Le libre arbitre
Note de Recherches : Le libre arbitre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar seb31962012 • 14 Octobre 2014 • 1 974 Mots (8 Pages) • 1 067 Vues
LIBERTE ET DETERMINISME
I D’UN DETERMINISME A L’AUTRE
II UN MONDE OUVERT, UNE LIBERTE RESTREINTE
III LE DETERMINISME, FONDEMENT DE LA LIBERTE
I D’UN DETERMINISME A L’AUTRE
Causalité et liberté
On conçoit habituellement la liberté comme la capacité d’agir sans contrainte, ou encore comme la faculté d’effectuer des choix sans y être obligé ni forcé. Dans son sens le plus courant, la liberté tendrait donc à se confondre avec ce que les philosophes nomment le « libre arbitre » , c’est-à-dire la capacité de se déterminer par soi-même, spontanément et volontairement . Or le libre-arbitre paraît difficilement compatible avec le principe de causalité, en vertu duquel tout ce qui se produit dans l’univers a une, plusieurs, voire même une infinité de causes. En d’autres termes, tout ce qui survient à un moment donné dans le réel peut être rattaché à des phénomènes antérieurs (des causes dites antécédentes ) qui en furent les causes ou tout au moins les conditions. Ainsi, par exemple, notre personnalité, nos goûts, nos aptitudes, seraient la conséquence d’un ensemble de facteurs ( caractères innés et acquis, milieu familial, circonstances de notre enfance…) qui les auraient déterminés (c’est-à-dire causés). Mais si ma personnalité est le produit de mes gènes et de mon éducation, alors mes décisions le sont aussi . Comment puis-je encore soutenir, dans ces conditions, que je suis libre ? Le principe du déterminisme, c’est-à-dire
l’idée que tout ce qui existe dans le monde est régi par le principe de causalité, semble donc incompatible avec le postulat de la liberté.
Trois déterminismes
Cette apparente contradiction entre l’ordre de la nécessité (enchaînement logique des faits et des événements) et l’ordre de la liberté peut toutefois être sinon surmontée, du moins réduite. La science tout d’abord a considérablement tempéré le principe du déterminisme tel que Laplace (1749-1827) l’avait formulé. Ce physicien s’est rendu célèbre en affirmant que tout ce qui existe est régi par un déterminisme strict ; notre ignorance de l’avenir ne s’expliquerait que par l’incapacité où nous nous trouvons d’embrasser toutes les causes concourant à produire un état donné du monde. Aujourd’hui, les sciences physiques admettent que l’univers matériel lui-même contient un part d’indétermination, comme l’a établi la mécanique quantique : la trajectoire d’une particule élémentaire n’est pas prévisible, car, précisément, elle n’est pas déterminée . Certaines analyses philosophiques permettent de dissiper un second malentendu. Le déterminisme scientifique, ou premier déterminisme concerne tous les phénomènes observables. Il consiste à affirmer, comme l’explique le philosophe Alain, qu’il existe des relations constantes entre certains types de facteurs relevant d’un ordre donné ( par exemple le déplacement de la Lune et le mouvement des marées, ou les interactions des organes au sein d’un être vivant). Mais il ne permet aucunement de conclure, comme on le croit parfois, que tout est prévisible dans l’univers (c’est le deuxième déterminisme, populaire et fataliste), ni que la volonté humaine est elle-même déterminée au regard d’une Intelligence (Dieu ?) intemporelle ; de Son point de vue, l’avenir est déjà fixé, au même titre que le passé. Ce troisième déterminisme est théologique ou métaphysique , selon Alain. Il a pu donner lieu à des développements philosophiques (comme par exemple chez les stoïciens , qui , sans être fatalistes admettent cependant l’existence du destin) . Mais le déterminisme scientifique, seul recevable, toujours si l’on en croit Alain, s’accorde avec l’idée qu’il y a dans le monde une large marge d’indétermination .
II UNE LIBERTE RESTREINTE DANS UN MONDE OUVERT
Des règnes distincts
Le postulat de la liberté n’est donc pas inconciliable avec une approche rationnelle et scientifique en vertu de laquelle le monde est gouverné globalement par les règles de la causalité. Il est tout d’abord possible de soutenir, comme le fait Kant, par exemple, que la liberté n’est pas un fait naturel, mais une « idée transcendantale », c’est-à-dire telle que rien de correspondant ne peut être observé dans l’expérience. Tout ce qui arrive doit avoir une cause : cette loi de la nature, comme le rappelle Kant, ne souffre aucune exception. Cependant , la liberté relève d’un autre ordre ; elle doit être postulée ( car l’indépendance de la volonté à l’égard de toute autre loi que la loi morale est le fondement de la dignité humaine [Note 1]) mais elle ne peut être démontrée, encore moins établie par l’expérience. « Expliquer la liberté, c’est la détruire » écrit Kant : c’est en effet la réduire à des causes, donc la nier. [ NOTE 2].
On peut également tourner la difficulté, comme le fait le philosophe Karl Popper, en soulignant que ce que l’on appelle « le » monde comporte en fait des règnes distincts, chacun obéissant à une logique particulière. Dans le monde matériel, (le « Monde 1 ») , les faits et les événements sont globalement déterminés, c’est-à-dire reliés les uns aux autres par des lois constantes et connaissables. Cependant, ce déterminisme global n’exclut aucunement une indétermination (ouverture de possibilité inédites) que le rationalisme classique (Laplace) récusait. Dans le monde psychologique (le « Monde 2 »), les expériences subjectives, les sentiments, les mobiles inconscients, sont largement imprévisibles. Si notre personnalité, en effet, procède en partie des circonstances, si elle doit donc beaucoup au hasard, elle relève aussi de notre propre volonté. Le monde de l’esprit enfin ( le « Monde 3) , c’est-à-dire tout ce qui touche à la créativité, échappe à une logique de la détermination. Les oeuvres des hommes sont imprévisibles : elles sont la preuve décisive, que le règne humain est celui de la liberté , définie à la fois comme une
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