Le mensonge en philosophie
Dissertation : Le mensonge en philosophie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar doloma • 4 Janvier 2021 • Dissertation • 1 105 Mots (5 Pages) • 1 949 Vues
Peut-il être légitime de mentir ? Pour répondre à cette question centrale, il faut tout d’abord mettre en perspective sa réalité en se demandant ce qu’est un mensonge. Ensuite, nous pourrons nous situer sur son plan moral, à savoir, s’il est permis de mentir selon les circonstances qui entourent le mensonge. Est-il possible de faire la différence entre mentir et dire un mensonge ? Le mensonge suppose alors deux conditions : la volonté délibérée de mentir, l’intention de tromper ou divulguer un mensonge en étant trompé. C’est autour de ces deux éléments que les écrivains antiques ont conçu leurs réflexions sur le mensonge.
Dans la République, Platon distingue le mensonge véritable du mensonge en paroles. Le mensonge dit véritable, est proféré de façon délibérée et installe dans l’âme de celui que l’on trompe l’ignorance et l’erreur : « Le mensonge véritable, c’est-à-dire l’ignorance en son âme de celui qu’on a trompé »1. Ce mensonge est haï non seulement des hommes, mais aussi des Dieux. Platon précise aussi que le mensonge le plus grave est celui porté contre les dieux : « c’est bien le mensonge le plus considérable que le mensonge de celui qui, parlant des êtres les plus élevés, s’exprime fallacieusement de manière appropriée »2. Un tel mensonge n’est rien d’autre pour Platon qu’un blasphème contre les dieux. D’autre part Platon écarte la possibilité de croire que les dieux puissent mentir affirmant qu’un être divin ne peut avoir ni la perversité ni la négligence de mentir puisque l’idée même de mensonge est en contradiction avec celle de la divinité. Ainsi, si les Divins ne mentent pas, il n’y aucune raison donnant droit à un simple citoyen d’avoir recours à cette pratique de la parole.
Ce que Platon appelle le « mensonge en paroles » est celui qui ne porte pas préjudice à autrui et qui n’est peut-être pas considéré comme un mensonge en tant que tel. Dans sa définition Platon met l’accent sur les notions d’imitation et de simulacre : « le mensonge en parole n’est qu’une imitation d’une affection de l’âme, un simulacre qui se produit par la suite, ce n’est pas un mensonge sans mélange »3. Un tel mensonge pour Platon est licite parce qu’il peut être utile. Platon accentue cette idée ainsi : « Mais qu’en est-il du mensonge en paroles ? Quand et à qui est-il assez utile pour ne plus mériter qu’on le haïsse ? N’est-ce pas à l’égard des ennemis et de ceux qui comptent parmi nos amis, dans le cas où la folie ou quelque manque de jugement leur fait entreprendre quelque chose de mauvais ? Le mensonge ne devient-il pas alors une sorte de remède capable de les en détourner ? » 4 Ainsi, l’on pourrait croire que le mensonge en parole est permis à tout un chacun, permettant ainsi de se protéger de ses ennemis ou pour protéger ses amis. Pourtant, Platon le limite exclusivement aux gouvernants : « C’est donc à ceux qui gouvernent la cité, si vraiment on doit l’accorder à certains, que revient la possibilité de mentir, que ce soit à l’égard des ennemis, ou à l’égard des citoyens, quand il s’agit de l’intérêt de la cité. Pour tous les autres, il est hors de question qu’ils y recourent »5. Par conséquent, le simple citoyen qui ment sera sévèrement puni dans la mesure où il devient un facteur de déstabilisation de la cité. Platon adopte donc une double attitude face au mensonge, le refus systématique du mensonge pour les citoyens, mais la possibilité accordée à ceux-ci de mentir, mais seulement aux meilleurs d’entre eux.
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