Shopenhauer - Débat et Vérité
Dissertation : Shopenhauer - Débat et Vérité. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jhzdjghus • 4 Décembre 2018 • Dissertation • 1 702 Mots (7 Pages) • 617 Vues
Schopenhauer - débat et vérité
Schopenhauer - débat et vérité
« La vanité innée, particulièrement irritable en ce qui concerne les facultés intellectuelles, ne veut pas accepter que notre affirmation se révèle
fausse, ni que celle de l’adversaire soit juste. Par conséquent, chacun devrait simplement s’efforcer de n’exprimer que des jugements justes, ce
qui devrait inciter à penser d’abord et à parler ensuite. Mais chez la plupart des hommes, la vanité innée s’accompagne d’un besoin de
bavardage et d’une malhonnêteté innée. Ils parlent avant d’avoir réfléchi, et même s’ils se rendent compte après coup que leur affirmation est
fausse et qu’ils ont tort, il faut que les apparences prouvent le contraire. Leur intérêt pour la vérité, qui doit sans doute être généralement
l’unique motif les guidant lors de l’affirmation d’une thèse supposée vraie, s’efface complètement devant les intérêts de leur vanité: le vrai doit
paraître faux et le faux vrai.» (A. Schopenhauer, L’art d’avoir toujours raison).
Introduction
Dans cet extrait de L’art d’avoir toujours raison, Schopenhauer se
demande pourquoi les débats, en principe motivés par l’intérêt de
la vérité, se corrompent pour n’être plus que des combats.
En effet, il faut à tout prix que celui qui défend une thèse
domine son interlocuteur même si, au cours de la discussion, il
découvre que ce dernier a raison.
Comment comprendre cela?
Il y a en tout homme un fond naturel de vanité qui lui fera
préférer à la vérité ce qui avantage son image auprès des autres.
Et si pour cela il doit travestir la vérité, il n’hésitera pas à
le faire.
Notre texte débute par un conseil donné aux hommes: vaniteux les
hommes devraient faire preuve de prudence quand il s’expriment
afin de ne pas se risquer à dire des âneries.
Mais qu’en est-il réellement?
De surcroît bavards et malhonnêtes, les hommes finalement ne
peuvent s’empêcher de donner leur avis même quand ils n’ont aucune
garantie de vérité, pourvu seulement que cela favorise leur image
auprès des autres.
Telle est, semble-t-il, la triste conclusion à laquelle
Schopenhauer nous conduit.
Partie 1
Les hommes sont, nous explique Schopenhauer, « vaniteux ».
On entend par « vanité » le fait de désirer que les autres nous
admirent pour des qualités qui nous rendent supérieurs (courage,
intelligence, talent, etc)
La vanité est dite « innée », ce qui signifie qu’elle est
naturelle, inscrite dans la nature de l’homme et qu’elle n’est pas
le produit de l’éducation.
Naturelle, la vanité est si ancrée dans nos fibres qu'on ne peut
s'empêcher d'être triste quand on découvre que les autres n'ont
pas une image avantageuse de soi et inversement, content, quand on
se sent admiré.
Personne ne peut s'enorgueillir d'être dépourvu de vanité, et si
d'aventure, un homme avait cette prétention, il faudrait mettre
celle-ci au compte de sa vanité.
« La vanité est si ancrée dans le coeur de l’homme » dit Pascal (Pensées), que même celui qui
prétend ne pas être vaniteux ne pourra s’empêcher de tirer quelque
jouissance à l’idée qu’on l’admire pour cela.
Parce qu’elle est « innée » la vanité est une disposition humaine
nécessaire et universelle.
Nul n’y échappe, qu’il soit ouvrier, sportif, universitaire, jeune
ou vieux.
Notre vanité est, précise L’auteur, « particulièrement irritable
en ce qui concerne les facultés intellectuelles »
Qu'on le mérite ou non, il faut qu'un entourage nous admire: les
uns pour leur courage, les autres pour leur habileté ou leur
science.
Mais il est un point sur lequel nous partageons tous une même
irritabilité: la valeur accordée à « nos facultés
intellectuelles».
Qui, en effet, accepterait d'être pris pour idiot et faible
d'esprit.
Un érudit, par exemple, pourra se moquer de ne pas savoir planter
un clou, mais non qu'on lui dénie la puissance d'esprit; un homme
qui n'a jamais étudié la physique, de ne pas connaître la théorie
de la relativité d'Einstein, mais non qu'on le croit sans
jugement.
Pourquoi sommes-nous vaniteux?
Parce que nous sommes des êtres doués de conscience confrontés à
d’autres êtres pareillement doués de conscience.
Un caillou parce qu’il est dénué de conscience est incapable de
recul vis à vis de lui-même, il ne saurait s’interroger sur sa
propre valeur, et encore moins sur la valeur que les autres
cailloux pourraient lui attribuer.
Il en va autrement pour chacun d’entre nous qui sommes exposés
conjointement à notre propre jugement et à celui d’autrui.
La vanité se loge donc au coeur même de la conscience humaine et
de l’inévitable intersubjectivité…
La situation décrite par Schopenhauer est celle d’un débat
Un débat n’est pas une simple conversation.
Pour qu’il y ait débat il faut une question qui divise les avis.
Un débat est ainsi une confrontation d’avis divergents sur une
question.
L’issue attendue d’une telle confrontation est l’accord des
esprit.
Le débat est une de ces occasions où notre vanité est
particulièrement exposée.
Les débatteurs viennent échanger sur un sujet.
Chacun est heureux de prendre part à une discussion sur laquelle
il croit posséder quelque solide vérité.
Devant les autres, il expose son avis.
Son «intérêt pour la vérité» est encore intact
Mais bientôt un contradicteur ridiculise son propos.
L'assemblée rit et se moque de cet idiot qui n'a pas vu combien
était idiote l'opinion que, fièrement, il vient d'exposer .
C’est pourquoi, dit Schopenhauer, il n’acceptera pas que son
affirmation « se révèle fausse, ni que celle de l’adversaire soit
juste ».
Reconnaître son erreur serait un aveu de faiblesse intellectuelle.
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