Le Noir
Mémoire : Le Noir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar phaeton • 9 Mai 2015 • Mémoire • 2 058 Mots (9 Pages) • 711 Vues
Lundi noir, jeudi noir, aussi noir que blanc, un blanc déguisé en noir, ni noir ni blanc mais plutôt noir, idées noires, nous traversons une période noire....La liste est loin d'être exhaustive!! Ce qui m’interpelle dans ce genre de réflexes populaires où il fait bon mettre dans des cases, c'est le caractère enfermant et négatif d'un mot dit mal, du mal faisant mot; je veux parler du noir. Le choix en est délibéré. Puisqu'un président métis est dit noir, le blanc s'imposerait-il comme la pureté? Question provocante relevé dans le journal courrier international. Voici des synonymes du noir et voyez en vous l'image produite; hostile mauvais méchant mélancolique menaçant obscur occulte sinistre sombre ténébreux triste pessimiste macabre funeste sale crasseux nègre obscurantiste....Je vous fais grâce de la centaine d'expressions liées au noir. A l’évocation de ces paradigmes, je me suis rendu compte à quel point ce noir était présent dans l'inconscient collectif jusqu'à notre ordre qui l'utilise symboliquement du cabinet de réflexion aux boules noires et jusqu'à nos pieds, tournant, dansant autour de ce pavé mosaïque où l'on parle de dualité du blanc et du noir, du bien et du mal, d'une dualité bien sûr inhérente à la vie mais qui ne veut pas dire que cette vie se résume à la dualité nous dit Henry Michaud. Me vint donc l'envie d'aller plus avant dans une partie de ce pavé mosaïque et comme mosaïque nait de muséum et lui- même du muséion où viennent les muses, je me suis laissé inspirer par ces belles.
Et puis vint la crise, la montée dans les sondages d'un éventuel président noir, les jours noirs, ce noir de plus en plus évoqué, de plus en plus utilisé, à tel point que je le voyais partout; un peu comme quelqu'un qui choisit un modèle particulier et original de voiture et qui se rend compte au fil des jours qu'il est loin d'être le seul à avoir fait ce choix.
Celui qui médite vit dans le noir, celui qui ne médite pas vit dans l'aveuglement, nous n'avons que le choix du noir! Cela pourrait être une réflexion maçonnique. Quand Victor Hugo nous parle d'aveuglement, je pense qu'il exprime la sensation d'enfermement que peut symboliser le bandeau de l'impétrant. Le noir lui, selon Hugo, serait donc l'univers de celui qui cherche comme si nous, maçons, recevions la lumière du noir, comme matière à vivre notre quète du savoir, de la connaissance de l'autre, de la vérité.
Dans le livre de la génése, la lumière est issue des ténèbres primordiales. De là naitra sans doute une perception à la fois angoissée et fascinée que nous avons du noir. Encore plus loin; nous sommes au 8em siècle avant notre ère, Hésiode chante les muses. Avant tout l'abîme, le vide, le Chaos et Gaïa la terre. Du Chaos naitra Hereb les ténèbres, Melaïna nux la nuit noire, Aither la nuit constellée et Emérée la lumière du jour. Plus avant la culture latine perpétue la nuance en proposant 2 formes de noir; le noir mat maléfique Ater et le noir brillant créatif Niger et qui l'emportera dans le langage à venir. Ce noir couleur de nuit est ambivalent par essence; d'un côté le noir aérien, nocturne intermittent, relatif, orné des étoiles et de la lune et de l'autre un noir souterrain, permanent, absolu, qui ne peut être effacé que par la lumière artificielle. La séparation en 2 entités distinctes a permis aux sociétés qui nous ont précédé de rationaliser leur appréhension de ce noir si angoissant. En l'associant à la lumière, il évoquait la fertilité et en mariant le noir brillant, céleste, à l'esprit, ils ont pu imaginer une théogonie( un ensemble de dieux). On retrouve des marbres noirs dans la statuaire romaine, le corbeau au plumage noir brillant est divinisé et mis sur un piédestal. Pendant 10 siècles le noir est considéré et intégré positivement au quotidien
Puis vers l'an 1000le christianisme a atteint suffisamment de puissance pour faire broyer du noir au noir. On le réquisitionne pour une mise en scène menaçante, terrifiante. On crée un bestiaire noir du diable. Le sanglier, jadis déifié par les romains, les druides celtes, devient impur et effrayant; c'est la créature de Satan. L'enfer est noir, les animaux nocturnes noirs sont habités par le diable, la mort est noir; du reste et à ce sujet, n'y a t- il pas un paradoxe pour une église de choisir le noir comme couleur de la mort puisque l'âme est sensée partir vers un au- delà lumineux....
A ce moment de l'histoire notre noir est sans nuances. Il est lié exclusivement au mauvais, à l'hereb grec, à l'ater latin. Le clergé catholique et apostolique instaure une codification des couleurs dans laquelle le noir est considéré comme le contraire de la couleur et le symbole du péché, de la faute, de d'enfer, de la folie, de la neurasthénie. Cela durera près de 3 siècles durant lesquels les couleurs rouge, bleu, jaune, vert auront la faveur des gens de bien et de gout. La couleur engendre une querelle philosophique entre les chromophiles de l'abbaye de Cluny qui la considère comme lumière et les chromophobes de l'abbaye de Clervaux qui la pense matière. Dans ce contexte et par opposition à la couleur, le noir se rachète une vertu et c'est en Italie qu'après la peste de 1348 les riches patriciens se voient interdits de porter des couleurs ostentatoires dans un pays ravagé par la maladie et la misère. Le noir devient la 1ere couleur des princes italiens. Le mariage du fils cadet de Charles VI avec l'héritière des Visconti apporte le noir à la cour de France. Ce noir devient donc noble et moral; il séduit également les gens de robe qui entendent dans l'exercice de leur autorité paraitre vertueux. L'église trouve le compromis dans la quête d'icônes saintes et noires. Ainsi saint Maurice de Magdebourg, Balthazar le roi mage qui vire au noir, la reine de Saba et sa peau d'ébène et même quelques vierges noires qui réapparaisse d'un passé caché, ainsi la plus proche de nous en la vierge noire des saintes marie de la mer Sarah vierge noire d'Egypte. Auparavant elles tenaient un grand rôle dans la spiritualité du 1er millénaire; protectrice des chevaliers du temple et plus tard de l'ordre des chevaliers teutoniques. Saint
...