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La technique comme supplément aux limites naturelles de l’homme

Analyse sectorielle : La technique comme supplément aux limites naturelles de l’homme. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Décembre 2014  •  Analyse sectorielle  •  4 305 Mots (18 Pages)  •  868 Vues

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La technique

S’il est vrai que la production d’outils est aussi vieille que l’homme, que l’on pense à la taille de silex ou de pierres bifaces, réfléchir sur la technique c’est, dans l’optique de la question « qu’est-ce que l’homme ? » au ressort de la totalité du programme de philosophie, réfléchir sur ce qui différencie l’homme de l’animal au même titre que la religion ou la raison et admettre par là, à titre d’hypothèse, qu’il est aussi légitime de concevoir l’homme, à la suite de Bergson ( « L’évolution créatrice » Puf p.140), comme un « homo faber » que comme un « animal religieux » comme le concevait Burke (« Réflexions sur la révolution de France » p.115 Hachette Pluriel) voire, dans le sillage d’Aristote (« La politique » Vrin p.29), comme un « animal possédant la raison (en grec, le « logos ») ».

Cependant, dans la mesure où tout outil fabriqué par l’homme n’a d’intérêt qu’à être utile pour cet être vivant qu’il est et qui, comme tel, est mu par des besoins et doté d’une morphologie propre (animal bipède à station verticale), réfléchir sur la technique exige de montrer tout d’abord que la technique n’a de sens qu’à être comprise comme le lieu d’application de la raison humaine aux problèmes liés à la satisfaction des besoins humains, ensuite que cette application a changé si ce n’est de nature du moins de modalité avec le développement de l’activité scientifique en suscitant un espoir quasi démiurgique et enfin, que cet espoir a été partiellement déçu en raison des problèmes économiques, sociaux, politiques, écologiques et éthiques que l’emprise accentuée de la technique sur l’homme a engendrés.

I. La technique comme supplément aux limites naturelles de l’homme

De la taille de pierres à la production de la roue voire à celle du levier ou des lunettes, la technique a toujours été le lieu d’application de la raison humaine à la résolution de problèmes liés à la conservation de la vie humaine.

Autrement dit c’est parce que l’homme est un être vivant à la fois mu par des besoins qu’il doit satisfaire pour pouvoir se conserver et se reproduire et capable grâce à sa raison de trouver les moyens artificiels les plus ingénieux pour faciliter cette satisfaction que les divers procédés techniques sont apparus. C’est dire par là que la finalité première de la technique est avant tout utilitaire et plus précisément vitale. Dans cette optique, l’apparition des outils agraires n’a de sens que parce qu’elle permettait la satisfaction des besoins vitaux d’une population grandissante.

Or, à y réfléchir, le ressort dédoublé de l’apparition de la technique se trouve à la fois dans sa raison et dans cet organe de préhension qu’est la main pour autant que les premiers outils fabriqués par l’outil ont toujours fonctionné comme des prolongements de la main comme si la main avait été l’organe par lequel initialement la raison humaine avait essayé d’exercer son emprise sur la matière dans le but de faciliter la conservation de la vie humaine.

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Quoi qu’il en soit de ce dernier point, les premiers outils ont permis à l’homme de prendre conscience de ce que tout problème lié à sa conservation était susceptible de trouver une solution rationnelle à travers la fabrication d’instruments lui permettant de contourner artificiellement ses limites naturelles initiales, comme si, l’homme parvenant à se dépasser en partie à travers eux, la technique était ce qui venait suppléer les limites en question.

N’est-ce pas grâce à tous ces appareils que sont par exemple, le téléphone, la télévision, l’avion que l’homme peut parler à distance, voir à distance, se déplacer dans les airs alors même que cela relève initialement de l’impossible ?

N’est-ce pas grâce à la technique que l’homme parvient comme à mettre entre parenthèses les limites générées par son propre organisme comme si à travers tous ces instruments de plus en plus sophistiqués l’homme était habité par ce phantasme paradoxal consistant à vouloir travailler à sa propre disparition ?

La robotique n’illustre-t-elle pas l’incarnation de ce désir paradoxal proprement humain de remplacer l’homme par une production de sa raison lui permettant d’externaliser et d’autonomiser ses diverses fonctions biologiques (voir, écouter, toucher, marcher etc) ?

II. La technique comme espoir de l’humanité

« …dès le 19° s,……fasciné par les découvertes et les

réalisations surprenantes et toujours nouvelles, l’homme se crée

une religion du progrès technique qui consiste à croire que tous

les autres problèmes se résoudront d’eux-mêmes grâce à ce

même progrès technique »

Carl Schmitt : « La notion de politique » p.137

Collection Champs Flammarion

Ce contournement par l’homme de ses propres limites rendu possible par la technique s’est opéré durant la majeure partie de l’histoire de l’humanité et ce essentiellement jusqu’au moins le 19°s de manière purement empirique cad ici indépendamment du discours scientifique car les diverses inventions, qui sont apparues jusqu’alors, ne se laissent pas analyser comme des applications pratiques de découvertes scientifiques comme le remarque G. Canguilhem : « L’antériorité logique de la connaissance de la physique sur la construction des machines, à un moment donné, ne peut pas et ne doit pas faire oublier l’antériorité chronologique et biologique absolue de la construction des machines sur la connaissance de la physique » (« La connaissance de la vie » Vrin p. 121) même si dès le 17°s la technique a pu susciter un espoir quasi démiurgique.

Que dit d’autre, en effet,

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