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L'ignorance

Dissertation : L'ignorance. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Octobre 2015  •  Dissertation  •  2 439 Mots (10 Pages)  •  8 782 Vues

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L'IGNORANCE

Introduction:

- L'ignorance, à en croire l'opinion commune, constitue un grand défaut. De ce fait, on pourra souvent voir le terme utilisé à la manière d'une insulte pour qualifier l'état d'une personne: un tel sera dit ignare, inculte voire incompétent suivant le contexte.

- Mais qu'est ce qui est alors entendu par le terme ? Dans le cursus scolaire, il peut arriver que l'on soit confronté à ce mot mais sous une forme différente: On dira d'un élève qu'il possède des lacunes. Le terme est ici fort parlant puisqu'il répond explicitement à notre question. En effet, la "lacune" désigne un défaut de savoir, une ABSENCE de connaissance, qui peut certes être vécue comme un manque mais qui vient ici s'opposer à la compétence, et au savoir.

- Pareillement, dans son ouvrage Le Banquet, Platon nous livre une image dans laquelle il confronte la figure divine à celle de l'ignorant. Dieu, dans cette dernière, disposerait de l'omniscience et n'éprouverait donc pas le besoin d'acquérir un quelconque savoir. Et l'ignorant, lui, serait condamné, du fait de son absence de connaissances, à ne pas prendre la mesure de ce dont il est dépourvu.

- Là encore, on le voit, Savoir et Ignorance apparaissent comme antinomiques, mais le sont ils effectivement ? Ne faudrait-il pas envisager un statut intermédiaire tel celui du philosophe pris en sens littéral avec philo comme désir amoureux et sophie entendue comme savoir ou sagesse ? Un statut où l'absence de Savoir vient nourrir un désir de Savoir ? Où l'ignorance conduit au Savoir ? Où donc l'ignorance se présente comme une condition du Savoir au point que l'on ne concevrait pas l'un sans l'autre ?

- Cela suppose avant tout, que l'absence de savoir soit ressenti comme manque. Doit-on donc concevoir l'ignorance en terme de simple absence de savoir ou bien de manque ?

- Le manque impliquant une exigence de sortie n'y a t-il pas en effet une ignorance positive à distinguer de l'ignorance négative qui, elle, ne cherche pas à sortir d'elle-même ?

- Mais là encore le problème se décline, car peut-on dire de l'ignorance qu'elle est vraiment positive lorsque pressée par le manque, elle cherche à tout prix à s'annuler, c'est-à-dire à se dépasser en savoir ?

- Afin de répondre au problème nous penserons, en premier lieu, l'ignorance en tant qu'absence de savoir pour mieux approcher, dans un deuxième moment, une ignorance positive lorsqu'elle est vécue comme manque avant de passer, en définitive, à une ignorance pleinement positive, celle, insatiable, dont le manque alimente une exigence de savoir qu'aucun savoir ne suffit à apaiser.

1) L'ignorance "suffisante".

- Il faut tout d'abord voir l'ignorance telle qu'elle est vraiment c’est-à-dire comme un état de préjugé issue de l'enfance, en effet comme nous le dit Descartes, l'ignorance est l'état de celui qui a reçu quantité de fausses opinions pour véritables à travers les siens et les autres et qui sont des croyances "supposés" et accueillis sans aucun jugement et qui par-dessus tout se croit savants.

- Car on affaire à une illusion de savoir où l'individu est persuadé par le témoignage pourtant trompeur de ses sens et par les tromperies de l'imagination elle-même. Ici, c'est l'évidence sensible que l'on considère et que l'on approuve comme vraie sans l'avoir questionnée. Cette illusion est également nourrie par les évidences apparentes transmises par ses éducateurs à un âge où l'individu en question ne pouvait pas en juger d'où, par conséquent, la notion de préjugé.

- De plus, cette illusion de savoir est d'autant plus forte que nous sommes habitués à ces opinions issues de l'enfance; habitude qui leur donne une force d'imposition et de persuasion.

- L'ignorance, ici, est semblable à l'image des prisonniers de la Caverne qui n'ayant connus que les ombres, ne peuvent concevoir que ce ne sont justement que des reflets apparents.

- La familiarité de ces opinions est rassurante. Au point que l'on conspire avec elle: souvent, on fait tout pour se persuader de leur véracité tel les prisonniers de la caverne ou tel encore Descartes à la fin de la première méditation redoutant l'abîme auquel confronte la révocation en doute des opinions.

- En effet, en tant qu'animal, l'homme est un être craintif qui a toujours besoin de se rassurer or les opinions se présentent comme des certitudes qui entretiennent donc un sentiment de sécurité en donnant l'illusion que l'on comprend les choses. On peut par exemple voir ce fait dans la superstition qui naît de notre ignorance des causes qui nous déterminent et à laquelle nombres de personnes se raccrochent lorsqu'il s'agit d'expliquer les phénomènes qui surviennent. Cette superstition illustre bien le fait qu'il y a un certain confort dans l'ignorance.

- Ce sentiment de sécurité que l'on retrouve dans l'ignorance, est une fois de plus, d'autant plus fort qu'il y a une familiarité des opinions de l'enfance.

- Mais aussi rassurante qu'elle puisse être, cette ignorance n'en demeure pas moins négative d'abord parce que l'illusion de savoir, qui n'est encore ici qu'une simple erreur, n'est pas UN savoir mais UNE absence de savoir et une absence d'autant plus négative qu'elle n'est pas consciente d'elle-même; d'où la tendance de cette ignorance à la suffisance, à avoir un certain orgueil.

- La négativité de cette ignorance est de plus renforcée par la passivité de l'esprit puisque l'état de préjugé est un état passif où l'on reçoit, comme dit Descartes, bien plus que l'on ne produit. C'est la minorité au sens où l'entend Kant, minorité entretenu à la fois par la paresse des hommes mais également par leur crainte.

- Enfin on pourra être convaincu de cette négativité si l'on songe à l'obscurantisme dans lequel elle nous plonge: en effet cette ignorance est avant tout prompte à la superstition, déjà évoquée, et au fatalisme (il suffit par exemple qu'une tuile tombe au moment où un homme passe en dessous pour entendre le discours du fatalisme nous dire que la tuile est tombée parce

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