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HUSSERL, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendentale

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Par   •  14 Décembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 908 Mots (12 Pages)  •  711 Vues

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Casoria Marina M1 MEEF

HUSSERL, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendentale

« Mais c’est en ce point [...] précisément que l’on peut expérimenter une contre-épreuve de la vérité du résultat obtenu dans cette première appréciation de notre connaissance rationnelle a priori, à savoir qu’elle n’atteint que des phénomènes. » La préface de la deuxième édition de la Critique de la raison pure nous renseigne quant à notre incapacité à connaître la chose en soi, que Kant appelle « noumène ». Aussi, il convient de se résigner à être conscient de cette insuffisance de la raison dans le cadre de la recherche de la vérité, et d’ainsi limiter le champ de la connaissance rationnelle. En effet, les sciences ne peuvent traiter des objets métaphysiques tels que Dieu, l’Ame, le Monde. Elles doivent se contenter d’étudier les « phénomènes », c'est-à-dire la réalité qui peut apparaître dans le cadre de l’expérience spatial et temporelle. La raison, si elle est raisonnable, doit connaître ses propres limites et ne plus avoir pour objet les thèmes relatifs à la métaphysique. Aussi, il semblerait alors que la connaissance doive se limiter à l’étude des phénomènes. En ce sens, elle a une prétention objective, qui n’a plus prétention à rendre compte d’une téléologie de l’existence. Elle est désormais étude de phénomènes. Mais alors, dans un monde où les questions qui animent l’Homme sont relatives à la finalité de l’existence, dans un univers où il faut répondre à la question : Comment bien vivre ? Comment la science peut-elle avoir une place et participer à la création d’une humanité vertueuse ? Si la science doit se résigner à être objective afin d’être exacte, dans quelles mesures peut-elle participer à l’élaboration d’une humanité raisonnable ? En effet, si elle n’a plus à intervenir dans le champ de la subjectivité, comment peut-elle contribuer à donner du sens à l’humanité et sa finalité ?

        La période où Husserl écrit La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, est un moment où l’Europe est mise à mal. En effet, nous pouvons rendre compte d’une montée des idéaux fascistes, Hitler a été nommé chancelier, aussi, le contexte historique et politique nous renseigne sur une décadence des valeurs propre à cette période. La science a-t-elle encore une place dans la sphère morale et téléologique ? Si le dessein scientifique se limite à l’étude des phénomènes, alors, comment la science peut-elle s’affirmer dans l’élaboration des valeurs ? Ainsi, cette « crise » des sciences tient au fait qu’elles ne trouvent plus de légitimité quant au fait de s’engager dans les domaines subjectifs. Les sciences se limitent à étudier les faits, et non plus le réel, la vérité, la téléologie humaine. L’idée défendue par Husserl est que finalement, le non engagement de la science sur les domaines subjectifs, découle sur la perte d’une humanité raisonnable. La science qui se limite à l’étude des faits et ne prétend plus étudier le réel conduit à une déraison humaine. Aussi, il s’agit de refonder une humanité raisonnable en modifiant l’objet scientifique. Il est alors question de réaffirmer la science dans le domaine des valeurs et de la subjectivité. L’enjeu est de réengager la science quant aux questions fondamentales afin de refonder une raison commune. Ainsi, Husserl pour réaffirmer une forme d’engagement de la science nous amène à nous demander dans quelles mesures le désengagement quant aux questions téléologiques et subjectives conduit à la perte de la raison humaine. Pour commencer, Husserl nous dépeint une humanité ramenée à l’absurdité de sa condition depuis le renoncement des sciences quant à traiter des questions relatives à l’existence. Puis, dans un second temps, il témoigne du point de vue des sciences, qui se justifient quant à leur non-engagement téléologique et moral. Dans un dernier moment, il présente les conséquences de ce désengagement, qui mène à un relativisme pur et donc, à la perte de toute valeur et de tout sens, à la perte de toute raison.

        

Tout d’abord, Husserl va rendre compte d’une humanité en crise qui, abandonnée par les sciences est ramenée à l’absurdité de sa condition. Il commence par qualifier la science actuelle de « simple » (L.1). Cette science est une science qui étudie « les faits » (L.1), aussi, elle ne se préoccupe pas du réel, des choses en soi, mais se limite à étudier les phénomènes, les lois physiques. Son objet n’est finalement pas la réalité. Cette science ne se préoccupe pas de ce qui concerne la condition de L’Homme. La morale, la téléologie humaine, les valeurs, la métaphysique et autres sujets relatif à l’existence sont écartés. Nous avons alors affaire à une forme de positivisme qui se limite à l’élaboration des faits, et laisse de côté les interrogations relatives à la vie humaine. Quand Husserl qualifie cette humanité de « simple » il établit alors d’ors et déjà une dévalorisation de cette science qui se borne aux faits. Aussi, il va ensuite nous renseigner sur la conséquence de cette science se limitant aux faits. Son effet est le suivant : Cette science « simple » débouche sur la création d’une humanité « simple ». Ainsi, la science qui évince toute les questions relatives à la vérité, relatives à l’existence pour finalement se limiter à l’étude des faits a pour conséquence la création d’une humanité simpliste, primaire, pour ne pas dire précaire. Husserl témoigne ensuite d’une opinion commune qui s’est développée et qui consisterait à affirmer l’idée selon laquelle la science n’a pas de légitimité à intervenir dans les questions à l’aune de la condition humaine. La formule « c’est ce que nous entendons partout » (L.2) témoigne bien du fait que cette croyance est omniprésente. En effet, les sciences ne pourraient rien quant à « la détresse de notre vie » (L.2). Ainsi, l’absurdité de notre condition n’est pas l’affaire de la science. Finalement, cette appréciation commune est le résultat d’une conception simple de la science par l’humanité. Mais cette conception simpliste, à savoir que la science n’a pas sa place dans le champ relatif à la téléologie humaine, a été causé par la science elle-même au moment où elle s’est affirmé être une science « de fait. » Ainsi, cette opinion répandue n’est autre que la conséquence d’une science se revendiquant uniquement comme science de fait.  Ainsi, en abandonnant l’étude de la téléologie humaine, en renonçant au réel pour n’élaborer que des faits, la science a laissé l’Homme être livré à lui-même. Elle l’a abandonné à sa condition en renonçant à traiter des questions qui sont pourtant sont celles qui l’anime le plus. Ces questions sont en lien avec la condition humaine, en lien avec la téléologie humaine. Aussi, cette science restrictive participe à créer une « humanité abandonné » (L.5). Husserl montre que finalement la science a abandonné l’homme et l’a laissé seul face à l’absurdité de sa condition. Au moment où elle a renoncé au réel, à la vérité, elle a conduit l’humanité vers le désespoir et le non-sens.

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