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La Liberté Et Le Travail

Analyse sectorielle : La Liberté Et Le Travail. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Novembre 2014  •  Analyse sectorielle  •  5 795 Mots (24 Pages)  •  1 016 Vues

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Sujet 1 : Le travail est-il pour l'homme un obstacle à sa liberté ?

Développement

Nul doute que nous soyons nombreux à souhaiter n'avoir pas à travailler : le travail tend à nous apparaître comme une contrainte sociale déplaisante et pénible. Néanmoins il faudra travailler pour gagner sa vie et prendre ainsi sa place dans la société, au point que la majeure partie de notre vie semble être placée sous le signe du travail. Or le travail est avant tout une activité impliquant de se soumettre à des règles dont on ne décide pas : il y a un savoir-faire à acquérir, des procédures et des procédés de fabrication à respecter. S'adonner à un travail, c'est donc toujours se plier à des exigences qui ne dépendent nullement de notre libre arbitre, mais qui semblent au contraire venir le brider. Pour autant, le travail est-il pour l'homme un obstacle à sa liberté ? Quel rapport le travail entretien avec la liberté ?

Corps du devoir

Etymologiquement, le travail, du latin ’’tripalium’’, désigne l’instrument à trois pieds qui servait à ferrer les chevaux et les animaux récalcitrants. A l’origine le travail évoque donc une idée de d’obligation, de contrainte, de torture, de peine, de servitude et d’assujettissement. La liberté quant à elle vient du latin ‘’libertas’’ qui désigne l’état de celui qui ne dépend d’aucun maître et qui jouit des droits civiques. Etre libre ou liberté, c’est l’état de l’individu qui n’est ni esclave ni prisonnier. Au sens générale, la liberté est « Etat de l’être qui ne subit aucune contrainte et qui agit conformément à sa volonté et à sa nature.» Le travail est d’abord et avant tout une nécessité à laquelle l’homme ne peut jamais se passer. On a coutume en paléoanthropologie de considérer la présence d'objets taillés, un silex biseauté par exemple, comme le signe d'une présence humaine : un homme a vécu là, qui a pris la peine de transformer, dans un but déterminé, des choses naturelles en outils de travail, interposant ce faisant entre lui et le monde naturel des objets conçus de toutes pièces et en ce sens artificiels. Pourquoi donc ? On peut à bon droit penser qu'une telle peine n'a rien de gratuit, au contraire. Après tout, l'homme, comme tout être vivant, doit assurer sa survie dans une nature au pire hostile et au mieux indifférente. Entendons par là qu'il a un certain nombre de besoins vitaux qu'il lui faut satisfaire sous peine de mort ; et en ceci, il ne se distingue pas des autres animaux. Seulement, comme le remarquait Platon dans le Protagoras, alors que la nature a doté ces derniers d'instincts sûrs guidant sans erreur possible leur comportement et d'organes à même de leur servir d'outils naturels (pinces, crocs, becs, etc.), l'homme est nu et comme démuni de tout avantage naturel pour se conserver lui-même. C'est pour ainsi dire à mains nues qu'il se mesure à son milieu : l'homme, au sens propre, ne peut compter que sur ses doigts. Proie faible et sans défense, prédateur lent et malhabile, il serait promis à la disparition biologique pure et simple s'il n'était capable d'interposer des outils entre lui et le monde, de transformer par son activité technique ce qui l'entoure, et de plier ainsi la nature à ses besoins. L'homme est le seul être vivant à ne pas s'adapter à son milieu, mais à adapter son milieu aux exigences de sa propre survie, et c'est le travail qui est tout à la fois le moteur et le vecteur de cette adaptation. Aussi semble-t-il dicté par la plus élémentaire des nécessités, la nécessité vitale : travailler, c'est justement produire ce que la nature ne fait pas toute seule et produire ce sans quoi ma propre survie serait compromise, sinon menacée. Ainsi pour Hegel, le travail est un moyen par lequel l’homme construit son histoire et accède la grande liberté. Les vêtements ne poussent pas tout seuls et j'en ai pourtant besoin pour me protéger des rigueurs climatiques : il me faudra alors les tisser, et cela, nécessairement. Cultiver la terre, élever des animaux, bref, gagner son pain à la sueur de son front, telle semble donc bien, comme nous le rappelle la Genèse, la nécessité contraignante à laquelle l'homme doit se soumettre. Alors, si la fabrication d'instruments de travail est une marque spécifique de l'humanité et si cette production obéit avant tout à une nécessité d'ordre vital à laquelle l'homme ne peut se soustraire sous peine de mort, voilà l'humanité placée d'emblée sous le signe d'une servitude ou d'une dépendance native : travailler ne relève pas d'un libre choix, mais de la nécessité la plus contraignante qui soit ; c'est bel et bien une question de vie ou de mort. Voilà le travail sortir de son sens positif pour acquérir un sens d’aliénation. Tout travail, en tant qu'activité fabricatrice, suppose une technique dont je ne décide pas et à laquelle je dois me soumettre nécessairement. Alors, non seulement je travaille par nécessité, mais encore, la façon même dont je produis ce que je veux produire n'est pas remise à mon libre choix. Et comme il est bien évident que je ne saurai jamais maîtriser à moi seul toutes les techniques nécessaires à la production des objets dont j'ai besoin, le travail va se diviser et se spécialiser. Le travail devient alors le fondement du seul véritable lien social, le commerce et les échanges : la satisfaction de mes besoins dépend d'autrui, mais la satisfaction des siens dépend de moi. Or chacun dépendant ainsi de tous les autres, aucun n'est plus le maître de personne. Si donc nous travaillons par nécessité, cette nécessité permet d'une certaine manière à chacun de se libérer des autres. Selon la thèse d'Adam Smith, le travail est donc une nécessité à la fois naturelle et sociale : ne pas ou ne plus travailler, c'est tout à la fois être menacé dans sa survie et dans son statut de membre de la communauté humaine ; c'est risquer de perdre tout à la fois sa vie et sa liberté, puisque cela revient à remettre la satisfaction de ses besoins vitaux aux bons vouloirs d'autrui. Sans doute faut-il accorder ce point à la position utilitariste : que le travail soit une nécessité, cela ne signifie pas pour autant qu'il constitue un obstacle pour ma liberté ; bien au contraire : il est peut-être

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