À quoi sert la mémoire ?
Dissertation : À quoi sert la mémoire ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar maymir • 20 Avril 2021 • Dissertation • 2 865 Mots (12 Pages) • 654 Vues
Dissertation – À quoi sert la mémoire ?
« Hier est derrière, demain est un mystère, mais aujourd’hui est un cadeau : c’est pour cela
qu’on l’appelle le présent », énonce un célèbre proverbe chinois. L’existence humaine est ainsi :
toujours contrastée entre le souvenir de ce qui fut et l’attente de ce qui sera ; portant bien trop peu
d’égards à ce qui est. Demain est bel et bien un mystère, que nous pouvons toujours essayer de
prévoir, mais avec bien peu de chances de succès. Aujourd’hui, tout cadeau qu’il soit, est dur à
apprécier et nombreux sont ceux qui n’y parviennent pas… souvent retenus par la souvenir d’hier.
Hier est derrière, mais comment le négliger alors que notre mémoire nous y ramène constamment ?
Telle est la définition de « mémoire » : une faculté de conserver et de rappeler des choses passées et
ce qui s'y trouve associé ; l'esprit, en tant qu'il garde le souvenir du passé. C’est donc notre mémoire
qui, à chaque instant, nous ramène à ce qui a été ; c’est à cela qu’elle « sert », et c’est là que réside
sa fonction. Cependant, nous pouvons nous interroger sur un terme qui dérive de cette constatation :
en quoi la mémoire nous est-elle utile ? C’est-à-dire, en quoi a-t-elle un intérêt pour nous ? L’utilité
se définit en effet par l’intérêt apporté, qui tend toujours à la même chose, le but ultime auquel
visent toutes les choses de la vie : le bonheur. La mémoire ne fait que nous ramener à un passé qui
« est derrière », n’existe plus – que ce soit un passé personnel ou collectif. Nous pourrions aller
jusqu’à dire qu’elle nous empêche parfois de vivre le présent comme nous le devrions. Ne serionsnous pas plus paisibles et heureux si elle n’existait pas ? Ne nous empêche-t-elle pas d’accéder à ce
bonheur ? Il paraît cependant difficile de soutenir un tel avis étant donné la place accordée à la
mémoire et au souvenir dans nos sociétés. Des heures et des heures d’enseignement sont consacrées
à l’Histoire durant toute l’éducation scolaire, les plaques mémorielles sont à chaque coin de rue, des
statues sont érigées en l’honneur de nos ancêtres célèbres. La mémoire est honorée, et tout est fait
pour que le passé ne soit pas oublié, qu’il soit source de fierté ou de leçons. Pourquoi tant
d’importance serait-elle accordée à la mémoire et au passé, si ils nous empêchaient réellement
d’être heureux ?
Nous pouvons résumer ces questionnements par la problématique suivante : comment soutenir que
le souvenir du passé est inutile, alors qu’il façonne notre société et nos vies collectives ? Nous
répondrons à la question en trois parties. Nous commencerons par examiner la thèse que la mémoire
ne fait que nous ramener à un passé qui n’est plus, mais qui continue pourtant à nous bloquer dans
notre évolution vers le futur que nous souhaitons. Ensuite, nous nous pencherons sur le concept de
mémoire collective et l’utilité du passé historique, nous permettant d’apprendre de nos erreurs pour
avancer vers un avenir meilleur. Enfin, nous nous demanderons si la mémoire ne peut pas
également être d’une utilité plus individuelle, afin de construire notre identité et de faire de nous qui
nous sommes.
La définition du terme « passé » est contenue dans le mot lui-même. Ce qui est passé n’est
plus, il a par définition disparu de nos vies. Quelqu’un a vécu, a existé, puis est mort : il appartient
au passé. Il n’existe plus alors qu’à un seul endroit : la mémoire des gens l’ayant connu et aimé, des
gens qui existent encore. Une légende mexicaine énonce que l’âme d’un défunt ne disparaît
réellement que lorsqu’il a été oublié par les vivants ; la mort n’occurre que lorsque le souvenir
meurt aussi. La mémoire est alors la seule chose nous ramenant à ce qui a été, mais n’est plus. Les
gens, les évènements… Dans Les confessions, Livre XI, St Augustin dit également que le passé
n’existe pas, sinon dans le souvenir. Mais ce souvenir, sert-il réellement à nos vies ? Bien trop
souvent, nous ne vivons qu’à travers des souvenirs. Nous serions probablement plus heureux, si ne
pesait pas sur nous le souvenir de tous les gens que nous aimions, mais qui ne sont plus. Bien dessouffrances nous seraient épargnées si la mémoire ne nous ramenait pas constamment à ce qui
n’existe qu’en son sein. Qui ne souhaiterait pas oublier le pire moment de sa vie ? Nous pourrions
en retour répondre que nous ne voudrions pas oublier, en revanche, le meilleur moment. Pourtant,
cela n’est pas évident. Peut-être serions-nous aussi plus heureux si nous ne faisions pas l’expérience
de la nostalgie. Rien n’est plus douloureux que de se dire « je ne serais plus jamais aussi heureux ».
La mémoire du passé, à un niveau individuel, ne fait que constamment nous ramener à un passé que
l’on regrette ou qui nous fait mal. Et bien souvent, elle nous empêche d’envisager l’avenir ou
d’aimer le présent.
D’un point de vue moins personnel et plus sociologique, la nostalgie que nous
expérimentons
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