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Le blog de Patrice Bégnana

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Par   •  8 Mai 2014  •  Thèse  •  1 846 Mots (8 Pages)  •  624 Vues

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Le blog de Patrice Bégnana

Sujet et corrigé d'une dissertation : La conscience n'est-elle tournée que vers elle-même ?

Souvent les imprudents voire les fautifs sont invités à entrer en eux-mêmes. On leur demande de réfléchir, autrement dit de prendre conscience comme si l’absence de conscience était la faute principale. L’idée implicite alors est de considérer que la conscience est essentiellement tournée vers elle-même.

Comment pourrait-il en être autrement s’il est vrai qu’être conscient ne peut pas sans contradiction ne pas entraîner qu’on est conscient de l’être. Dès lors, ce mouvement par lequel nous savons ce que nous sommes, ce que nous faisons est bien un mouvement vers soi, un retour à soi.

Pourtant, une telle conception de la conscience semble impliquer une sorte de régression infinie car si la conscience est essentiellement tournée vers elle-même, ne faut-il pas alors penser qu’elle doit se tourner vers son propre mouvement et ainsi de suite à l’infini.

Dès lors on peut se demander si la conscience n’est tournée que vers elle-même ou bien si elle est tournée vers autre chose et comment c’est possible.

On se demandera d’abord si la distinction entre conscience immédiate et conscience réfléchie permet d’affirmer que la conscience peut ne pas être tournée vers elle-même. On examinera ensuite si la conscience morale n’est pas la conscience à proprement parler et si elle n’implique pas d’être toujours tournée vers elle-même. On s’interrogera enfin sur l’idée que la conscience soit intentionnalité et qu’elle ne soit qu’en apparence tournée vers elle-même.

Je vois à travers ma fenêtre un palmier. Je suis conscient de le voir. Sans cette conscience, je ne saurais si je vois ou non. Ordinairement, je ne m’intéresse pas au fait que je vois. Il est clair que cette conscience de voir se rapporte à ma vision. C’est en ce sens que la conscience est un mouvement qui porte sur ce qui est intérieur au sujet. Dès lors, elle ne semble pas en apparence tournée vers elle-même mais vers le contenu de la représentation. Et pourtant, la conscience sait qu’elle est consciente sans quoi elle serait inconsciente, ce qui est une contradiction dans les termes.

Il faut donc distinguer la conscience immédiate et la réfléchie. En effet, la première est la connaissance de la représentation, représentation immédiate. Elle est une intuition, et même une intuition de l’entendement. En effet, comme Descartes l’a montré dans les Méditations métaphysiques, je puis douter de tout sauf de moi. Or, ce moi qui se saisit lui-même ne le fait ni par les sens ni par l’imagination ; c’est donc par l’entendement qu’il se pense lui-même.

La seconde, à savoir la conscience réfléchie consiste à remarquer le rôle et la place de la première. Le cogito est saisi immédiatement. Il peut se saisir après coup comme dans le récit en première personne de son autobiographie intellectuelle qu’est le Discours de la méthode par Descartes. Il peut dire qu’il pensait « je pense donc je suis » grâce à la réflexion. Mais si on doit distinguer ces deux formes de conscience, force est alors de dire qu’elles ne sont pas deux car la conscience que je suis ne peut être double. Car c’est ce que Descartes nous apprend, le moi ou l’âme est une substance dont toute l’essence est de penser. Or penser, c’est selon les Principes de la philosophie savoir immédiatement tout ce qui se passe en nous. Bref, la conscience immédiate et la conscience réfléchie sont une seule et même conscience. La première est plus attentive au contenu de la représentation, la seconde au fait même de la représentation. Dès lors, la conscience est nécessairement tournée vers elle-même car c’est là le mouvement même de la réflexion qu’il faut concevoir comme la marque de l’esprit qui ne se réfléchit pas en autre chose mais qui est capable d’être auprès de soi dans le mouvement de revenir vers soi.

Toutefois, si j’affirme que la conscience est toujours tournée vers elle-même, je ne comprends pas à quoi peut rimer cette relation à soi. Pourquoi la conscience ne s’enquérait pas plutôt des choses extérieures ? Dès lors, ne faut-il pas qu’il soit essentiel à la conscience d’être retour sur soi ? N’est-ce pas parce qu’elle est essentiellement morale ?

La conscience se situe dans l’entente de cette voix qui nous dit ce qui est bien ou mal conformément au sens premier du terme. En effet, la présence à soi n’est possible que si et seulement si on est amené à s’interroger sur soi. C’est la raison pour laquelle dans le tumulte de la vie sociale, malgré les crimes et mêmes les dénis, la conscience morale s’entend. N’est-ce pas le roi Richard III qui, dans la pièce éponyme de Shakespeare (1564-1616), hanté dans son sommeil par les esprits de ceux qu’il a tués, s’écrie : « Ô lâche conscience, comme tu me tourmentes » (traduction Guizot : « O coward conscience, how dost thou afflict me ! ») et après « ma conscience a mille langues et chacune répète son histoire et chaque histoire me déclare un misérable » (traduction Guizot : My conscience hath a thousand several tongues, / And every tongue brings in a several tale, / And every tale condemns me for a villain.” Richard III, Acte V, scène 3). La conscience est bien tournée vers elle-même.

La conscience n’est pas dans l’extériorité des préjugés sociaux comme on pourrait le penser si on la confond avec ce qui est acquis par l’éducation en matière de valeurs sociales comme Montaigne dans ses Essais. Les mœurs sont variables. Mais elles ne sont rien d’autres que l’expression

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