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L'art est-il dévoilement d'une vérité ?

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Par   •  28 Novembre 2016  •  Dissertation  •  1 833 Mots (8 Pages)  •  10 781 Vues

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CHOUVIER Mathias

HK2

Dissertation de philosophie : « L’art est-il dévoilement d’une vérité ? »

L’art est une activité spécifique à l’homme, et plus particulièrement le moyen par lequel l’homme donne forme à la matière brute, la transforme dans le but d’obtenir une œuvre, un produit final. Si l’art englobait autrefois l’artisanat et les Beaux Arts, notamment sous la Grèce Antique, il convient aujourd’hui de comprendre qu’il s’agit des Beaux Arts lorsque l’on parle d’art. Le but de cet art-là est donc par nature le beau. Ainsi, l’art est vu comme une discipline qui n’a pas réellement d’utilité, puisque sa visée n’est qu’esthétique. Dès lors, si le but de l’art n’est que le beau, il semble clair que l’artiste ne cherche à faire passer un message dans son œuvre d’art. En effet, nul besoin de message transmis pour jouir de la beauté d’une œuvre. Un amateur d’art ne se rendrait donc théoriquement pas voir une œuvre d’art si celle-ci avait un message à véhiculer puisqu’il cherche normalement le beau dans l’art. Pour autant, nombreuses sont les œuvres d’art qui véhiculent un message sans pour autant que ce soit leur but premier, et le public y est souvent sensible. L’art est même devenu l’outil de communication par excellence. Il pourrait permettre l’accès à une certaine vérité, c’est-à-dire une connaissance reconnue comme juste, comme conforme à son objet et possédant à ce titre une valeur absolue, ultime.

        Ainsi, est-il finalement juste de dire que la seule visée de l’art est le beau ? Si l’art nous transmet un message, peut-il être vecteur d’une vérité ? L’art peut-il nous révéler une vérité de façon détournée ? L’art nous instruit-il ?

        Il semble de prime abord que l’art soit tout sauf un moyen d’accéder à la vérité, de part sa visée première. Pour autant, l’art peut permettre l’accès à la vérité sans que cela en soit le but principal, et plus généralement il peut nous permettre de remettre en question les vérités que nous croyons connaître.

        Le but premier de l’art, au sens entendu de Beaux Arts, est donc le beau. Le beau peut être défini par ce qui plaît universellement.

L’artiste cherche donc à créer une œuvre qui rende compte du beau. Il veut imprimer sa trace dans la matière en la transformant, en lui donnant forme et en la modelant. Si le but de l’art est le beau, il ne peut donc tout simplement pas être le vrai. Ainsi, ce simple argument suffirait à réfuter le fait que l’art peut être de vecteur de vérité puisque par nature il a une visée esthétique. Cette visée de l’art est en effet défendue depuis l’Antiquité par des nombreux philosophes, notamment par Aristote dans La Poétique ou encore Kant. Ce dernier défend que l’art a une dimension purement esthétique, ce qui entre en conflit avec une soi-disant révélation de vérité ou de connaissances.

Pourtant, l’art est souvent la représentation du réel. En effet, le monde sensible soumis aux artistes constitue leur principale source d’inspiration et ce encore aujourd’hui. Si l’art a pour but le beau mais qu’il atteint ce but en représentant le réel, pourquoi ne pourrait-il pas être source de vérité ? La réponse réside dans le fait que l’art ne fait jamais qu’imiter le réel. En effet, il lui est impossible de représenter le réel tel qu’il est. Il n’en propose jamais qu’une copie, une imitation. Et cette imitation du réel s’avère au final être trompeuse car ceux qui admirent l’art en se disant qu’il s’agit là du réel, de la vérité des choses, ils ne vivent que dans l’illusion du réel. Il s’agit d’une théorie défendue principalement par Platon qui dénonce la mimesis, qui selon lui éloigne de la réalité intelligible. Dans La République, il prend notamment l’exemple du lit, dont les modèles sensibles éloignent déjà de l’idée intelligible, et donc les représentations le sont encore plus. Ainsi, l’art éloignerait des idées du réel. De plus, l’art peut aussi nous inviter dans un monde imaginaire. Il rend possible toutes les fantaisies de l’artiste et peut ainsi crée un tout autre monde que le nôtre, nous distraire et nous faire oublier le réel, ce qui est particulièrement visible dans la littérature fantastique par exemple. Donc, en ce sens, l’art nous éloigne plus qu’autre chose de la vérité.

Pourtant, il existe des artistes qui, à travers leurs œuvres, cherchent à transmettre une certaine vérité au spectateur. Peut-on alors toujours parler d’œuvre d’art ? En effet, si nous avons vu précédemment que l’art a pour visée le beau, faire de la vérité le but de l’œuvre dénature celle-ci. La représentation la plus fidèle possible d’un objet ou d’un paysage ne fait pour autant de cette représentation une œuvre d’art, mais simplement une copie du réel qui n’est pas le réel, sans aucun intérêt artistique. C’est ce que critique Hegel au début de l’Esthétique. En effet, il réfute dès le début de son œuvre le fait que l’art devrait imiter la nature et critique l’art-copie dans le sens où celui-ci détourne du réel. Il est aussi important de noter que lorsqu’art et vérité se mélangent dans une œuvre, le succès n’est que rarement au rendez-vous. L’exemple est flagrant en littérature. Lorsque celle-ci se mélange à la philosophie, qui elle a pour objet le vrai, il en résulte souvent de la littérature de mauvaise qualité.

        Ainsi, l’art semble être tout le contraire d’un révélateur de vérité. Pourtant, certaines formes d’art, comme l’art moderne, viennent contredire le fait que l’art ne vise que le beau. Donc il est possible que l’art dépasse cette simple visée esthétique et permette d’accéder à autre chose.

        L’art peut permettre d’accéder à une certaine forme de vérité, mais il s’agit là d’un moyen détourné de dévoiler celle-ci.

        En effet, l’œuvre d’art qui imite le réel s’offre à la contemplation et non à l’utilisation. Ainsi, cette même œuvre d’art pourrait nous amener à une réflexion plus poussée et à saisir la vérité intrinsèque des objets réels. Si nous pouvons seulement nous concentrer sur l’objet et réfléchir à son propos, alors il semble plus facile d’accéder à l’idée même de celui-ci, dont l’utilisation nous détourne. L’artiste parvient à fixer à travers une vérité des apparences qui nous échappe bien souvent. On peut ainsi saisir la vérité d’un instant, mais aussi la vérité de l’artiste à travers l’œuvre d’art. Le regard désintéressé apposé par l’artiste apparaît comme preuve de vérité. Par exemple, les peintures de la montagne Sainte-Victoire de Cézanne rendent compte du bleu du ciel et de la lourdeur de la terre, chose que le paysage réel ne fait pas.

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