Le renouvellement des théories scientifiques doit-il nous faire douter de la science ?

SENOUR Sammy ECS1

Le renouvellement des théories scientifiques doit-il nous faire douter de la science ?

Quelques siècles auparavant, l’ensemble de la communauté scientifique, fortement influencée par l’Église, établissait que la Terre était au centre du monde. On prenait donc le géocentrisme comme vrai. De nos jours, la science a construit le modèle héliocentriste que tous les scientifiques prennent pour vérité. Ces deux théories se sont donc affrontées, jusqu’à faire douter de la science elle-même. L’activité scientifique peut donc produire des contradictions qui semblent devoir être admises. Il est alors légitime de se poser la question suivante : le renouvellement des théories scientifiques doit-il nous faire douter de la science ? Les théories scientifiques se succèdent les unes après les autres et il arrive que la dernière soit totalement en opposition avec les précédentes. Elles peuvent différer selon l’époque souvent, mais aussi selon la culture et le contexte dans lequel le modèle est construit.

On peut donc imaginer que ces changements sont les fruits de facteurs extérieurs à la science et que la vérité scientifique n'est jamais absolue. Mais on peut aussi penser que le renouvellement des théories scientifiques est le signe du progrès des sciences, qui avancent progressivement vers la vérité. Mais y’a-t-il un juste milieu possible entre le doute et la certitude des sciences ?

Dans un premier temps, nous verrons la relativité et la détermination des vérités scientifiques pour savoir si le vrai absolu est atteignable. Ensuite, nous verrons que le renouvellement des théories scientifiques est la preuve que la science avance vers la vérité. Finalement, nous essayerons de voir si un équilibre est possible pour conserver un fondement objectif des sciences et pour justifier le renouvellement des théories.

D’abord, on peut penser que toutes les théories scientifiques sont simplement les fruits d'une civilisation et déterminées par le contexte politique et social de celle-ci. L’activité scientifique est donc construite dans cette civilisation, ce qui montre déjà une certaine relativité à prendre en compte. Le philosophe français Michel Foucault explique par exemple que la science n'est pas un point de vue objectif sur le monde mais en réalité un « regard » qui dépend du contexte dans lequel les théories se construisent.

Ensuite, on peut aussi penser que les théories scientifiques sont déterminées de l'intérieur. Thomas Kuhn, dans La structure des révolutions scientifiques, explique que les théories scientifiques sont en fait organisées autour d'un « paradigme », à savoir un ensemble d'idées et de méthodes qui forment une vision du monde et une manière de faire de la science. Toute théorie scientifique dépend d'un certain paradigme et lorsque les théories se renouvellent, c'est qu'il y a eu un changement de paradigme. Le problème, c'est que les paradigmes entre eux sont « incommensurables », ils n'ont aucune mesure et sont incomparables, on ne peut donc pas définir si l'un est plus vrai que l’autre.

Nous sommes donc amenés à penser que la vérité des théories scientifiques est entièrement relative à ce qui les détermine comme le témoigne leur constant renouvellement. Il semble donc logique de douter de la vérité des sciences.

On ne peut pas se satisfaire de ce relativisme et il s'agit maintenant d'étudier les arguments qui appuient l'idée que le renouvellement des théories scientifiques peut alimenter notre certitude dans les sciences.

Il est certain que les théories scientifiques se renouvellent, mais cela n’est pas toujours synonyme de rupture car les changements se font progressivement. Les scientifiques mettent peu à peu à jour des nouvelles lois qui viennent certes parfois remplacer, mais le plus souvent compléter ou affiner une théorie qui existe déjà. La théorie de l’évolution a été énoncée par Darwin, puis corrigée, et poursuivie par de nombreux biologistes. Le progrès des sciences n'est pas dû à un contexte particulier mais à des questions et des découvertes proprement scientifiques.

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