation.

Mais, avant tout, analysons la forme du poème.

Ce sonnet est composé de deux quatrains et de deux tercets. Les deux quatrains de rimes embrassées ABBA finissent avec les mêmes rimes, ce qui donnent ABBA et ABBA. Les vers sont toujours en alexandrins. Les rimes A sont toujours riches, par contre les rimes B sont pauvres.

Dans les deux tercets, les rimes C sont très riches, les rimes D sont suffisantes et les rimes E pauvres. Cette variation peut indiquer son changement de point de vue.

Maintenant,  procédons à l’analyse du poème ;

  • Un poème d’adieu

Dans ce poème ‘ Je n’ai plus que les os ‘, Ronsard se met lui-même en scène sur son lit de mort  « Me consolant au lit et me baisant  la face » (vers11).

Il insiste sur le caractère tragique, sur le fait qu’on ne peut rien faire pour empêcher/échapper à sa mort (vers 14).

La fatalité de la mort est mise en évidence, surtout grâce à une structure de phrases très négatives qui soulignent l’impuissance du poète face à son destin « Je n’ai plus que les os » (vers 1), « Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble » (vers 4), « ne me sauraient guérir » (vers 6). Les infinitifs et les participes passés « décharné, dénervé, démusclé, dépulpé » (vers 2), « ne me sauraient guérir » (vers 6), « … dépouillé » (vers 9), « …  triste et mouillé » (vers 10) montrent la passivité du poète face à son sort car il est impuissant et incapable de le changer.

Même des médecins divins « Apollon et son fils.. » (vers 5) (ndlr : Apollon est le Dieu de la médecine dans la mythologie antique) ne sont pas capables de le soigner «  ne me sauraient guérir … m’a trompé » (vers 6). Ceci suscite la pitié du lecteur, ce qui renforce cette idée, ce sentiment du caractère tragique.

Le terme « Adieu, .. » (vers 13) est utilisé par le poète pour dire au revoir au monde matériel, dont ses fidèles amis. Cette mort lui permet de mieux apprécier et admirer le monde.

  • Représentation réaliste et baroque de la mort

Influencé par la découverte du corps et de l’anatomie pendant la Renaissance, Ronsard met en évidence un champ lexical du corps « les os », « squelette » (vers 1) « mes bras » (vers 4), « œil » (vers 7), « la face » et mes « yeux » (vers 11). Il montre une décomposition progressive du corps qui aide à avoir une vision réaliste et matérielle de la mort. Amplifié par l’utilisation de vocabulaire médical précis. « Décharné … dépulpé » (vers 2), « étoupé » (vers 7). Pour lui, le corps n’est que du matériel sans âme. La mort est très matérialiste. Les quatrains insistent beaucoup dessus, car même les émotions s’expriment à travers le corps « que de peur je ne tremble » (vers 4).

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