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Désir épicure

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Par   •  15 Décembre 2015  •  Cours  •  1 210 Mots (5 Pages)  •  1 000 Vues

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Lettre à Ménécée Epicure

Extrait 5

Introduction

  • La Lettre à Ménécée est un traité résumant la doctrine éthique d'Epicure : c'est donc un traité de la méthode du bonheur, qui examine ses conditions de possibilité. La structure de la lettre est ordonnée à un souci d'urgence : elle se développe selon les quatre parties du tetrapharmakos (triple remède), en allant du plus urgent (Epicure se demande alors ce qu'il faut éliminer en nous pour être heureux) à la question de la sagesse en acte (que faut-il faire pour être heureux?)
  • Cet extrait intervient après la première partie de la lettre, qui correspond à la thérapeutique des craintes. Après avoir vu comment combattre la crainte des dieux et de la mort, Epicure se demande ici comment combattre l'illimitation du désir.
  • En effet, les hommes ont naturellement tendance à chercher le bonheur, et à croire que celui-ci correspond à la satisfaction de tous les désirs.
  • La thèse d'Epicure est la suivante : tous les désirs ne sont pas à satisfaire. Il ne s'agit pas de condamner le désir, mais de partir, comme toujours chez Epicure, d'un examen et d'une définition du désir, afin de déterminer par la suite comment se rapporter à lui dans la perspective du bonheur. Epicure développe donc ici le troisième remède du tetrapharmakos : il nous explique en quoi le bien est facile à obtenir, en désignant le mal qui consiste à poursuivre des désirs illimités en pensant y trouver le bonheur.
  • Pour démontrer cela, de la ligne 1 à la ligne 7, Epicure se demande dans un premier temps ce qu'est le désir, et établit une classification des différents types de désirs. Dans un deuxième temps, de la ligne 7 jusqu'à la fin du texte, Epicure répond à la question suivante : pour quelles raisons faut-il ne cultiver et ne satisfaire que certains désirs ? Il examine alors précisément le rapport entre désir et plaisir.

Dans un premier temps, Epicure expose une classification des désirs. En effet, avant même de répondre à la question : comment nous rapporter à nos désirs pour être heureux ?, encore faut-il avoir ce que sont nos désirs. De façon générale, Epicure définit le désir comme l'expression psychique de nos besoins : le désir est un mouvement de l'âme qui nous projette du manque éprouvé vers ce qui pourrait combler ce manque. Pourtant, à partir de cette définition générale, il est possible de distinguer différents désirs. Certains, dit-ils, sont « naturels », d'autres « vides » : il s'agit de la première grande distinction entre les désirs.

Les désirs naturels sont les désirs (voir cours)

Les désirs vides sont les désirs (voir cours, ex désir immortalité)

Puis cette première distinction est affinée : à l'intérieur des désirs naturels, Epicure distingue encore les désirs « nécessaires », et les désirs « seulement naturels ».

Les désirs naturels et nécessaires sont les désirs (voir cours : désirs naturels et nécessaires pour la vie, pour l'absence de perturbations du corps, pour le bonheur)

Les désirs seulement naturels sont les désirs (voir cours)

Après avoir mis au jour cette classification des désirs, Epicure examine le rapport entre désir et plaisir. Pourquoi ne cultiver et ne satisfaire en nous que les désirs naturels ?

En réalité, et c'est là l'objet de la deuxième partie de l'extrait, s'il est nécessaire d'opérer des distinctions entre nos désirs, c'est que nous avons le pouvoir d'éliminer en nous, par la connaissance, certains désirs et ainsi d'obtenir facilement le plaisir.

En effet, dit Epicure, nous avons le pouvoir de « choisir » ou de « refuser » un désir. Autrement dit, nous appuyer sur ces distinctions nous permettra de « choisir » les désirs naturels c'est-à-dire de les satisfaire et de les cultiver en nous, et de refuser les désirs vides, c'est-à-dire les éliminer en nous (il ne s'agit pas de vivre dans la frustration puisque si nous avons bien compris cette classification, les désirs vides n'en sont plus pour nous). Et ces choix et refus, dit Epicure, se feront donc dans la perspective du bonheur, défini comme absence de trouble (ataraxie), puisque cette classification s'opère selon le critère de la nature. La nature étant bien faite, si elle nous donne un désir, elle nous donne également le moyen de le satisfaire facilement et la limite à laquelle nous éprouvons le plaisir lié à la satisfaction de ce désir. Par conséquent, cultiver nos désirs naturels nous permet de ne pas nous exposer à cette « tempête de l'âme », image du trouble et du malheur lié au trouble, qui saisit ceux qui, comme tous, cherchent le bonheur, mais croient le trouver dans la poursuite de désirs illimités car artificiels, et qui, par erreur, s'enfoncent dans une souffrance infinie. Dès lors que nous savons identifier un « désir vide », nous n'avons pas à « nous diriger vers quelque chose comme si cela nous manquait » : autrement dit, dès lors que nous connaissons nos désirs, nous savons aussi que l'objet du désir vide, inatteignable, ne nous manque pas réellement. En cherchant à ne cultiver et à ne satisfaire que nos désirs naturels et nécessaires, nous ne manquons plus de rien, et n'avons donc plus besoin de plaisir. C'est là le sens de la dernière phrase : « c'est à ce moment que nous avons besoin d'un plaisir, quand nous souffrons par suite de l'absence de plaisir ; mais lorsque nous ne souffrons pas, nous n'avons plus besoin du plaisir. » Autrement dit, la poursuite éperdue du plaisir est liée à une mauvaise compréhension du désir et à notre ignorance, qui nous pousse à chercher à satisfaire tous nos désirs, ce qui nous fait souffrir : or la souffrance appelle le plaisir comme sa réparation, et celui qui souffre indéfiniment cherchera indéfiniment le plaisir. En revanche, dès lors que nous connaissons les désirs, notre âme sort du trouble, puisqu'elle comprend que le plaisir est lié à la satisfaction de désirs naturels : le plaisir est facile à obtenir, et nous pouvons dès lors vivre sans trouble, suivant le modèle d'une existence divine incarnant la plénitude et l'absence de troubles.

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