Le Silence D'un Point De Vue Philosophique
Documents Gratuits : Le Silence D'un Point De Vue Philosophique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar WonKalash54 • 8 Mai 2014 • 1 278 Mots (6 Pages) • 1 737 Vues
Choisir de parler du silence dans un café philosophique est paradoxal puisque pour en parler il faut rompre le silence. En philosophie, d’ailleurs, à l’exception de Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra et en omettant le silence de Heidegger (qui met les philosophes plutôt mal à l’aise), il en est rarement question. La philosophie s’appuie plutôt sur la parole et en premier lieu sur celle d’autres philosophes.
Mais le sujet fut choisi à une large majorité et a délié les langues. Nous nous sommes donc posé la question : qu’est-ce que le silence ?
C’est une vulgata que de dire que nous cherchons le silence parce que nous vivons dans un monde bruyant. Le silence apparaît d’emblée comme une absence de bruit. Est-il une simple absence de perceptions auditives ou va-t-il au-delà de cette absence et permet-il d’autres perceptions ?
Il peut apparaître comme un luxe ou comme une pesanteur, à l’image de la solitude : il y a celle que l’on cherche et celle que l’on craint. Alors de quoi parlons nous exactement ?
De quel silence parle-t-on quand on parle de silence ?
Nous avons collectivement évoqué différents silences, comme s’il y a avait des types de silence différents ou des niveaux de silence différents.
Faute de pouvoir convoquer une définition, nous nous accordons sur le fait qu’il est double : soit émis soit perçu, d’où un premier paradoxe : comment peut on percevoir ce qui est non perception? S’il s’agit d’une non perception, c’est-à-dire d’une absence, il s’agit d’un non être sur lequel la philosophie achoppe.
Pourtant, le silence est la première chose à faire pour philosopher.
Il y a bien en effet le silence que l’on fait en soi pour réfléchir, avant toute parole, le silence que l’on fait pour écrire, le silence support de l’écoute qui fait exister la parole de l’autre. Il y a le silence intérieur de la médiation, le silence mystique, mais aussi le silence de Dieu, principal argument contre lui, d’ailleurs, qui nous laisse sans explications dans la souffrance et l’abandon, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour celui qui est Logos, c’est-à-dire « le verbe ». Mais peut être est-ce ce silence qui permet la création, dit Daniel, la création serait le silence même, ou le retrait du verbe créateur.
On peut encore ajouter à notre inventaire le silence du non-dit, le caché, le silence imposé, le silence des opinions dans les dictatures, le silence de ceux qui sont sans voix, le silence du résistant, le silence pesant des secrets de famille, celui plus heureux de la complicité, l‘absence d’écrit qui est un silence quand ne rien dire c’est encore dire quelque chose.
Y-a-t-il quelque chose de commun à tous ces silences ? Et quelle est la valeur du silence?
Pour certains, le silence est une vraie valeur dans une société du bruit et du bavardage. C’est aussi un luxe que de se permettre le silence, luxe que n’ont pas les personnes aphasiques par exemple. Pour d’autres, c’est un outil et une pratique, le silence d’un point de vue instrumental, qui ne serait donc pas une valeur en soi.
Il est dit également que le silence est un rapport au temps, qu’il est un temps du silence qui succède au temps du bruit, un temps de la rencontre à l’inverse du remplissage à tout crin, qui permet de mémoriser, de graver en soi la couleur du monde. Un temps de la lenteur. Peut-être en même temps qu’une ouverture est-ce un détour de la question que d’évoquer le silence comme temps du silence, suggère Daniel. Le silence permet en tout cas de saisir le passage du temps ou de s’en évader. Chez Rimbaud, l’éternité c’est une image silencieuse de « la mer allée avec le soleil ». Si le silence permet la saisie du temps, est-ce à dire que la parole nous en détourne ?
Il est rappelé que
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