Le Français Au Siècle Des Lumières
Mémoires Gratuits : Le Français Au Siècle Des Lumières. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 25 Avril 2014 • 2 471 Mots (10 Pages) • 810 Vues
a situation politique et sociale tendit à se modifier en France et ailleurs en Europe en ce début du XVIIIe siècle. Sur le plan intérieur, la situation financière était devenue catastrophique sous les règnes du régent Philippe d'Orléans, de Louis XV et de Louis XVI; ces rois réputés faibles, aux prises avec un régime de fêtes et d'intrigues de cour, ne purent faire face aux difficultés financières croissantes, qui aboutiront à l'impasse et susciteront le rejet du peuple envers la monarchie.
Parallèlement, la bourgeoisie riche et aisée poursuivit son ascension irréversible, devint une force politique et s'exprima publiquement. La monarchie et la noblesse n'étaient plus qu'une façade sans crédibilité. Le règne de la bourgeoisie financière, commerçante et manufacturière commença.
Au XVIIIe siècle, on assista au commencement du capitalisme, au développement du commerce, au début de l'industrialisation, à un engouement pour les sciences, à la découverte de nouvelles techniques, à des inventions de toutes sortes, à l'amélioration de la médecine et à l'adoption d'une meilleure alimentation. Cette atmosphère de progrès matériels modifia profondément les valeurs de la société. Les philosophes rationalistes et les écrivains de premier plan se rendirent indépendants de la royauté et de l’Église; de grands seigneurs pactisèrent avec les représentants des idées nouvelles et n’hésitèrent pas à les protéger contre la police associée aux forces conservatrices. Fait nouveau, la lutte des idées fut dirigée surtout contre l'Église et la religion catholique elle-même; on combattit agressivement en faveur de la tolérance au nom de la raison.
Par ailleurs, la société française s'ouvrit aux influences extérieures, particulièrement à celles venant de l'Angleterre devenue la première puissance mondiale. Le parlementarisme et le libéralisme anglais attirèrent l'attention, de même que la guerre de l'Indépendance américaine (1775-1782), ce qui permit l'acquisition d'un nouveau vocabulaire.
Parallèlement, les journaux (surtout mensuels) scientifiques, techniques et politiques se développèrent, se multiplièrent rapidement et furent diffusés jusque dans les provinces, alimentant la soif de lecture chez un public de plus en plus étendu et sensibilisé au choc des idées. Le développement de la presse fut à la fois la conséquence et la cause de cette curiosité générale, ainsi que de la contestation qui se répandait graduellement dans la société. Vers le milieu du siècle, parut même une littérature de type populacier, dite «poissarde» (par analogie avec les marchands de poissons des Halles), destinée aux gens du peuple. Tous ces faits contribuèrent au mouvement de révolte qui explosa en 1789.
2 L'expansion du français en France
L’État ne se préoccupait pas plus au XVIIIe siècle qu'au XVIIe de franciser le royaume. Les provinces nouvellement acquises, de même que les colonies d'outre-mer (Canada, Louisiane, Antilles), ne nécessitaient pas de politique linguistique, sauf à l'égard des autochtones, et d'ailleurs la politique d'assimilation fut vite mise au rancart. L'unité religieuse et l’absence de conflits inquiétaient davantage les dirigeants: l'administration du pays ne nécessitait pas la francisation des citoyens.
2.1 Le français populaire
On estime qu'à cette époque moins de trois millions de Français pouvaient parler ou comprendre le français, alors que la population atteignait les 25 millions. Néanmoins, la langue française progressait considérablement au XVIIIe siècle, comme en fait foi la répartition des francisants, des semi-patoisants et des patoisants à la toute fin du siècle alors que la Révolution était commencée.
Au milieu du XVIIIe siècle, le peuple francisant ne parlait pas «la langue du roy», mais un français populaire non normalisé, encore parsemé de provincialismes et d'expressions argotiques. Seules les provinces de l'Île-de-France, de la Champagne, de la Beauce, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine et du Berry étaient résolument francisantes. Par contre, la plupart des gens du peuple qui habitaient la Normandie, la Lorraine, le Poitou et la Bourgogne étaient des semi-patoisants; les habitants de ces provinces pratiquaient une sorte de bilinguisme: ils parlaient entre eux leur patois, mais comprenaient le français.
Il est vrai que le «bon français» avait progressé au cours du XVIIIe siècle, notamment dans les pays d'oïl, en raison, entre autres, de la qualité, assez exceptionnelle pour l'époque, du réseau routier en France. En effet, grâce à cet instrument de centralisation desservant même les villages, les communications étaient facilitées et favorisaient le brassage des populations et des idées. La langue bénéficia de cette facilité; les usines et les manufactures virent affluer du fond des campagnes des milliers d’ouvriers qui se francisaient dans les villes; les marchands et les négociants voyageaient facilement d'une ville à l'autre, ce qui rapprochait leur parler local du français; un système de colporteurs se développa, et ceux-ci voiturèrent périodiquement des livres et des journaux français jusque dans les campagnes les plus éloignées. Dans pratiquement toutes les villes du Nord, le français était au moins compris. Les patois du Nord étaient, en réalité, assimilés au français comme des variantes régionales. Malheureusement, nous ne disposons que de fort peu de documents pour témoigner des parlers régionaux de l'époque. Nous savons que l'idéal de l'«honnête homme» était en net recul et que le «bon usage» n'était plus celui de l'aristocratie, mais celui de la bourgeoisie parisienne, qui triomphera lors de la Révolution.
2.2 Les patois
Dans le midi de la France, les patois — le seul terme utilisé à l'époque pour désigner ce qu'on appelle aujourd'hui les «langues régionales de France (carte)» — constituaient encore l'unique usage normal dans les campagnes durant tout le XVIIIe siècle. En effet, nobles et bourgeois, initiés au français durant le siècle précédent, continuaient d'employer leur patois (langues régionales) dans leurs relations quotidiennes Pour eux, le français restait la «langue du dimanche», c'est-à-dire la langue d'apparat utilisée dans les grandes cérémonies religieuses ou civiles. La situation était identique
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