Comment assurer le contrôle du bonheur?
Commentaire d'oeuvre : Comment assurer le contrôle du bonheur?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar kloooo • 10 Avril 2015 • Commentaire d'oeuvre • 4 250 Mots (17 Pages) • 1 169 Vues
I. Comment s’assurer la maîtrise du bonheur ?
1) Mais tout d’abord quelle est la véritable nature du bonheur ?
La véritable nature du bonheur est « malheureusement » et donc paradoxalement liée au hasard. (CF étymologie du terme en intro). Qu’est-ce que cela veut dire ? Non seulement le bonheur est trop aléatoire et trop précaire mais en plus qui peut prétendre en effet l’avoir posséder suffisamment longtemps pour pouvoir en parler exactement, pour pouvoir en parler de manière positive ? Il n’est donc pas facile à définir. On ne peut finalement le définir que de manière négative, qu’à partir de ce qu’il n’est pas, qu’à travers ces divers opposés.
Le bonheur ne peut d’abord être compris qu’à travers la souffrance. Ce n’est que parce que l’on souffre que l’on peut entrevoir l’idée du bonheur. Le bonheur, pour Arthur Schopenhauer (philosophe allemand du XIXème siècle, 1788-1860), dans son œuvre Le Monde comme volonté et comme représentation, est sans positivité. Pourquoi ? Parce que seule la souffrance est positive. La vie n’est en effet pour lui que privation. Elle est certes avant tout « désir », mais la privation est la condition préliminaire du désir. « La satisfaction (…) ne (peut) être qu’une délivrance à l’égard d’une douleur (…) ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espèce de désir qui, par son importunité, trouble notre repos, et même cet ennui qui tue, qui nous fait de l’existence qu’un fardeau ».
Quand il y a enfin satisfaction d’un désir, le plaisir cesse en même temps que sa satisfaction. Donc, il n’y a pas réellement de plaisir. Le plaisir est trop éphémère pour qu’on ait le temps de l’apprécier. Il n’existe pas durablement, donc il n’existe pas positivement. Ce qui nous reste en mémoire, ce n’est que la souffrance, les dures peines pour satisfaire notre désir. La satisfaction du désir nous délivre seulement d’un fardeau, celui de le réaliser absolument, sans jamais véritablement désancrer la souffrance.
Ainsi, nous dit-il, « Pour la satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les connaître qu’indirectement ; il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation passées, qu’elles ont chassées tout d’abord ». Le seul bonheur, c’est d’écarter toute souffrance. Par ailleurs, il ajoute qu’il faut perdre satisfaction et bonheur, plaisir et joie, « pour en sentir le prix ». Quand ils sont là, nous ne sommes pas capables de les apprécier.
Et ce n’est qu’en contemplant la souffrance des autres que l’on peut comprendre notre bonheur : « nous goûtons une satisfaction (…) au spectacle ou à la peinture des douleurs d’autrui », nous dit-il encore. Non que la souffrance d’autrui soit une joie véritable, mais on ne connaît son bonheur que si l’on sait de quelles peines on est à l’abri.
Remarque : la souffrance est à distinguer de la douleur. La douleur est plutôt physique tandis que la souffrance est plutôt morale.
L’ennui est aussi ce qui permet de définir indirectement le bonheur. La vie, d’une manière générale, signifie souffrance et ennui pour Schopenhauer qui est un philosophe extrêmement pessimiste. « La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ». L’ennui signifie pour Schopenhauer, « ce blanc qui apparaît là où on aurait attendu la positivité d’un bonheur ou d’un plaisir ». L’ennui s’installe quand la volonté humaine vient à manquer d’objet, elle tombe donc dans « un vide épouvantable ». Le pessimisme de Schopenhauer ressemble (attention, il s’agit juste d’un parallélisme) au « spleen » baudelairien. L’ennui ici est essentiellement métaphysique et fortement ancré dans la nature humaine. L’homme aspire sans cesse à des idéaux mais le réel est toujours là pour arrêter ses élans. L’ennui s’installe ainsi, c’est un sentiment permanent d’échec, échec de l‘infini dans le fini humain. Il est donc découragement, lassitude, détresse, sentiment permanent de notre nature irrémédiablement déchue, de ne jamais coïncider avec nos idéaux ou nos rêves, de l’inutilité de nos efforts pour nous libérer de notre misérable condition qui nous enchaîne au « vouloir-vivre » incessant et tyrannique (l’élan vital, conçu comme désir, qui nous traverse en permanence et qui se nourrit essentiellement de nos souffrances). Vient s’ajouter à cette détresse la conscience malheureuse et angoissée de notre misère.
En revanche, si l’ennui est d’abord métaphysique chez Baudelaire, il est aussi pathologique. Baudelaire exprime dans ses poèmes une forme extrêmement aiguë de l’ennui. Dans son poème par exemple qui commence par « Quand le ciel est bas et lourd… » ou dans son poème intitulée « La cloche fêlée » extraits des Fleurs du mal, il exprime un des éléments les plus douloureux de son mal : une impression d’étouffement, le sentiment d’une insurmontable impuissance à créer et peut-être même à vivre, hantise des précieuses secondes qui nous restent à vivre, lassitude, voire dégoût à l’idée qu’il faudra encore vivre demain, de solitude morale, voire de solitude tout simplement, pensées macabres et cruelles, malaises et hallucinations poussées jusqu’aux limites de la folie.
L’âme baudelairienne s’enlise dans l’ennui comme l’âme schopenhauerienne. Pour Baudelaire, une seule solution : la poésie. Pour Schopenhauer : d’abord la philosophie, c’est-à-dire la connaissance, puis la musique. Seule la musique nous permet de nous libérer durablement de l’ennui, du cercle infernal de la vie et du désir, car elle nous permet d’atteindre le néant absolu. Le plaisir esthétique signifie avant tout contemplation du beau et désintéressement total. Il nous permet de nous échapper, d’opérer une trêve, un arrêt de la souffrance. Le désir qui est en nous s’arrête momentanément pour contempler le désir. (Schopenhauer s’inspire pour penser cela de l’hindouisme.) La philosophie malheureusement ne nous libère que momentanément car pour connaître le monde, encore faut-il pouvoir y retourner régulièrement.
Le désespoir nous permet aussi d’entrevoir en négatif ce que peut être le bonheur. Revoir thème de la religion sur l’existence, le temps et la mort, Bergson et Pascal.
Le bonheur doit par ailleurs être soigneusement distingué du plaisir et de la joie. La joie, c’est plus au sens strict un sentiment d’exaltation ou de satisfaction profonde, qui affecte notre conscience
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