Finalisme et anthopocentisme
Dissertation : Finalisme et anthopocentisme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Melinamar • 23 Septembre 2021 • Dissertation • 3 021 Mots (13 Pages) • 411 Vues
Sujet : Finalisme et anthropocentrisme
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Lorsque l’on regarde le monde, on peut observer une apparence de finalité. Les coopérations entre les espèces, comme l’hippopotame qui se laisse laver les dents par des oiseaux qui se nourrissent de ses parasites ; ou encore les caractères utiles des individus, comme les ailes, peuvent amener à penser qu’il y a une intelligence à l’oeuvre dans la nature et on peut se laisser aller à interpréter l’adaptation des êtres vivants comme le produit d’une finalité naturelle, comme si le vivant était la principale preuve qu’il existe un créateur. En effet, le finalisme est une doctrine qui attribue à la nature, à Dieu une intention créatrice et adaptative qui permettrait d’expliquer la perfection du vivant sans recourir à une explication causale. Le finalisme apparaît comme une théorie anthropocentrique qui fait de l’humanité le centre du monde, et du bien de l’humanité la cause finale de toutes choses.
Peut-on considérer l’univers physique comme existant pour l’espèce humaine qui en serait également la cause ?
Dans un premier temps, il s’agira de proposer un lien entre égocentrisme et anthropocentrisme puis, dans un deuxième, de montrer en quoi le finalisme est une théorie au service de l’anthropocentrisme pour ensuite, dans un troisième temps, s’intéresser à cette théorie comme un des grands paradigmes scientifiques de l’histoire de l’humanité et sa chute comme un des plus grands coups porté à l’égocentrisme de l'espèce humaine.
Les êtres humains semblent naturellement disposés à tout ramener à eux. Selon Pascal, dans le chapitre Vanité de l’homme dans les Pensées, “nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous, et en notre propre être : nous voulons vivre dans l’idée des autres d’une vie imaginaire ; et nous nous efforçons pour cela de paraître. Nous travaillons incessamment à embellir et conserver cet être imaginaire, et négligeons le véritable”. Ici, Pascal met en avant l’orgueil et l’égocentrisme des êtres humains et leur manière naturelle de dissimuler la “misère de leur existence” pour recevoir de la reconnaissance sociale ou s’aimer eux-mêmes, et ceci sans intentionnalité consciente. En effet, toujours dans les Pensées 595-455, il explique que “le moi est haïssable. (...) En un mot, le moi a deux qualités; il est injuste en soi, en ce qu’il se fait centre de tout ; il est incommode aux autres en ce qu’il le veut asservir; car chaque moi est l’ennemi, et voudrait être le tyran des autres”. Selon Pascal, le moi est haïssable, injuste, incommode et tyrannique mais ce qui est attaqué ici n’est pas le fait d’être un moi, mais l’égoïsme du moi et son aspect tyrannique. De plus, c’est la cause de l’égoïsme, l’amour que le moi se porte à lui même qui est haïssable et non l’égoïsme lui-même car chaque moi est l’ennemi de tous les autres. Pascal propose en quelque sorte la consigne de haïr son propre moi pour qu’il ne se fasse pas centre de tout dans chacune de nos réflexions, c’est une méthode qu’il semble proposer. Plutôt que d’aimer son moi, il faut s’aimer comme une partie du monde afin que sa nature tyrannique soit neutralisée.
En outre, l’anthropocentrisme est une forme d’égocentrisme à l’échelle de l’espèce. Spinoza dans l’appendice du livre I de l’Éthique publié en 1678, cherche pourquoi “la plupart des hommes se plaisent à ce préjugé et pourquoi ils sont naturellement enclins à l’adopter”, ce qui rappelle la pensée de Pascal sur l’égocentrisme. Ainsi, selon lui “tous les hommes naissent ignorants des causes des choses, et ont envie de rechercher ce qui leur est utile, (...) ils finissent donc par considérer toutes les choses naturelles comme des moyens pour leur utilité propre”, autrement dit les hommes sont à la base des esprits simples, qui s’approprient tout ce qui peut servir et maintenir leur suprématie supposée dans le monde. Ainsi, pour reprendre les termes de Pascal, l’espèce humaine se fait centre de tout exactement comme le moi. Leur anthropocentrisme naturel les pousse à chercher les causes finales et à les expliquer en considérant que ce qui n’est pas à l’usage de leur espèce est vain.
En effet, “ils ne pouvaient pas croire que (les choses) se fussent faites d’elles-mêmes; mais pensant aux moyens qu’ils ont l’habitude d’agencer pour eux-mêmes, ils ont du conclure qu’il y a un ou plusieurs maîtres de la nature, doués de la liberté humaine qui ont pris soin de tout pour eux et qui ont tout fait pour leur convenance”. Les hommes en sont venus à la conclusion que derrière une telle ingéniosité, il y avait forcément dans la nature, une force à l’oeuvre dotée d’une intelligence humaine supérieure, ce qui est une déduction typiquement anthropocentrique. Dieu serait donc la clé pour interpréter l’apparente harmonie de la nature et nourrir cette certitude que tout leur appartient et que par conséquent, ils peuvent en disposer librement. Le biologiste Félix Le Dantec dans un article intitulé Darwin dans la Revue de Paris, Année 8, Tome 5; 1er octobre 1901, adoucit ce propos en affirmant que “l’homme a besoin de comprendre et se paie de mauvaises raisons quand il n’en trouve pas de bonnes”, autrement dit s’il a accès à un savoir qui semble plus approprié à ses questionnements, qu’il est enclin à remettre en cause son hégémonie alors il est à même d’adhérer à d’autres explications. Ainsi, tout est une question de découvertes scientifiques ou d’adhésion à d’autres principes mais surtout d’humilité.
L’espèce humaine a longtemps attribué à la nature, une intention créatrice et adaptative. Cette première grande conception du vivant et de l’organisation de la nature, le finalisme, est l’idée selon laquelle les êtres vivants tendent vers une fin, un but qui leur est assigné par la nature elle-même et auquel il est impossible de déroger. En effet, dans la Genèse chrétienne de l’Ancien Testament, Dieu crée les cieux et la terre en 6 jours et après avoir crée tout ce qui compose le monde, le dernier jour, il créa l’homme à son image, puis la femme et dit : “Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence : ce sera votre
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