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Penser C'est Dire Non

Dissertation : Penser C'est Dire Non. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Janvier 2014  •  2 043 Mots (9 Pages)  •  2 087 Vues

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La capacité de penser est ce qui différencie, outre certains caractères physiques, l'homme des animaux. Dans ce texte dont on ne conserve généralement que la première phrase, Alain propose une définition de la pensée, de l’acte même de penser. Penser c’est dire non, c’est refuser d’accepter immédiatement une telle acceptation étant signe de soumission ou de paresse ou de sommeil de la raison. Penser, c’est donc d’abord être éveillé, être en activité et faire preuve de vigilance. Pourtant, suffit-il de refuser, de s’opposer pour penser ? Par ailleurs, faut-il dire non à tout ? Au vrai ? Au juste ? Au bien ?…Alain va donc s’attacher ici à préciser sa pensée. La pensée ne réside pas dans un refus systématique qui pourrait être le signe d’un esprit borné. La pensée doit d’abord dire non à elle-même. Penser c’est donc déjà combattre contre ses propres opinions, contre ses propres croyances, contre ses propres désirs. La tentation est grande de céder aux délices de l’opinion et à sa facilité. Le prisonnier qu’on détache commence d’ailleurs par souffrir. Il doit lutter contre lui-même. La célèbre formule de Socrate dit que s’il ne sait qu’une chose c’est qu’il ne sait rien. Il s’oppose alors à ceux qui ont accumulé tout un ensemble de connaissances et qui se croient savants parce qu’ils peuvent les répéter. Socrate montre ainsi que le véritable savoir est un rapport à soi. D’où encore cette autre formule célèbre : « Connais-toi toi-même ». Penser c’est donc dépasser les apparences et cela demande un effort. Alain dit, en parlant de la dernière façon de penser, que nous venons d’évoquer, que « penser, c'est dire non ». En quoi le jugement peut-il être conçu comme étant un refus ? En quoi, toutefois, ne saurait-il s’y réduire ? Et, enfin, en quoi la pensée est-elle, somme toute, un processus relevant à la fois du refus et de l'adhésion ?

Pour bien voir en quoi le fait de penser peut consister en un refus, il est capital d'analyser les étapes de la formation d'un jugement. Intellectuellement parlant, nous ne sommes pas vierges. Nous avons été amenés à avoir des avis sur ce qui nous entoure. Mais ces avis ne sont en fait que des opinions, des idées que nous tenons pour vraies sans en avoir réellement analysé la teneur et estimé la valeur.

Ainsi, quand nous nous efforçons de penser, deux choix s'offrent à nous : rejeter l'opinion ou en faire une pensée authentique en la justifiant avec un raisonnement.

L'auteur établit un parallèle entre l'esprit et le corps : dire oui, c'est s'endormir intellectuellement ; de même que dodeliner de la tête, c'est le geste qui précède l'endormissement. Au contraire, l'homme qui veut s'éveiller commence par se secouer, ce qui produit le geste signifiant « non ». Alain semble chercher dans les signes, une signification cachée et naturelle portée par le langage : le signe du refus et le même que celui du réveil.

Par exemple penser à ce qu'il faut faire lorsque l'on est malade : deux opinions s'offrent à nous. Nous pouvons nous dire qu'il faut rester chez soi et se soigner, ou bien aller tout de même au travail ou faire nos occupations habituelles. Ces deux opinions ne sont pas plus fausses l'une que l'autre, tout dépendra par exemple du degré de gravité du mal dont on souffrira, des risques que l’on encourra de l’aggraver en ne s’arrêtant pas. Donc chacune des deux solutions peut être valable, et ce qui doit justifier notre choix n'est point l’adhésion à l'une ou à l'autre pour telle ou telle raison, mais plutôt notre état du moment. C'est l’exemple d'un jugement réfléchi qui a transformé en pensée les deux opinions qui lui avaient servi de point de départ.

Mais l'opinion peut se présenter sous plusieurs formes, soit, comme nous venons de le voir, sous la forme d’un avis, mais aussi sous la forme d’un point de vue personnel. Dans l’un et l’autre cas, nous devons agir de la même façon. C'est-à-dire que, si quelqu'un nous présente son opinion en nous disant ce qu'il convient de faire dans telle ou telle situation, nous ne devons pas accorder plus de crédit à cette affirmation que nous n'en aurions accordé à une opinion plus « publique ». Mais nous devons analyser cette opinion, et nous pourrons nous en faire notre pensée, si nous sommes d'accord , après réflexion, avec le point de vue de notre conseiller. Si quelqu'un maintenant tente de nous convaincre, nous ne devons pas céder à la tentation de le laisser jouer sur nos affects et les laisser prendre le pas sur notre propre réflexion.

Cependant si nous avons vu que la pensée peut consister en un refus total, partiel, ou temporaire de l'opinion, il est important de voir qu'elle relève également en partie de l’adhésion. Partant de l’idée première, de l'opinion, le fait de penser induit un refus, mais ce refus, il est important de le préciser, est temporaire et garantit des bases solides dans l'élaboration de la pensée en ceci qu'il la préserve des préjugés susceptibles de l’induire en erreur. Ceci souligne de nouveau l'importance d'un recul critique rendu possible par la réflexion. Nous pouvons dire par ailleurs qu'une pensée qui n'est pas critique relève de l'opinion.

Si l'on veut savoir quel shampooing est le plus avantageux nous aurons affaire à un refus majeur, celui de nous laisser influencer par la publicité. Ce refus est d’ailleurs nécessaire : comment établir quel produit est le meilleur à partir de la seule publicité présentant tous les produits comme étant les meilleurs ? Cet état de refus sera néanmoins temporaire, car une fois que nous aurons déterminé le bon choix à faire, nous ne serons plus dans un état de refus, nous nous contenterons de ne plus prêter attention aux publicités ou autres sirènes pour suivre nos propres choix, ce qui est différent du refus.

L'autre chose qui conduit à dire que penser, c’est aussi en quelque façon dire oui, adhérer et c'est ce à quoi la

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