Le désir
Fiche : Le désir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Loic Fournier • 14 Avril 2019 • Fiche • 2 371 Mots (10 Pages) • 550 Vues
Le désir
Leibniz dans les Nouveaux Essais sur l’entendement Humain qualifie la nature humaine à travers la notion de « Unruhe », terme allemand pour désigner l’inquiétude , l’agitation qui nous atteint en permanence. Et de comparer l’homme au balancier d’une horloge allant sans cesse d’un côté et de l’autre.
Le désir se caractérise comme cet état de tension entre l’absence de satisfaction et la promesse d’une satisfaction future, le désir menace notre identité, notre stabilité mais en même temps constitue la possibilité d’un perfectionnement. En effet une pierre ne désire pas, elle est tout ce qu’elle ne possède pas la fragilité d’un être vivant mais en même temps la pierre ne peut accroître sa puissance ou se développer.
Le désir est la tendance consciente (ou non) qui me pousse vers un objet (ou un état) et les moyens nécessaires à sa satisfaction.
Le désir constitue la recherche de ce que je ne possède pas ou plus, un plaisir ou un état qui ne m’appartiennent plus , c’est pour cette raison que le désir me met à distance de moi-même (dépossession de soi). D’ailleurs étymologiquement le désir vient de « desiderare », le regret ou la nostalgie de ce qui n’existe plus. A la différence du besoin le désir ne répond pas à une stricte nécessité vitale, le désir est donc une construction humaine et artificielle qui dépasse les simples exigences physiologiques. Ce qui pose la question de la maîtrise et de la régulation des désirs, à partir de quelle norme religieuse et morale déterminer la vie désirante ? Sachant que la tension et la douleur que peut constituer le désir perturbent notre jugement et est un obstacle à la connaissance. Doit-on nécessairement réprimer nos désirs ? Enfin le désir doit-il seulement être perçu de façon négative comme l’absence ou l’attente d’une satisfaction ou à l’inverse le désir peut-il être producteur de réalité ?
_ Comment faire le choix entre nos désirs ?
- La vie désirante est-elle nécessairement indigne ?
Le désir dans sa détermination immédiate se définit comme un état d’insatisfaction, comme la réplétion d’un vide, il peut donc contribuer à mettre en difficulté notre identité. Immédiatement le désir reçoit une qualification négative, relié à un processus dont l’individu est le produit et qui se fait sans le recours à la volonté. Cependant il serait hasardeux de réduire le désir à sa compréhension négative (un non être), associé à l’appétit et aux parties les plus irrationnelles qui coexistent en nous. En effet le désir est une réalité polymorphe, chez Platon chaque discours , chaque pensée cachent une certaine forme de désir. Il n’en reste pas moins que la première forme du désir est l’ « epithumia » (appétit). Dans le Philèbe, Platon définit l’appétit comme : « l’impulsion qui nous pousse vers le rassasiement, le remplissement ». Mais Platon de souligner qu’il n’y a jamais de désir du corps, c’est l’âme qui redouble la douleur du corps et se fixe sur un objet de désir. Elle a conscience d’un vide et des moyens nécessaires à la satisfaction. Exple ce n’est pas la boisson que désire l’alcoolique mais le « boire », c’est l’esprit qui décide de la soumission à l’ordre corporel et provoque la recherche indéfinie de la satisfaction. En outre cette première qualification du désir rend impossible toute relation au « logos » et à la raison , d’où la nécessité de domestiquer nos appétits ou désirs . La science médicale pour les grecs est aussi une science des désirs , qui concerne la réplétion et la vacuité ( Le Banquet 186 c). A travers le désir, c’est la partie irrationnelle de l’âme qui agit. ( tripartition de l’âme dans le Phèdre : - le nous , l’intellect , la réflexion- puis le tumos , le courage , la partie la plus noble ,-et en fin troisième partie : l’épithumia , la partie la plus noire et tyrannique .Le désir serait donc ignoble et indigne , rétif à toute mesure , à tout ordre, à l’image de celui qui ne cesse de remplir son tonneau percé.
Mais le désir se limite-t-il à cette définition restrictive et négative ? Doit-on conférer au désir une forme irrationnelle puisque le désir peut adopter de multiples formes ? Platon montre dans Le Banquet , dans la dialectique ascendante que le désir peut adopter de multiples formes et passer du désir des corps vers le désir des âmes , le désir de la science , puis le Beau et le Bien.
- Le désir doit-il être perçu à travers la seule logique du manque ?
L’association du désir au manque tient au fait que le désir jusqu’ici était perçu à travers à travers une progression indéfinie et permanente. Le manque traduit la négation de toute fixation, de toute crispation, paradoxe du désir qui peut générer de multiples illusions mais ne peut jamais se satisfaire des illusions qu’il engendre. Dans le Banquet la découverte des Formes Pures et de la Beauté en soi montre la possibilité d’un désir qui ne manquerait plus de rien. Car « enfanter » c’est donner naissance à quelque chose qui n’existait pas , le désir qui enfante ici devient le lieu de l’expression d’une surabondance.
Mais sans adopter la perspective de la contemplation platonicienne ne peut-on pas penser que le désir se désolidarise du manque, et que le choix raisonné des désirs doit se faire sur cette différence? En effet Epicure montre qu’il existe différents types de désirs et qu’il faut en dresser la liste pour parvenir à la maîtrise de soi. Mais où trouver la norme, le critère qui nous indique quoi faire de nos désirs? Quelle est la bonne règle de vie ? Epicure dans La Lettre à Ménécée montre que le critère que fournit la nature permet de redonner toute sa positivité au désir. En effet il y a d’abord les désirs naturels et nécessaires, pour la vie même , la faim et la soif, qui permettent aux déperditions de notre organisme d’être compensés. La perte de ces atomes entraîne une destruction de la nature en nous, ce qui signifie que le manque ne désigne pas un vide irrationnel provoqué par des besoins du corps mais tout ce qui peut entraîner la destruction de la nature en nous ( le désir se règle sur l’aiguillon de la sensibilité). Douleur liée à la faim et à la soif par exple compensées par le plaisir de manger et de boire qui traduit une restauration de la nature en nous. Le terme atteint sa limite (le manque disparaît lors de la satisfaction du désir, état d’équilibre du corps et de l’esprit).
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