La Tyrannie Du Plaisir
Dissertation : La Tyrannie Du Plaisir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 14 Octobre 2013 • 10 256 Mots (42 Pages) • 1 350 Vues
La tyrannie du plaisir
L’analyse préalable, c’est un travail d’exploration du sujet qui ne correspond à aucune partie de la dissertation : repérer les problèmes et les difficultés. 3 phases : travail préparatoire, problématisation et dissertation. L’analyse préalable permet de déterminer des éléments qui servent dans tout le sujet.
La construction génitive en fr est ambigüe, elle peut avoir deux sens :
- Génitif objectif : le plaisir est objet de la tyrannie, la tyrannie est exercée sur le plaisir
- Génitif subjectif : le plaisir est le sujet de la tyrannie, ce qui exerce la tyrannie
Qd on a repéré ça, il y a une problématique purement logique qui vient à l’esprit : il y a, entre le génitif subjectif et le génitif objectif, circularité réciproque. C'est-à-dire que c’est en tant que le plaisir est un tyran que le plaisir est tyrannisé, c'est-à-dire mis à mal. C’est pourquoi le libertin, la tyrannie du plaisir, est-ce un être qui aime la vie. Il y a là une terrible pulsion de mort.
D’où la problématique : 1° en quoi le plaisir peut-il tyranniser l’existence, 2° mais en tyrannisant l’existence, c’est le plaisir lui-même qui est tyrannisé de deux façons possibles, soit par la tyrannie du plaisir ou bien alors par la tyrannie de la tyrannie (c'est-à-dire violence contre violence), ça mène à une existence à contresens, c’est le contre-nature, une vie insensée. 3° si la tyrannie du plaisir tyrannise le plaisir de mille et une façons, il y a contradiction pcq le plaisir est inscrit dans la vie => comment l’intelligence de soi vient-elle au plaisir ? [meilleure possibilité]
Il y a des pb internes dans l’énoncé. On tire la problématique directement de l’énoncé.
La tyrannie : il y a un sens archaïque, le tyran dans la Grèce archaïque est celui qui prend le pouvoir par un mode illégitime (généralement la force). Mais le tyran prenait le pouvoir par la force généralement pour résoudre une crise sociale, économique ou politique, donc il prenait le pouvoir en agissant pour le bien de la cité. Donc le moyen est violent mais la finalité reste politique, et le plus bel exemple est celui de Pisistrate (VIe s avant JC), premier grand tyran d’Athènes, il prend le pouvoir lors d’une terrible crise agraire (les paysans sont terriblement endettés) et une oligarchie très puissante s’est constituée => il tire un trait sur les dettes des paysans d’abord. Finalement, on trouve dans la constitution de la Ve République et dans le Contrat Social quelque chose d’analogue.
Rousseau évoque l’excellence d’une institution romaine : la dictature, c'est-à-dire qu’en cas de crise so ou politique grave, le Sénat nommait un dictateur pcq il fallait qu’il ait la force avec lui (6 mois renouvelables) et à l’issue de sa dictature, il devait revenir devant le Sénat où il était jugé. Toutes ses mesures étaient passées au crible pour voir en particulier si elles avaient été prises dans l’intérêt de la cité. Il y a là quelque chose de limite puisque s’il a la force avec lui et les pleins pouvoirs, il faut qu’il soit très vertueux pour accepter de revenir devant le Sénat de lui-même.
La constitution de la Ve république a été écrite dans les troubles de l’Algérie, il faut un pouvoir fort, la France est un régime présidentiel => fameux article 16, le Sénat peut voter les pleins pouvoirs.
Mais c’est un sens très marginal, « tyrannie » dans le sens de Platon, dans La République, sens très péjoratif. La force matérielle ou la violence symbolique (manipulation des affects par la représentation). L’historien grec Hérodote parle de Pisistrate : le jour où il a pris le pouvoir, il était chez son barbier, qui lui entaille la gorge, il cri à la tentative d’assassinat des oligarques. Pisistrate était sur un char avec une créature qui ressemble à une statue d’Athéna => les Grecs l’ont cru.
Dans La République de Platon, Platon distingue 5 régimes politiques du meilleur au plus mauvais :
- Le régime le plus parfait est le régime aristocratique dominé par le roi philosophe (c'est-à-dire le gouvernement de la raison et de la sagesse, conforme à l’ordre des choses).
- En-dessous, il y a la timocratie, régime fondé sur l’honneur. C’est moins que la raison mais c’est un régime profondément politique, qui mérite une place pcq l’honneur est un facteur de cohésion sociale par la reconnaissance collective, mutuelle. Il y a l’idée que la politique exclut la violence. Le sens de l’honneur est l’estime réciproque, la bonne réputation, la bonne conduite. Régime fondé sur l’opinion générale
- L’oligarchie, régime fondé sur le pouvoir de la richesse. Ça se dégrade pcq la richesse est un état de fait, une force, on est dans des rapports de force
- La démocratie : c’est le régime de l’égalité, or l’égalité est la négation du politique pcq pour Platon, c’est l’individualisme, règne des opinions particulières
- La tyrannie : la tyrannie n’est pas un régime politique attention. C’est le dernier pcq l’idée de régime suppose la règle, la loi, un minimum de rectitude, or la tyrannie est le règne des désirs aléatoires du tyran. Règne du bon plaisir du tyran, de ses désirs chaotiques, de l’arbitraire. Régime est équivalent à politeia, mais il n’y a pas de constitution ; ce n’est ni vraiment un régime ni vraiment une politique. Le politique suppose le souci de l’intérêt de la cité. Or la tyrannie est l’intérêt particulier du tyran. Donc la tyrannie n’est pas un régime politique mais la perversion possible de tout régime politique, sauf celui du philosophe roi. C’est la négation du gouvernement, du régime, du politique. Donc le règne de la tyrannie c’est d’être contre-nature, il n’a rien de la nature du politique => la tyrannie est associée à la violence pulsionnelle.
La tyrannie prétend être un régime politique => usurpation, transgression d’une juste hiérarchie et d’une juste finalité la finalité du politique c’est l’intérêt de la cité. La tyrannie est synonyme de violence donc antipolitique. Cette violence s’exprime dans l’arbitraire capricieux du tyran dont Platon dit qu’il est indigne de gouverner pcq il ne se gouverne pas lui-même. Donc il est l’homme de l’incohérence, de l’absence de mesure et de l’illimitation. Le plaisir ne fait pas autorité. La tyrannie est une appropriation illégitime de la puissance légitime. [Pour Aristote,
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