Le désir
Dissertation : Le désir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar secotine • 9 Avril 2013 • Dissertation • 1 676 Mots (7 Pages) • 748 Vues
Introduction
Le mot « désir » évoque les concepts suivants : besoin, volonté, envie, souhait, tendance, penchant, inclination, velléité, fantasme, amour, passion. Si on prend le mot « désir » au sens le plus large, il désigne tout cela, c’est-à-dire tout ce qui, en l’homme, est tendance (vers quelque chose).
Ainsi conçu, le désir est la source de toutes les émotions (ou passions, sentiments, affections, affects). En effet, tous les sentiments n’existent que parce que nous désirons certaines choses : le désir divise le monde en choses à rechercher et choses à fuir, c’est-à-dire en bon et en mauvais. Toutes les émotions découlent de ce partage primitif : si nous sommes tristes, c’est que nous obtenons une chose que nous ne désirons pas ou que nous n’obtenons pas une chose que nous désirons ; si nous sommes joyeux, c’est pour les raisons inverses ; et il en va de même pour toutes les autres émotions : toutes découlent d’un certain désir.
A. Passions et raison
En ce sens très général, le désir est à opposer à la conscience (la pensée, la raison, la faculté de représentation). Tout l’être humain peut être compris à partir de ces deux dimensions. D’un côté, la raison réunit tout ce qui est de l’ordre de la connaissance et de la conscience ; de l’autre, le désir réunit tout ce qui est de l’ordre de la tendance.
On pourra alors étudier les relations entre la raison et les passions, c’est-à-dire entre la représentation et le désir. Est-ce la représentation qui suscite le désir ou le désir qui produit la représentation ? D’un côté il faut que je voie une chose et comprenne par la pensée qu’elle est bonne pour que je la désire . Et il faut admettre que le désir est parfois déclenché par une représentation : quand par exemple je rencontre une femme dans la rue, et que cette perception (image, représentation) déclenche en moi un désir. Mais il arrive aussi que ce soit le désir qui produit une représentation ou suscite une pensée. Par exemple, dans le rêve, c’est notre désir (selon Freud, en tout cas) qui produit des images mentales. Il en va de même dans la création artistique. Ces influences réciproques s’entremêlent dans le cas de l’action « en finalité » : le désir d’une certaine fin (ex : une maison) stimule notre raison qui nous indique alors les moyens à mettre en œuvre pour atteindre le but qu’on s’est fixé . Ainsi dans ce cas un désir stimule la raison, qui à son tour oriente et détermine le désir. Plus généralement, le désir détermine notre pensée car il détermine l’angle sous lequel nous regardons chaque chose ; et cet angle détermine bien souvent ce que nous penserons de la chose en question.
Bref, la raison ne pourrait exister sans les passions et les passions ne pourraient exister sans la raison, comme le reconnaissent Kant et ici Rousseau :
[C]’est par l’activité [des passions] que notre raison se perfectionne ; nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons de jouir, et il n’est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n’aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner. Les passions, à leur tour, tirent leur origine de nos besoins, et leur progrès de nos connaissances ; car on ne peut désirer ou craindre les choses que sur les idées qu’on en peut avoir, ou par la simple impulsion de la nature.
Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité
B. Désir et besoin
On distingue souvent désir et besoin. Le besoin serait à la fois plus « nécessaire » et plus « naturel », alors que le désir relèverait du fantasme artificiel et superflu ; de sorte que les besoins seraient les mêmes pour tous les hommes, tandis que les désirs seraient différents pour chacun. Mais ces deux concepts, le « nécessaire » et le « naturel », sont tous deux problématiques. De fait, il est bien difficile de délimiter précisément désir et besoin. Une autre manière de distinguer désir et besoin serait d’introduire le rapport à autrui : alors que le besoin est personnel, le désir de tout ce qui n’est pas nécessaire est peut-être essentiellement déterminé par notre entourage.
C. Désir et volonté
Quelle est la différence entre le désir et la volonté ? Il y a des choses que l’on veut, mais sans les désirer : par exemple, venir en cours. C’est que le désir correspond à notre inclination première, alors que la volonté désigne le résultat d’une élaboration par la raison.
Chaque homme est une multitude de désirs, une « guerre civile ». De ce combat, sous l’arbitrage de la raison, il résulte une décision et une action : c’est ce que nous appelons, après coup, notre « volonté ». A partir de là, on peut en déduire les caractéristiques de la volonté par opposition au désir : la volonté comporte une dimension de rationalité, et souvent de moralité, que n’ont pas toujours les désirs.
Nietzsche remarque d’ailleurs que la volonté, contrairement au désir, comporte un élément de commandement : quand
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