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Obéissance Et résistance

Compte Rendu : Obéissance Et résistance. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Mai 2013  •  908 Mots (4 Pages)  •  1 021 Vues

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La loi réclame de nous l'obéissance : quiconque refuse de s'y soumettre s'expose à des poursuites et à des sanctions. Le citoyen raisonnable sait cependant que cette obéissance, loin de contredire sa liberté, vient au contraire la garantir : dans un État de droit où la loi s'applique à tous, ce qui m'est interdit l'est également aux autres − si donc la loi m'empêche de m'emparer d'un bien convoité par la force, elle protège également mes biens de la convoitise d'autrui. Le rôle des lois, c'est donc de garantir la liberté, la personne et les biens du citoyen ; est-ce à dire cependant que celui-ci doit s'y soumettre aveuglément ? Car enfin, si les lois nous protègent bien d'un retour de la guerre de tous contre tous qui caractérisait l'état de nature, un État qui ne réclame plus de nous que l'obéissance servile n'est-il pas tyrannique ? Que chacun ne fasse que résister aux lois, en n'obéissant que lorsque cela lui plaît, et c'est l'anarchie où la force fait le droit ; que chacun ne fasse que leur obéir, et c'est à coup sûr l'établissement de la dictature. Sans doute alors faudrait-il que le citoyen obéisse aux lois sans pourtant se départir de son esprit critique ; que donc il considère son obéissance comme un bien, mais non comme une évidence allant de soi. En somme, il faudrait que le citoyen obéisse, sans cesser de résister ; mais peut-on seulement résister sans désobéir ? Suffit-il de dire que le citoyen demeure en son for intérieur libre de critiquer la loi ? Mais que vaut une « liberté interne », pour reprendre une expression kantienne, si elle n'a jamais la possibilité de s'extérioriser ?

Le citoyen raisonnable sait qu'il faut obéir aux lois, car elles seules garantissent sa liberté. Mais il sait aussi que les lois sont des œuvres humaines, qu'elles peuvent donc être mal faites, voire injustes ; il doit donc garder envers elles une distance critique et même une certaine méfiance. L'obéissance ne doit pas être acquise pour toujours : le citoyen qui refuse de se soumettre aux lois menace l'ordre public ; celui qui, au nom de la sécurité, accepte une soumission sans conditions est mûr pour la dictature. Pour que le pouvoir demeure mesuré, et que les lois défendent la liberté au lieu de la menacer, il faut donc que le citoyen puisse demeurer critique envers elles, qu'il n'en fasse pas autant d'autorités absolues et indiscutables. La première forme de résistance face à la loi, c'est donc la liberté de penser, laquelle ne nous conduit pas à désobéir, mais à interroger le bien-fondé et la légitimité du commandement. Or, comme le remarquait Kant dans Qu'est-ce que les Lumières, une telle liberté n'est rien, si elle n'a pas la possibilité de s'extérioriser sur la scène publique : le citoyen doit non seulement pouvoir critiquer les lois en son for intérieur, mais il doit avoir le droit inaliénable de rendre publiques ses critiques. En d'autres termes, il faut que la loi demeure toujours un objet de discussion, mais que la discussion ne conduise pas à la désobéissance. Comment alors articuler ces deux notions ?

Sans doute est-ce la distinction kantienne d'un usage public et d'un usage privé de la raison qui va nous permettre de lever la contradiction.

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