Les œuvres D'art éduquent-elles Notre Perception ?
Analyse sectorielle : Les œuvres D'art éduquent-elles Notre Perception ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar raninia62 • 26 Mai 2015 • Analyse sectorielle • 1 322 Mots (6 Pages) • 955 Vues
Une œuvre d’art peut être définie comme la belle rencontre de la matière et de l’esprit, issue de la libre création d’un artiste. Elle existe pour elle-même mais aussi comme objet d’une contemplation, d’une expérience et d’une jouissance esthétiques. On peut penser que le rapport aux œuvres d’art n’apporte rien de plus, d’autant que notre perception ne semble pas devoir être éduquée, si par percevoir on entend simplement avoir une sensation visuelle, ouvrir les yeux et recevoir le monde et par éduquer, apprendre, enseigner. Se demander si les œuvres d’art peuvent éduquer notre perception, c’est donc présupposer que voir ce n’est peut-être pas vraiment percevoir, que la perception exige un apprentissage, un médium, un « organe de perception » que pourraient être les œuvres d’art.
Il s’agit donc de se demander en quoi des œuvres d’art sans visée pédagogique ou sans viser la vérité et la connaissance, en célébrant les apparences (et qui depuis Platon sont même parfois associées à des copies, des simulacres détournant de la réalité et du savoir) pourraient contribuer à faire en sorte que le spectateur ou amateur d’art perçoive vraiment la réalité qui l’entoure. Si l’art est le règne de l’apparence comment pourrait-il changer notre rapport au réel, nous rapprocher de la vérité ? On peut aussi s’interroger sur la nature de cette éducation, est-elle une formation ou une « dé-formation », une réforme du regard ? Est-elle une acquisition positive de nouvelles données perceptives qui viennent s’ajouter et constituer une nouvelle connaissance ou art (savoir-faire) ou à une catharsis du regard qui consisterait à se défaire d’une perception donnée ? Enfin, on peut s’interroger sur les limites de cette éducation de la perception par l’art ? Les œuvres d’art ont-elles vraiment cette vertu pédagogique ? Peuvent-elles avoir l’autorité, le crédit suffisant pour éduquer ? Ne peuvent-elles pas être victimes d’une perception qu’elles ne pourraient donc pas éduquer ?
Il y avait plusieurs plans possibles pour traiter ce problème.
Un plan possible :
1.Si on entend par « percevoir » simplement voir (percevoir par le sens de la vue, enregistrer l'image de ce qui se trouve dans le champ visuel, avoir une sensation visuelle selon un mécanisme supposant quelque chose qui est là et qui affecte l’œil), si on associe une œuvre d’art à la belle apparence, on peut penser que l’art n’éduque pas la perception
- car celle-ci est immédiate et ne nécessite aucun apprentissage : « Dire que nous avons appris à voir, à entendre, à goûter, à sentir, à toucher, paraît le paradoxe le plus étrange. Il semble que la nature nous a donné l’entier usage de nos sens, à l’instant même qu’elle les a formés ; et que nous nous en sommes toujours servi sans étude » disait Condillac, Essai sur l’origine des connaissances humaines (1741)
- l’art est soit une copie, une imitation du réel qui ne nous apprend rien de plus que ce que l’on sait déjà, soit une fuite du réel (divertissement, imaginaire) soit enfin il prend la place du réel (simulacre de Platon) et par là nous dupe plus que ce qu’il nous apprend à voir mieux ou autrement ce réel
- l’œuvre d'art peut être perçue comme ayant sa place dans la représentation habituelle du réel, du monde : matière organisée, objet de sensation auquel on peut attribuer une fonction : religieuse, sociale, économique, qui répond à un besoin chez le spectateur, l'artiste, la société. L’œuvre d'art peut s'insérer dans le rapport naturel que notre conscience a avec le réel. (Bergson, conscience qui vise l'utile, le vital). OU cette représentation peut ne pas être affectée par l'existence d’œuvres simplement jugées inutiles et donc rejeter : philistinisme vulgaire ou cultivé.
Donc on peut contempler des œuvres d’art sans que cela ait des conséquences sur notre perception sensible de ce qui nous entoure, sans que cela ne change rien à notre manière de voir
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