Le désir est par nature illimité
Dissertation : Le désir est par nature illimité. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar inochima • 21 Janvier 2013 • Dissertation • 303 Mots (2 Pages) • 833 Vues
1. Le désir est par nature illimité
Le mal est facile à écarter, le bien facile à obtenir : les désirs naturels et nécessaires
sont une promesse certaine de plaisir, et ils sont les plus faciles à satisfaire, tandis que
les désirs non naturels reposent sur des craintes imaginaires qu’il est aisé de dissiper.
N’estce
pas là cependant jouer sur les mots, et sauver le désir de l’illimitation en
qualifiant de naturels et nécessaires des appétits qui semblent bien plutôt relever du
besoin ? N’estil
pas suspect en un sens de prendre pour modèles des animaux que
nous ne sommes plus, et surtout que nous ne pouvons plus être ? L’animal dort et
mange, et s’en trouve content ; il est douteux que nous puissions nous en contenter.
En ce sens, ce qu’Épicure nomme désirs non naturels révèle bien plutôt la véritable
nature du désir : le besoin est un simple manque qui se répète dans l’exacte mesure où
il se satisfait dans la consommation de l’objet sur lequel il se porte (boire apaise la soif,
mais le manque se reforme, de sorte que la boisson d’hier ne me dispensera pas de me
désaltérer demain) ; le désir quant à lui peut se porter indifféremment sur n’importe
quel objet, et passe de l’un à l’autre à mesure qu’il est satisfait. Nous ne sommes pas
tous des hydropiques, comme le remarque Descartes : celui qui boit outre les limites
de sa soif est un homme malade ; en revanche, celui qui désire toujours autre chose
que ce qu’il a est un homme tout court. Le désir est comparable au tonneau percé du
Gorgias, qui se vide à mesure qu’on le remplit : à peine obtientil
satisfaction, qu’il se
déporte vers autre chose. Telle est la différence qui sépare le désir du besoin : le besoin
s’apaise dans la consommation, lors même que le désir se nourrit de sa propre faim et
s’ouvre ainsi à la spirale de l’illimitation.
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