Avez-vous déjà eu le sentiment de faire partie d`un monde façonné par une perception plus ou moins exacte de ce qu`est réellement le monde dans lequel vous vivez, des gens qui vous entourent ainsi que des interactions qui colorent votre quotidien. <>[1]. Ce questionnement de René Descartes est le résultat d`une profonde remise en question, ainsi que du milieu auquel évolue son esprit en des termes conscients. On dit que nous sommes conscients, mais que les pierres, les objets inanimés ne le sont pas, ou encore que nous ne le sommes pas nous-mêmes lorsque nous dormons, l`homme se distingue donc par sa capacité à considérer sa propre existence. Se faisant, il s’autorise une remise en question significative et profonde de sa propre perception du monde dans lequel il vit. Libre à chacun d`interpréter comme il l`entend sa réalité, mais se questionner sur la véracité de sa subjectivité n`est pas une mauvaise chose pour autant. Qui plus est, cette remise en question ne fait qu`accentuer notre état conscient, que je me plais de comparer à un réveil, parmi un monde qui se croit tout aussi conscient que nous le sommes. Alors comment nuancer clairement, entre se sentir exister au monde et se savoir exister au monde? Comment envisager de considérer favorablement, une soudaine prise de conscience de soi, sans pour autant se perdre dans un doute pourtant nécessaire?
Descartes explique qu`il est d’abord et avant tout appuyé par un fondement simple et certain qui lui est propre, c’est-à-dire le doute, le doute lui permet d’être convaincue de son existence. <<…Mais parce que la raison persuade déjà qu`il ne faut pas moins soigneusement refuser son assentiment à ce qui n’est pas tout à fait certain et hors de doute qu`à ce qui est manifestement faux, il suffira pour les rejeter toutes de trouver en chacune quelque raison de douter>>. [2]Le doute est dès lors une nécessité dans une prise de conscience favorable.
Une chose dont je ne doute pas est que mon estomac gargouille ; qu`est-ce à dire sinon que j`ai probablement faim en écrivant ces lignes? Prendre conscience que mon estomac crie famine est d`une part, une nécessitée pour la survie de mon organisme, mais quand est-il de cet éveil soudain, de cette faculté que possède mon esprit à interpréter ce qui en découle, tant à l`intérieur, qu`à l`extérieur de moi. Si ce n`est la perception plus ou moins exacte, de ce que ma propre conscience me renvoie comme information, c’est-à-dire dans mon cas, de me gaver de pizza pochettes pour soulager cette irrépressible envie. Cette capacité distinguée que possède l`être humain, à observer une attention particulière aux ressentis physiques et psychiques, ainsi que la possibilité de faire une introspection sur son existence est, et demeura, un produit de la conscience humaine. Mais les hommes étant soi-disant variés les uns aux autres, il est donc plus complexe de bien saisir l`être humain ainsi que sa prise de conscience avec clarté. Le fait même de reconnaitre que nous sommes capables de penser, nous définit tout un chacun dans ce qui a de plus humain. <>[3]. Blaise Pascal souligne que l`homme est à priori fait pour penser, car la pensée est l`essence même de ce qui définit un homme et qui l`anime physiquement ainsi qu`intellectuellement. À l`image d`un marionnettiste avec son pantin qui décide avec précision des mouvements de celui-ci. Sans marionnettiste le pantin n`est nul autre qu’une vulgaire figurine articulée.
<[4] >> Le cogito de Descartes est une preuve précise qu`un homme qui doute, est un homme qui pense, et s’il pense et bien c`est la preuve irréfutable qu’il existe parmi d`autres individus qui comme lui doute à leurs tours. Qui plus est, le doute est intimement lié à la réflexion, car la réflexion sème le doute et la confusion dans un esprit qui prend l`initiative de faire une introspection sur son existence. Alors il va de soit selon Descartes, qu`un être humain qui pense, est avant tout<< une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas[5]>>. L`homme étant un être complexe pourvu d`un remarquable sens critique pouvant être à la fois contradictoire ou juste envers lui-même, compte tenu de son point de vue, de son jugement, de sa perception. C`est justement ce sens critique qui lui donne la possibilité de se reconsidérer lui-même parmi une société qui prime d`abord et avant tout la conformité. <[6] » Pascal constate avec discernement les différentes gammes d`émotions que compose un être humain, si confus et distinct à la fois. C`est avec un certain mépris qu`il tente de cerner l`incompris dans toute sa splendeur.