Pourquoi Obeit-on ?
Mémoire : Pourquoi Obeit-on ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hockey • 14 Décembre 2013 • 1 565 Mots (7 Pages) • 3 240 Vues
« S’il est vrai que de tous les temps, depuis qu’il y a des hommes, il y a eu aussi des troupeaux humains […] et toujours un grand nombre d’hommes obéissant à un petit nombre de chefs ; si, par conséquent, l’obéissance est ce qui a été le mieux et le plus longtemps exercé et cultivé parmi les hommes, on est en droit de présumer que dans la règle chacun de nous possède en lui le besoin inné d’obéir. » Nietzsche
En effet, tous les jours, nous nous conformons à un certain nombre de règles qui dictent notre quotidien. Pourquoi obéir ? Pourquoi ne pas plutôt faire ce que l’on veut ?
Reprenons tout d’abord la définition de l’obéissance donnée par Max Weber. Selon lui, l’obéissance signifie que l’action de celui qui obéit se déroule, en substance, comme s’il avait fait du contenu de l’ordre la maxime de sa conduite et cela simplement de par le rapport formel d’obéissance, sans considérer la valeur ou la non-valeur de l’ordre.
Si l’on souhaite aborder le problème de manière plus concrète, il est possible de s’intéresser à l’Etat. En effet, l’Etat est le modèle le plus flagrant, le plus emblématique, d’obéissance / de soumission volontaire d’un groupe à un autre. Pourquoi une telle obéissance ? Pourquoi les citoyens acceptent-ils que l’Etat soit le seul à avoir l’usage légitime de la violence, à imposer des lois, à les contraindre à payer l’impôt ?
Sur quels fondements le processus d’obéissance se base-t-il afin d’assurer aux gouvernants la stabilité de leur domination ?
Dans cette optique, nous essaierons, dans une première partie, de comprendre de quelle manière l’obéissance est instituée et justifiée avant de se pencher sur les motivations de l’acceptation relativement pacifique de l’obéissance. Pour faire simple, nous verrons d’abord pourquoi obéit-on et ensuite pourquoi ne désobéit-on pas.
I – Comment parvenir à l’obéissance ?
Cela peut sembler un peu simpliste mais il semblerait que l’être humain ait besoin d’un chef. Kant disait:
« L'homme est un animal qui, lorsqu'il vit parmi d'autres membres de son espèce, a besoin d'un maître. Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables[…]. Il lui faut donc un maître pour briser sa volonté particulière, et le forcer à obéir à une volonté universellement valable; par là chacun peut être libre. »
Toutefois, ce maître ne tombe pas du ciel et doit s’imposer d’une quelconque manière. Les analyses du pouvoir énoncent essentiellement deux manières de parvenir à l’obéissance : la contrainte et la légitimité.
A- L’obéissance par la contrainte
C’est une situation relativement classique et qui est la plus « simple ». Il existe différentes contraintes possibles :
- La contrainte physique, c’est celle qui s’exprime lors des coups d’Etat et des Révolutions. On accepte l’autorité installée parce qu’elle dispose des moyens militaires, par exemple, de se maintenir au pouvoir.
- La contrainte psychologique. C’est typiquement une situation de chantage où une personne possède l’ascendant sur une autre du fait du risque de représailles…
- La contrainte économique. Il est possible pour un groupe de restreindre les ressources vitales accordées à un autre groupe. Cette possibilité fait que le groupe sous la menace va, bien sûr, obéir.
L’usage de la contrainte pour parvenir à ses fins ne se rencontre quasiment que lorsque la légitimité n’est pas suffisante ou inexistante. Toutefois, cela ne signifie pas que c’est la solution la moins rencontrée.
En général, la contrainte et la légitimité fonctionnent de pair pour parvenir à l’obéissance et surtout pour que celle-ci soit pérenne et librement consentie.
B- L’obéissance par la légitimité
Se rendre légitime auprès de ses gouvernés est une autre manière de parvenir à l’obéissance. Il s’agit de rendre normale / juste la prise de pouvoir et la prise de décisions, l’édiction d’ordres, qui en découle.
Max Weber, dans son ouvrage Economie et Société, a fait une classification des différentes légitimités rencontrées et en a répertorié trois comme étant emblématiques. Ce sont des idéaux types qu’il faut donc considérer avec un certain recul. Ils permettent essentiellement d’étudier les différents types de domination et agissent la plupart du temps en interaction.
- La légitimité traditionnelle : elle s’appuie à la fois sur les coutumes et sur une croyance en le bien-fondé de la tradition. Le pouvoir est sacré et connait un processus de naturalisation du pouvoir, c'est-à-dire que le temps justifie son existence.
Dans ce type de légitimité, la personnalisation du pouvoir est très forte. On obéit à la personne et non pas à des règlements. Quand il y a une révolte, c’est la plupart du temps contre les abus de la personne au pouvoir ( non-respect des traditions ) et non contre le système. Les exemples les plus illustres de ce système sont bien évidemment les monarchies absolues ou le tsarisme.
- La légitimité légale-rationnelle : Au contraire de la précédente, elle s’appuie sur « un cosmos de règles abstraites ». On constate une dépersonnalisation de l’exercice du pouvoir qui se traduit dans l’obéissance à des règlements impersonnels, détachés de l’arbitraire
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