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Le Bonheur selon Aristote

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Par   •  5 Mars 2017  •  Cours  •  4 348 Mots (18 Pages)  •  2 838 Vues

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        I) La recherche de la finalité: le Souverain Bien

            1) La finalité des choses

  Aristote commence par des considérations générales sur le bien => considéré comme la finalité du savoir/finalité de l'action/finalité des techniques. La finalité rentre en compte dans les choix délibéré. "Tout art (technè/τεχνη), toute investigation (methodos/μεθοδος), et pareillement toute action (praxis/πραξις) et tout choix (proairesis/προαιρεσις) tendent vers quelque bien, à ce qu'il semble. Aussi a-t-on déclaré avec raison que le Bien est ce à quoi toutes les choses tendent" (Livre I, chapitre 1)

  Toute fin est considérée comme un bien. L'objectif étant de savoir s'il y a une fin possible de l'activité humaine pouvant  être considérée comme bonne par elle-même.

  Les activités technique (technè) relève avant tout de la poiesis/ποιεσις ( = production) => art/artisanat. Pour ces activités techniques, la fin est extérieure à celui qui l'a produit.

  Dans la praxis cependant, la fin est intérieure à celui qui agit => elle vise des fins immanente (immanence/transcendance). Il fait donc une distinction des fins particulières (ex: santé = fin de la médecine...) et une fin ultime. Peut-on distinguer ce qui est utile à ce qui est bon?

  La fin ultime sera alors le Souverain Bien => le bonheur qui est une fin en soi.

            2) L'idée de bien

  Pour Platon, il existe une Idée du Bien séparée de notre réalité, de notre immanence. Parce qu'on ne peut pas penser les choses bonnes sans une idée préalable du Bien. Le Bien existe en soi, sinon l'action humaine n'aurait aucun sens.

  Aristote, de son côté considère qu'on ne peut pas penser cette Idée de Bien coupée de la réalité. "Cette Idée du Bien coupée de la réalité ne peut-être ni objet d'action, ni objet d'acquisition." Il refuse cette Idée du Bien qui n'aurait pas de contenu effectif. L'Idée du Bien platonicienne pour Aristote est une "coquille vide".

  Est-ce que le fait de connaitre le Bien en soi nous permet de mieux connaitre les biens pour nous? Il prend l'exemple de la médecine => la finalité de l'action du médecin n'est pas la Santé en soi mais la santé d'un individu particulier. "Il est manifeste que ce n'est pas de cette façon là que le médecin observe la Santé, mais c'est la santé de l'être humain qu'il observe ou plutôt la santé de tel homme déterminé car c'est l'individu qui fait l'objet de ses soins." (I,4) Par la suite, question de la santé => existe-t-il une Santé en soi -> Canguilhem: Le Normal et le Pathologique.

=> argument ontologique d'Aristote sur la nature du bien => la question du bien et du bonheur est à découvrir dans l'ordre de l'agir humain proprement dit, et non pas dans l'ordre des Idées. Le bien et le bonheur appartiennent plus au domaine de l'immanence qu'au domaine de la transcendance.

  Donc pour Aristote, le Bien en soi est une forme vide ou alors quelque chose d'irréalisable. Le bien doit être avant tout un bien pour nous, il s'agit alors de faire en sorte "que les biens au sens absolu soient aussi des biens pour eux et choisir les biens qui sont des biens pour eux." (I,5) Cette science pratique ne sert pas simplement à connaitre le Bien suprême, il a aussi pour but de le rendre effectif.

=> Par la suite, reproches aux philosophes par certains penseurs, de poser des concepts sans trop savoir quoi mettre dedans. "La liberté est un de ces détestables mots qui ont plus de valeurs que de sens, qui chantent plus qu'ils ne parlent, qui demandent plus qu'ils ne répondent" (Paul Valéry) => critique du vocabulaire philosophique qui porte plus sur des mots.

  L'objectif d'Aristote est de dégager de cette Idée de Bien, un sens précis. Distinction sens/valeur.

  Il va ensuite reprendre l'argument de l'expérience commune => le bonheur est la fin ultime que tous les êtres humains recherchent (I,3) => soit par rapport à ce qu'ils ont, soit par rapport à ce qui leur manque.

  Pascal dans ses Pensées reprend cette idée de l'expérience commune du bonheur "Tous les hommes recherchent d'être heureux, cela sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet." (Pensée B425).

  Pour Aristote, le bonheur c'est ce bien recherché pour lui-même et non pas en vue d'autre chose. Et dont tous les autres biens ne sont que des moyens (I,5).

  Un problème se pose dans ce Livre I => que chaque praxis a une fin en elle-même et qu'il existe une fin ultime à toutes les actions. Dans son article Ethique et morale, P. Ricoeur "penser cette idée d'une finalité supérieure qui ne cesserait pas d'être intérieure à l'agir humain."

  Cette fin supérieure pour Aristote renvoie à une certaine conception de la Cité => conception du lien entre l'individu et la Cité => Politique => bien personnel/bien de la Cité => qui définit les vertus. Lien entre l'éthique et Politique (I,5,6,7 et 10). Aristote pose une classification des sciences et la Politique est conçue comme la science par excellence car cette science recherche le Souverain Bien. La fin de la Politique est le bien proprement humain (I,1).

=> La Politique se situera donc au-dessus de la sphère éthique => autonomie de l'éthique? Peut-on penser la sphère éthique individuellement en-dehors de la notion Politique et du citoyen? Peut-on ramener tout individu à son simple statut de citoyen? => la différence des penseurs libéraux comme Mill (XVIIIe/XIXe siècle) qui mettront en avant l'individu plutôt que le citoyen.

  Cependant, Aristote considère tout de même que l'éthique à une sphère autonome => la sphère Politique => éducation de la morale. Il faut qu'il y ait une paideia/παιδεια ( = formation de l'individu en vue d'être un être vertueux).

"L'homme est un animal politique" => la singularité humaine ne peut-être comprise que dans la champ politique. "Même si en effet, il y a identité entre le bien de l'individu et celui de la cité, de toute façon c'est une tâche manifestement plus importante et plus parfaite d'appréhender et de sauvegarder le bien de la cité: car le bien est assurément aimable même pour un individu isolé, mais il est plus beau et plus divin appliqué à une nation ou à des cités." (I,1)

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