Criton de Platon

Platon, “ Criton ”

Prologue ( 43a – 44b )

Socrate se réveille naturellement et constate que Criton est présent depuis « un bon bout de temps déjà » [43a]. Criton fait part de son étonnement à son ami : il dormait paisiblement et plus heureux que jamais dans le malheur qui le touche alors qu'il est emprisonné. Socrate lui explique qu'il n'a pas à se plaindre de mourir à soixante-dix ans [43b], Criton répond que son âge ne l'empêche pas de contredire les faits qui lui sont reprochés. Devant l'indifférence de son ami face à sa condition, ce dernier présente la nouvelle du jugement, en réalisant qu'elle sera plus « pénible et accablante » pour son entourage que pour Socrate-même [43c].

• Sa mort est d'abord annoncée par Criton [43c] bien que Socrate le sache, il lui dit que l'arrivée du bateau, signifiant l’exécution de la sentence, se ferait apparemment le jour même, et qu'il devra « mettre un terme à sa vie » le lendemain. Socrate avance que cela est le choix des dieux ( auxquels il est accusé de ne pas croire ), et qu'il pense que l'arrivée du bateau ne sera pas ce jour [43d].

• Les Onze ont décrété qu'il doit « mourir le lendemain du jour où le bateau sera arrivé ». Les songes sont familiers à Socrate, et il en a eu un quand il dormait devant Criton qui ne l'a heureusement pas réveillé [44a]. Ce songe, sous la forme d'une belle femme, lui apprit qu'il arrivera « dans la Phthie fertile » dans trois jours.

I. La proposition et l'exposé de Criton

I.1. Socrate doit s'évader et fuir Athènes car des malheurs s'abattraient sur Criton ( 44b - d )

Criton tente de raisonner Socrate pour le faire sortir de prison et lui éviter de boire la ciguë et ainsi éviter à Criton non seulement de perdre un très cher ami [44b] mais aussi d'être accusé de préférer son argent à son ami [44c].

Il craint également la mauvaise réputation que les gens lui donneraient : les personnes qui les « connaissent mal » [44b] diront qu'il n'a pas voulu payer pour Socrate, et « ne croiront jamais » que c'est ce dernier qui a refusé l'aide de son ami. Socrate, lui, ne se soucie nullement de l'opinion des gens [44c]. Criton expose qu'il faut s'en soucier, car c'est bien l'opinion des gens qui a choisi du destin de Socrate [44d].

I.2. Socrate ne doit pas avoir de craintes ( 44e – 45c )

Il doit tout d'abord abandonner la crainte des sycophantes ( classe d'accusateurs de profession ), qu'il craint d'accuser ses amis de son évasion et de les condamner [44e]. Criton explique qu'il est du devoir de ses amis de le libérer, et qu'ils pourraient débourser beaucoup à cet effet bien que les sycophantes soient facilement corruptibles [45a].

Il ne doit pas s'inquiéter concernant la fortune de Criton car « des gens sont disposés » à lui sauver la vie pour une somme d'argent astronomique [45a], et s'il ne veut pas entamer la fortune de Criton, « des étrangers sont tout prêts à cette dépense » [45b].

Il ne doit pas non plus se soucier de l'exil évoqué devant le Tribunal, car il sera bien accueilli partout à l'étranger [45b]. Criton rapporte qu'il a des connaissances qui l'aideront [45c].

I.3. Rester ne serait pas conforme à la justice ( 45c – e )

Le refus de Socrate de s'enfuir serait injuste à l'égard de lui-même, il se trahirait alors qu'il peut assurer son salut. D'après Criton la justice serait faite si Socrate s'enfuit, car l'emprisonner et le tuer est une injustice [45c]. Fuir serait l'opposé de l'injustice qu'il subit. Il répondrait alors à l'injustice par l'injustice.

À l'égard de ses fils également son refus serait injuste car il les abandonnerait [45c] et manquerait leur éducation. Il se comporterait de manière égoïste et ses fils seraient jugés par les gens en tant qu'orphelins [45d].

Au niveau de son entourage, Criton explique que faire des enfants inclut de « peiner ensemble », il l'accuse de choisir la mort comme solution de facilité plutôt que de continuer dans la vie, il met en doute cette vie qu'il avait dit vertueuse dans L'Apologie (29e) [45d]. Son entourage aurait honte car serait accusé de lâcheté envers les accusations contre Socrate qu'ils auraient pu déjouées [45e].

I.4. Une décision doit être prise ( 45e – 46a )

Suite aux arguments exposés par Criton [45e], ce dernier ne laisse plus le choix à son ami : la fuite doit se faire la nuit prochaine, il n'y a plus de doutes possibles [46e].

II. Le refus de Socrate

II.1. Qui doit-on consulter ?

II.1.1. On doit consulter le principe ( 46b – c )

Criton a mis en doute le choix de Socrate ( rester ), qui lui répond qu'il obéit aux meilleures de ses « règles de conduite », afin de prendre les bonnes décisions, et qu'il ne les changerait pas du fait du jugement qui a été prononcé [46b]. Les menaces proférées contre lui ne le feront pas renoncer à ses règles de conduites, menaces qu'il compare aux contes racontés aux enfants pour les effrayer afin qu'ils obéissent [46c].

II.1.2. On doit consulter son application ( 46c – 48a )

A. Ce n'est pas le grand nombre qui doit être consulté ( 46c – 47a )

Socrate pose que les jugements doivent plus ou moins être pris en compte [46c], en fonction des uns ou des autres [46e], et Criton approuve que « les jugements dommageables viennent des insensés » [47a]. Socrate pense par lui-même et ne suit pas les opinions de ces « insensés », du grand nombre.

B. C'est bien l'expert qui doit être consulté ( 47a – 48a )

Socrate fait approuver Criton que ce sont bien « les gens sensés » qui portent « les jugements utiles », qui eux-mêmes « méritent considération » [47a]. La personne spécialisée connait mieux son domaine que le grand nombre qui lui, n'est pas spécialisé.

a) La consultation

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