La Mort De sénèque
Mémoires Gratuits : La Mort De sénèque. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 1 Octobre 2012 • 1 097 Mots (5 Pages) • 3 113 Vues
La mort de Sénèque : commentaire
INTRO : On peut penser que, par sa méditation philosophique, Sénèque s’était préparé à la mort – y compris le suicide que les stoïciens ne condamnaient pas. Mais les circonstances semblent avoir comploté contre ses efforts pour offrir à ses amis une « belle mort ». Tacite, qui n’aime pas beaucoup Sénèque (il a été le précepteur d’un tyran et vit dans l’opulence et le luxe, c’est l’homme le plus riche de Rome, ce qui est assez paradoxal pour un philosophe), laisse clairement entendre qu’il n’est pas donné à tout le monde de réussir sa sortie avec autant d’éclat. Nous verrons d’abord le regard ironique de Tacite et enfin la mort ratée de Sénèque.
COMMENTAIRE COMPOSE
Rappel : Sénèque a été mis à mort par Néron, faussement accusé d’avoir participé à la conjuration de Pison avec Pétrone (complot contre l’empereur).
I. Un regard ironique
Les premières lignes du texte semblent objectives : Tacite décrit précisément la mise à mort : ouverture des poignets (il donne une cause qui paraît neutre, sans sous-entendu) puis des jarrets et enfin des cuisses. Enfin, dans un troisième temps, il décrit sa lente et douloureuse agonie. Pourtant l’ironie est déjà présente (Tacite n’apprécie guère Sénèque car il a été le précepteur d’un tyran et vit dans l’opulence et le luxe, c’est l’homme le plus riche de Rome, ce qui est assez paradoxal pour un philosophe).
Il emploie l’expression parco victu, « par son régime frugal », même s’il est très riche, il suit le régime frugal préconisé par les Stoïciens ainsi que senile corpore, « corps vieilli », qui n’est pas très flatteuse. Puis commence l’angoisse l. 3-5 (il y a montée vers la tragédie) : à la vue de sa femme pleurant, son courage s’envole et il l’a fait sortir non pas pour l’épargner elle mais lui (alors que Socrate avait fait le contraire). Ce premier paragraphe s’achève d’ailleurs sur l’image du Sénèque beau parleur. Il veut donner l’image du philosophe « officiel » mais c’est celui d’un tyran (parallèle possible avec Socrate qui fut le précepteur d’Alcibiade : il caressait l’espoir d’en faire un roi-philosophe mais sa tentative a lourdement échoué).
Ainsi la description de la lente agonie de Sénèque est critique : on sent que Tacite prend plaisir à évoquer le moindre détail de cette mort douloureuse et atroce. Tacite se moque en nous révélant que Sénèque a du s’y reprendre à quatre fois pour mourir : d’abord en s’ouvrant les poignets (mais insuffisant), puis les veines des genoux et des cuisses (mais là encore insuffisant), en buvant du poison et enfin en se plongeant dans un baquet d’eau chaude. Même la mort semble insensible à ses souffrances et à ses attentes. On a l’impression que le temps s’est figé, qu’il y a un effet de ralenti dans le texte.
A la fin du premier paragraphe, Tacite se montre particulièrement désinvolte : il refuse de prendre ses ultima verba (contrairement à Cicéron qui reprend le dernier discours de Socrate à ses amis). Ce n’est pas du Socrate, c’est du Sénèque qui ne peut s’empêcher de gloser même dans les derniers instants. En fait, il se moque de sa soi-disant correspondance officielle que Sénèque avait déjà fait publier de son vivant –sûr de sa notoriété et de son succès- et dans
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