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Texte De Kant

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Par   •  5 Mars 2013  •  2 407 Mots (10 Pages)  •  1 028 Vues

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On représente parfois l’exigence morale comme une réalité extérieure au sujet, un ange par exemple, comme si quelqu’un en lui ou hors de lui, lui intimait des ordres. Et pourtant, le sujet doit bien se juger lui-même sans quoi ce jugement ne serait pas vraiment moral. Or, s’il se juge, il a toutes les chances de ne pas être impartial. Dès lors, on peut se demander si la conscience morale peut se concevoir comme une sorte de tribunal et si oui, s’il s’agit d’un tribunal forgé ou réel.

Tel est le problème que Kant résout dans cet extrait de sa Doctrine de la vertu. Le philosophe veut montrer que c’est légitimement que la conscience, qui nous constitue, a le devoir moral de se juger à partir de la représentation d’un autre qu’elle.

Reste qu’ainsi conçue, rien ne lui interdirait de toujours plaider pour sa cause et donc de n’être qu’un leurre. Dès lors, l’autre qui me juge dans le phénomène de la conscience morale ne doit-il pas être un autre réel qui se montre à moi ?

On verra pourquoi selon Kant l’homme, quelle que soit sa façon d’agir, ne peut pas ne pas être jugé moralement par sa conscience. Puis nous verrons d’où vient qu’elle se dédouble. Et enfin on pourra s’interroger avec lui pour savoir comment concevoir cet autre qui juge nos actions.

L’auteur commence par poser l’universalité de la présence de la conscience en l’homme. Il indique son action en la présentant comme un juge intérieur par différence avec le juge du tribunal qui est une autre personne que les parties. Comme juge la conscience connaît ce qui se passe, elle observe selon Kant. En effet, il n’y a pas de jugement sans connaissances des faits. Or, en matière morale, c’est l’intention qu’il faut connaître. La conscience saisit donc l’intention du sujet car c’est la sienne ou ça a été la sienne.

Mais elle menace également. Celle-ci ne consiste pas à simplement produire la crainte même si elle la produit aussi. Car Kant généralise son propos en disant que le rôle de la conscience est de tenir en respect l’individu. La menace est donc morale. La conscience a pour objet de faire en sorte que l’individu agisse en fonction des lois. Or, de telles lois ne peuvent qu’être morales, c’est-à-dire être obligatoires et avoir le bien pour objet. Kant ne dit pas explicitement que la conscience énonce ce qui est bien ou mal comme Rousseau le fait dans la « Profession de foi du vicaire savoyard » qui se trouve dans le livre IV de son Émile. D’où viennent ces lois ? Elles ne viennent pas simplement de l’individu puisque la conscience apparaît aux yeux de Kant comme appartenant essentiellement à chaque homme. Dès lors, il faut en conclure que les lois morales ne sont pas non plus arbitraires. Elles ne peuvent être les coutumes ou les lois sociales. Car sinon on comprendrait qu’il y ait en nous un autre qui nous juge et qui nous semble être nous-mêmes en ce sens, comme le montre Montaigne dans ses Essais, que la coutume étant introduite en nous dès la naissance, elle nous semble naturelle. Mais cet autre ne serait alors que la société. Dans ce cas, il serait possible de s’en passer en se retrouvant soi-même ou en usant de sa raison comme le préconise Montaigne. Or, c’est ce que Kant refuse pour qui la conscience émane de la raison.

En effet, selon l’auteur, la conscience nous est essentielle. Il le note à travers une comparaison qu’on peut expliciter en disant que la conscience est à l’âme ce que l’ombre est au corps. De même donc que notre ombre nous suit toujours, ainsi notre conscience. Kant indique toutefois comment il est possible par moment de ne pas l’entendre. C’est ce qui pourrait donner à penser qu’elle n’est pas essentielle. Il faut soit vivre dans les plaisirs, soit dans les distractions. Les uns et les autres permettent de s’étourdir ou de s’endormir. Ce qui correspond à une autre sorte de perte de conscience. En effet, celui qui vit dans les plaisirs est certes conscient. Mais sa conscience est tournée vers les plaisirs et non vers soi. De même celui qui est endormi au sens propre ou figuré. On peut dire avec Descartes dans la Lettre à Gibieuf du 19 janvier 1642 qu’il est conscient à chaque instant mais qu’il ne se souvient pas de l’avoir été. Bref, pour ne plus entendre sa conscience alors qu’elle nous constitue, il faut se tourner vers autre chose que soi, ce que signifie proprement se distraire. Or, comme la conscience est nous-mêmes, elle n’est donc pas une donnée, mais une exigence. Et comme elle est une exigence qui nous constitue, l’homme ne peut constamment être inconscient, c’est-à-dire sourd à la voix de sa conscience. Aussi lorsqu’il prend conscience de lui, entend-il la voix de sa conscience. Et cette voix est terrible puisqu’elle est celle de l’exigence morale qui somme l’individu d’agir pour le bien et non pour lui. Kant présente un dernier cas : c’est celui d’un homme qui ne se soucie plus de la voix de la conscience parce qu’il est arrivé à « la plus extrême abjection ». Il faut comprendre qu’il a depuis longtemps choisi la voie du mal et que toutes ses actions sont contraires à la morale. Il est donc clair qu’il n’écoute pas sa conscience. Est-ce à dire qu’il s’est détruit moralement ? Nullement. Même dans ce cas dit Kant, un tel homme doit entendre sa conscience. Pourquoi ? Sinon, il n’en aurait plus et elle ne serait plus constitutive de l’essence de l’homme.

Or, Kant présente la conscience comme si elle était extérieure à l’individu tout en affirmant qu’elle lui est essentielle. Si donc c’est sa conscience, comment pourrait-il l’entendre puisqu’elle est justement ce qui rend possible d’entendre ? Autrement dit, comment rendre compte de ce dédoublement ? Ne montre-t-il pas justement que la conscience n’appartient pas originellement à l’individu ?

Kant reprécise les caractères de ce qui est nommé habituellement conscience. C’est à la fois une disposition intellectuelle puisque la conscience me livre un savoir sur moi-même. Or, ce savoir n’est pas un simple sentiment. Sinon, il disparaîtrait après chaque acte de conscience. Quant au terme intellectuel, il indique que le sujet conceptualise et ne se contente pas de percevoir, autrement dit que je me représente l’universel et non seulement le particulier ou le singulier. Il peut donc porter un jugement. C’est un savoir sur soi, c’est-à-dire sur la personne en tant qu’elle reste identique à elle-même. Car, il faut pour que je puisse me juger que je me pense comme le même que celui que j’étais précédemment. Et pour que je puisse être le même que précédemment, il faut que je sois conscient de moi. C’est la raison pour laquelle

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