Le désir
Dissertation : Le désir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alxane11 • 18 Décembre 2013 • 1 990 Mots (8 Pages) • 1 007 Vues
Spinoza a dit «:le désir est l'appétit accompagné de la conscience de lui-même ». Par appétit on peut comprendre l'instinct, comme celui que possède l'animal. Le désir semble être spécifique à l'Homme car il permet de relier la matière (les besoins du corps) et l'esprit (la conscience). On distingue le désir du besoin qui est nécessaire et vital à satisfaire.
Il existe plusieurs types de désirs, et Epicure a effectué une classification des désirs. Il défini d'une part les désirs naturels (désir sexuel...), dont certains sont nécessaires et qu'on peut assimiler aux besoins (se nourrir, dormir...), qui doivent être satisfaits pour le calme de l'esprit (ataraxie) et la tranquilité du corps (aponie) et d'autre part les désirs vains, comme le désir d'immortalité qui est un désirs impossible ou le désir de richesse qui est un désir matériel.
L'opinion commune énonce qu'il faut restreindre ses désirs pour se fondre dans le carcan des règles de notre société. Mais ainsi ne restreignons-nous pas également notre bonheur et notre liberté ?
Faut-il limiter ses désirs ?
Limiter ses désirs n'est-ce pas faire preuve de force morale et de raison ? Toutefois le désir n'est-il pas le moteur de la vie et l'essence de l'Homme, les refouler ne nous apporterait-il pas que de la frustration et de la souffrance? Mais contrôler ses désirs et sélectionner ceux qui sont réellement bons pour nous n'est-ce pas l'objectif que tout Homme doit se fixer pour vivre heureux ?
Tout d'abord, limiter ses désirs ne signifie pas s'interdire de satisfaire le moindre désir superflu. L'ascétisme ne semble pas une bonne solution car comme le dit Nietzsche c'est un mode de vie qui n'en est pas un car il empêche de vivre réellement sa vie et d'approcher le bonheur.
Limiter est ici un synonyme de « mettre des barrières ».
Ainsi dans la Lettre à Ménécée, Epicure tente de montrer une voie qui conduit au bonheur, celui-ci étant pour lui l'aponie et l'ataraxie. Son but est de limiter la souffrance et d'augmenter le plaisir qui est intrinsèquement lié au bonheur chez Epicure.
Le désir étant un manque, il provoque la souffrance s'il n'est pas satisfait. Après sa classification des désirs, Epicure procède à une arithmétique des plaisirs. Il dit que si nous nous habituons à des désirs naturels simples à satisfaire au quotidien, nous ressentirons souvent du plaisir, en petites quantité. Et au cours d'une journée, exceptionnellement, nous parvenons à satisfaire des désirs plus compliqués à satisfaire, le plaisir sera d'autant plus fort qu'il est inhabituel. Cela semble une voie raisonnable car nous pouvons atteindre un état de satisfaction et de bonheur constant en satisfaisant des désirs simples.
Pour illustrer ces propos, nous pouvons observer certains ermites. Ils vivent dans la forêt, essentiellement avec ce qu'ils trouvent sur place, et sont ainsi proches de la nature. Parfois ils rentrent voir leur famille, mais c'est un événement rare. Toutefois, même s'ils n'ont pas accès aux dernières technologies, ils sont heureux. Ils peuvent profiter de leur tranquilité pour philosopher, le désir de sagesse étant un désir naturel.
J'ai moi-même rencontré un de ces ermites bienheureux, dans les montagnes des Carpates en Roumanie. Bien qu'il n'était pas habitué à la compagnie, nous avons pu conversé dans un français qu'il maîtrisait correctement. Il semblait plutôt intelligent, au vu de ses paroles, ce qui prouve qu'il ne s'excluait pas par honte ou par inadaptation. C'était un moine qui vivait de ses icônes. C'est une manière de vivre très sobre mais qui le rendait heureux.
Il existe de nombreuses manières de vivre en limitant ses désirs, comme le stoïcisme de Zenon de Cition ou plus radicalement, l'ascétisme. Cela reste le choix de chacun en fonction de sa volonté et de sa force morale.
De plus, il faut prendre en compte le fait que nous vivons dans une république démocratique, où la liberté de chacun s'arrête là où commence celle de l'autre. Le conflit nature/culture apparaît.
La culture préconise des lois qui ne permettent pas à l'Homme de satisfaire ses moindres désirs et d'être soumis à ses pulsions, comme le désir de tuer, sous peine de tomber sous le coup de la loi.
L'Homme,à l'état de nature hypothétique d'Hobbes ou de Rousseau, l'Homme n'est qu'un animal et n'a que des désirs naturels nécessaires, des besoins. Autrui et l'observation d'autrui fait naître certains désirs, généralement des désirs vains, comme le désir d'être plus fort, plus riche...
Cela implique une dimension morale dans la limitation et le tri des désirs. En effet si l'Homme est supérieur aux autres animaux, c'est grâce à sa conscience réfléchie, qui lui permet de revenir sur ses actes. Sa raison, qu'il perfectionne au quotidien au sein de la société, lui permet de distinguer le bien du mal. Cette exigence que l'Homme raisonnable s'impose, de toujours faire le bien, ou le moindre mal, semble être une souffrance qui provient de la frustration. Toutefois, si l'on éprouve le désir de limiter nos désirs et que l'on parvient à refouler ces derniers, le plaisir que l'on en tire, assorti à un sentiment de fierté, nous hisse à un bonheur plus élevé que celui que nous aurions atteints en les satisfaisant..
Ainsi, le désir apparaît comme créateur de valeurs, pour peu que nous soyons capables d'identifier les bons des mauvais désirs dans un premier temps grâce aux lois et à notre sens moral qui nous protège des désirs immoraux comme le désir d'immortalité.
On peut se demander : que serait un monde où chacun satisferait tous ses désirs ?
Après tout, l'Homme est un être de désirs. Ces désirs sont le moteur de notre vie et l'essence de notre être. Ils nous poussent à nous surpasser, tous les jours. Calliclès, un sophiste, affirme selon un point de vue typiquement arriviste, qu'il ne
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