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Le péché chez Pascal

Cours : Le péché chez Pascal. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Janvier 2013  •  Cours  •  887 Mots (4 Pages)  •  856 Vues

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Pour Pascal, le péché est une conversion au moi qui poursuit sa seule satisfaction individuelle. L’amour propre peut prendre trois formes : la libido sentiendi est l’amour des voluptés sensuelles ; la libido dominandi est l’orgueil qui cherche à imposer à autrui sa domination ; la libido sciendi est la curiosité effrénée des connaissances, jusqu’à celles qui ne sont pas de notre ressort. Chacune de ces concupiscences a été élevée en idéal par une secte de philosophes : les épicuriens pour la volupté, les stoïciens pour l’orgueil, les dogmatistes de type cartésien pour la curiosité. Mais ce sont des variétés d’une même passion, qui rapporte tout au moi et ne juge bon que ce qui le satisfait.

Cet amour propre engendre une guerre de tous contre tous, où chaque moi veut asservir les autres, afin d’en user pour sa satisfaction. Mais ce vice n’empoisonne pas seulement les rapports avec autrui, il gâte aussi les rapports à soi : ne supportant pas l’évidence de sa misère, de son ignorance et de son impuissance, l’homme les nie, se les cache, les regarde même comme des qualités. L’amour de soi se dissimule sournoisement, sous les attitudes qu’on croit les plus nobles et désintéressées. Par exemple, diagnostique Pascal, « plaindre les malheureux n’est pas contre la concupiscence. Au contraire, on est bien aise d’avoir à rendre ce témoignage d’amitié et à s’attirer la réputation de tendresse sans rien donner » (L.657, S.541). De même la noble volonté des philosophes stoïciens de porter les hommes à la vertu et à la maîtrise des passions n’est au fond qu’une orgueilleuse envie d’être admirés, qu’ils se dissimulent à eux-mêmes. Il existe même une forme collective de l’amour propre, par exemple chez les Jésuites, tous persuadés qu’ils sont les uniques véritables défenseurs de l’Eglise, et qui cherchent à étendre leur influence dans tous les Etats du monde.

Mais l’amour propre ne s’arrête pas là : de vice personnel, il se mue en vice social. Il ne suffit pas de se cacher ses défauts à soi-même, il faut aussi les cacher aux autres. « Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l’idée des autres d’une vie imaginaire, et nous nous efforçons pour cela de paraître» (L.801, S.653). L’amour propre crée donc une sorte de marché commun des mensonges par lequel chacun convient d’ignorer les vices des autres, sous condition qu’ils ignorent les siens. La complicité des moi engendre un réseau d’hypocrisie qui permet à chacun de s’aimer soi-même : « On nous traite comme nous voulons être traités : nous haïssons la vérité, on nous la cache ; nous voulons être flattés, on nous flatte ; nous aimons à être trompés, on nous trompe » (L.978, S.743). Telle est la source de l’ordre social : « L’union qui est entre les hommes n’est fondée que sur cette mutuelle tromperie. »

Ce « déguisement » aux autres et à soi a « une racine naturelle » dans le cœur humain. Mais l’amour propre n’en est pas moins injuste. Non pas seulement parce que le moi est « incommode aux autres » (L.597, S.494), mais parce qu’il est « injuste qu’on s’attache à moi, quoiqu’on le fasse avec plaisir et volontairement. Je tromperais ceux à qui j’en ferais naître le désir, car je ne suis la fin de personne et je n’ai

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