Toute vérité relative est une parole acceptable, théoriquement ou pratiquement.
Dissertation : Toute vérité relative est une parole acceptable, théoriquement ou pratiquement.. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar noublaxe • 10 Octobre 2022 • Dissertation • 1 842 Mots (8 Pages) • 275 Vues
Amorce] Le regain d’intensité du complotisme en France, avec la
constitution de deux camps opposés au sujet du vaccin — l’un prônant les bienfaits du
vaccin sur les hommes et la société, l’autre prônant davantage la liberté individuelle —
nous plonge dans un partage qui empêche une entente sociétale. Pour une seule et même
chose, nous sommes face à deux manières différentes de considérer cette chose. Chaque
camp croit détenir la vérité sur le vaccin ; évidemment, cela porte à confusion, puisque
chaque camp a sa technique pour nous persuader de le choisir plutôt que l’autre. Nous
sommes donc face à un dilemme qui invite à la réflexion. [Définitions des termes et
forme logique] Par « vérité » (du latin veritas), nous entendrons l’accord entre mon
jugement et la chose ou la personne qui est jugée. L’expression entière « À chacun sa
vérité » est un proverbe caractérise relativisme (doctrine selon laquelle toute vérité est
relative, c’est-à-dire qui dépend de quelque chose ou d’un point de vue). Par « dire »,
nous entendrons l’utilisation des mots pour formuler un jugement, une pensée, une
opinion, etc. Ici, dire est directement relié à l’expression « À chacun sa vérité ». La
forme logique « Peut-on… ? » est la forme logique qui exprime la possibilité (physique
ou morale). Nous devrons donc déterminer si dire que toute vérité est relative est une
parole acceptable, théoriquement ou pratiquement.
[Problématisation] Nous pouvons effectivement dire « À chacun sa
vérité », parce que mon opinion sur les choses m’appartient en propre et que
personne d’autre n’a vraiment la même opinion que moi. Toutefois, cette thèse
comprend en elle-même une contradiction : dire « À chacun sa vérité », c’est
admettre que cette expression est aussi relative ; autrement dit, c’est admettre que
le relativisme est une doctrine elle-même relative, et qu’elle peut donc être critiquée
et dépassée. [Problématique] Ma vérité est-elle celle des autres ? Or, peut-on
vraiment confondre opinion et vérité ? Quel serait le risque de confondre opinion et
vérité ?
[Annonce de plan] Dans une première partie, nous allons défendre l’idée
que l’on peut dire « À chacun sa vérité », étant donné que chaque individu possède
sa propre vision du monde. Dans une deuxième partie, en montrant les limites de la
thèse relativiste, nous allons défendre l’idée selon laquelle il faut dépasser l’opinion
Séquence 1 – Épistémologie et métaphysique
2
pour tenter d’atteindre la vérité universelle. Dans une troisième et dernière partie,
nous allons affirmer plutôt qu’il ne faut pas dire « À chacun sa vérité » pour des
raisons pratiques autant que pour des raisons théoriques.
[Amorce de partie + thèse] Dans cette première partie, nous affirmerons
que nous pouvons dire « À chacun sa vérité », parce que mon opinion n’appartient
qu’à moi et c’est ce qui définit mon rapport au monde.
[Argument] En effet, chacun a sa propre vérité sur ce qui l’entoure, sur la
politique, sur comment il faut considérer les choses et les personnes, etc. Chacun
considère les choses comme il l’entend ou bien selon son éducation ; même si
l’éducation s’applique à plusieurs individus en même temps (dans une salle de
classe), chacun la reçoit à sa manière et en tire les avantages et les inconvénients,
selon son caractère, ses préférences, ses goûts, etc. Puisque chaque individu est
unique par rapport à tous les autres, c’est de toute nécessité que la vérité dépende
des individus. Dire « À chacun sa vérité » est donc possible à dire, et c’est en plus
vrai.
[Doctrine / Auteur] Cette thèse, que nous venons d’argumenter, est celle que
défend Protagoras dans le Théétète de Platon (V
e
-IVe
siècle av. J.-C.). Protagoras est
un sophiste (il prétend posséder la sagesse, contrairement au philosophe qui l’aime
sans la posséder) qui défend un relativisme, c’est-à-dire qu’il considère que
l’homme est la mesure de toutes choses et que la vérité dépend des individus et de
leurs expériences. Ce relativisme caractérise la sensation (je suis le seul capable de
savoir ce que je sens) et le savoir (il n’y a que moi qui ait l’autorité pour savoir si
ce que je sais et ce que je dis est vrai). Toute vérité dépend de celui qui l’énonce.
[Exemple] Par exemple, une dispute entre deux personnalités politiques montre que
chacun à sa vérité ; chacun considère qu’il a raison, par exemple sur l’usage du
nucléaire ou sur la monarchie britannique (RIP), et c’est parce que chacun
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