Que Doit On A L'Etat ?
Commentaires Composés : Que Doit On A L'Etat ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar matthieufournier • 1 Janvier 2014 • 2 737 Mots (11 Pages) • 1 033 Vues
L'Etat est l'instrument juridique et politique de l'ordre social, mais il se distingue lui-même du corps social. Il faut rappeler les distinctions suivantes : premièrement, la société civile : c’est-à-dire l’ensemble des hommes vivant dans une certaine société, sous des lois communes ; deuxièmement, la nation , qui est une notion plus politique ou historique que philosophique : c’est l’identité dans laquelle se reconnaissent et se rassemblent des hommes se sentant un passé et un avenir commun, au milieu des autres nations ; troisièmement l’Etat proprement dit : c’est une personne morale possédant des structures juridiques, représentant la nation elle-même et plus précisément l’ensemble des services généraux d’une nation quatrièmement, le gouvernement : un ensemble de personnes auxquelles la société civile a délégué directement ou indirectement le pouvoir de diriger l’Etat. Les gouvernements passent, tandis que l’Etat demeure (“le roi est mort, vive le roi!”).
Dans les sociétés dites « primitives », les règles émanent directement de la collectivité qui se charge de les faire respecter par l’intermédiaire de son « chef ». Le pouvoir politique n'est pas séparé de la société : les sociétés primitives sont des sociétés sans État. De nos jours, au contraire, les Etats sont détenteurs du Pouvoir politique, juridique et naturellement militaire ; ils se sont développés comme de véritables puissances autonomes. Bien que nécessaires, les Etats se trouvent aujourd’hui « attaqués » sur plusieurs fronts : celui de la société civile, notamment le « monde de l’entreprise » qui aimerait bien limiter les pouvoirs de l’Etat, celui de la vie associative qui aimerait bien réinventer la « politique », celui du Citoyen lui-même qui aimerait bien être « entendu » plus souvent, enfin celui des communautés supra-nationales ou multinationales qui relativise la souveraineté historique des Etat-nations. C’est pourquoi nous serons fondés à parler des « ambiguïtés » de l’Etat.
Nous étudierons d’abord les origines de l’Etat, notamment dans la notion de souveraineté. Puis nous verrons les fonctions de l’Etat : fonction sécuritaire, juridique, éducative. Enfin nous évoquerons son ambiguïté à travers ses perversions possibles, les critiques des philosophes, pour déboucher sur la question cruciale de la démocratie et de la citoyenneté future.
Dans un premier temps, pour étudiez ce que nous devons a l’Etat nous devons d’abord comprendre ces origines. Alors que “politique” vient du grec polis (cité), équivalent en latin de Civitas, le mot Etat n’apparaît qu’au 16è s. chez Guichardin et Machiavel. En effet, l’idée de l’Etat n’a pas cours dans l’Antiquité alors que la vie politique y est fort intense. La polis définit plutôt un mode de vie ou d’existence communautaire. La Constitution (politeia) n’y est pas un texte de droit écrit. Pas davantage que la Cité grecque, la Civitas romaine n’est une forme politique conceptuellement pensée. Elle est une réalité concrète, la res publica (chose publique) : la République.
Quant à la féodalité médiévale, les rapports politiques y sont en fait des relations interpersonnelles de patronage ou de service : l’engagement vassalique, l’hommage, le devoir de fidélité y sont toujours des rapports privés et s’établissant de personne à personne. Mais les qualités personnelles du noble (ou du « chef » dont l’autorité reposait sur le prestige) peuvent apparaître, à un certain moment, impuissantes à justifier l’autorité qu’il exerce, donnant lieu à trop de rivalités et de luttes. Alors naît l’institution étatique conçue comme séparée de la personne du chef. Nous n’avons plus seulement des rapports privés de chef à sujets soumis, mais des rapports de gouvernants à gouvernés (c’est-à-dire d’autorité à obéissance).Selon Rousseau, : « Il y aura toujours une grande différence entre soumettre une multitude et régir une société. Que des hommes épars soient successivement asservis à un seul, en quelque nombre qu’ils puissent être, je ne vois là qu’un maître et des esclaves, je n’y vois point un peuple et son chef : c’est, si l’on veut, une agrégation, mais non pas une association. Cet homme, eût-il asservi la moitié du monde, n’est toujours qu’un particulier ; son intérêt, séparé de celui des autres, n’est jamais qu’un intérêt privé. Si ce même homme vient à périr, son empire après lui reste épars et sans liaison, comme un chêne se dissout et tombe en un tas de cendres, après que le feu l’a consumé. »
Le pouvoir étatique doit pouvoir se “justifier” ou se légitimer : c’est ce qu’on appelle sa souveraineté. Reste à savoir ce qui le justifie. Longtemps a prédominé une conception “théocratique” du pouvoir. C’est-à-dire que l’on faisait du pouvoir terrestre (politique) l’instrument ou le prolongement d’une autorité céleste (religieuse). Mais un pouvoir “institué” par une autorité extérieure — par exemple l’Eglise — n’est pas un pouvoir souverain, c’est-à-dire libre. La souveraineté et donc l’état ne se rapportent stricto sensu qu’à un pouvoir qui se pense ou s’exerce comme pouvoir profane, c’est-à-dire purement juridique. Autrement dit c’est le pouvoir qui fait la loi, et personne d’autre. D’apres Machiavel, l’Etat se légitime lui-même
Cependant, depuis Rousseau en philosophie et depuis la Révolution française dans l’histoire, la souveraineté est définie comme souveraineté du Peuple (et plus seulement de l’Etat). Le peuple est avant tout une notion morale et politique, à savoir un ensemble de personnes se donnant des lois fondamentales par l’intermédiaire de l’Etat et ses représentants. Les hommes, pour Marsile de Padoue (Le défenseur de la paix, 1324) se réunissent en commun pour subvenir à leurs besoins un point c’est tout. La société civile existe donc pour elle-même et par elle-même. Elle n’existe pas, comme le pensait Thomas d’Aquin par exemple, comme communauté “ordonnée en vue d’un bien” qui lui serait supérieur. De là, au 18è siècle, l’invention du concept philosophique de “volonté générale” et de “contrat social”, qui marque l’autonomie de la société civile résumée et idéalisée dans la notion de “Peuple”. Le peuple est donc le vrai législateur. Un Etat où le peuple possède la souveraineté s’appelle une République. Mais par ailleurs il ne peut être que représenté. C’est justement l’Etat représente le peuple, comme le gouvernement représente à son tour l’Etat. Cette notion de représentation avec toutes ses modalités pratiques possibles, est à l’origine
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