La Culture Peut-elle échapper à La Barbarie

On voit généralement la culture comme ce qui vient adoucir et policer les mœurs humaines et l’éloigner d’une nature frustre, rude et violente. Et pourtant, il suffit d’une simple constatation historique pour mettre à mal cette idée : le XXè siècle, raffiné par sa culture – à la fois d’un point de vue artistique et technique, voire même politique – est également un siècle de grande barbarie. Pourquoi la culture n’empêche-t-elle pas la barbarie ? Dès lors, quel lien unit ces deux notions, est-ce bien un lien d’opposition ?

La culture a plusieurs sens. Dans un premier temps, elle prend le sens d'Agriculture, désignant le travail de la terre pour obtenir un produit qui n’existait pas avant. Cicéron, par exemple, emploi la métaphore de la culture pour caractériser le travail de l’Homme sur lui-même pour développer ses facultés.

Dans un deuxième temps, cette métaphore se glissera dans le langage courant pour donner l’expression de l’Homme cultivé, l’Homme qui a acquis des potentiels inexploités. On parle alors de transformation de l’être humain.

Dans un troisième temps, il s'agit de la Culture d’un peuple, qui présente différentes manières d’éduquer, de vivre et de penser suivant les régions du monde. Cette culture représente également le milieu dans lequel un individu vit et se développe, avec autrui. La culture sert donc à la survie. La présence de culture suggère un certain ordre social (la morale, par exemple). Mais la culture, en plus d’assurer la survie, va engendrer des désirs. Les arts ou les savoirs qui ne sont pas mis au service de la survie sont des formes de culture. Ainsi, on peut définir le Barbare comme celui qui s’enlise dans ses pulsions et non dans ses facultés de raisonnement, vivant indépendamment d’une culture et renvoyant à l’Animalité. Pour le Grec, le Barbare est celui qui ne parle pas sa langue. Il s'agit donc de l'incompréhension du langage.

Nous pouvons donc nous demander s'il y a une différence entre le Barbare et le Civilisé ? Quel rôle tient la culture et quels sont ses effets ? Nous éloigne-telle

de la condition du Barbare ?

Nous verrons dans en premier lieu les raisons de l'opposition entre barbarie et culture. Puis, nous étudierons la valeur de la culture en procès. Enfin, nous analyserons la complexité de ce rapport.

Un homme cultivé est capable d’apprécier des situations différentes et d’y trouver la réponse appropriée. Par exemple, il fait preuve de tact dans ses relations avec les autres. Il les traite en employant les tournures requises. Ses paroles sont adaptées aux circonstances et à la nature de son interlocuteur. La barbarie se caractérise donc par l’absence totale de manières dans le rapport à autrui. Est barbare celui qui satisfait immédiatement son désir sans se soucier des sentiments ou des réactions des autres. La culture, à l’inverse, implique une éducation. Les désirs sont disciplinés et soumis à des règles, autant de médiations entre notre envie et sa réalisation.

C'est alors ici qu'apparaît la dimension humaniste de la culture. Il ne s’agit pas seulement d’avoir des connaissances, mais de donner un intérêt à autrui. La culture est donc une façon de civiliser les hommes afin de leur permettre une vie sociale plus conforme. En effet, les manières de s’adresser aux femmes, le soin à apporter à l’éducation des enfants furent progressivement codifiés dans le but d’élever les conduites vers un idéal conforme à la représentation de l’homme comme un être de raison et de liberté. Cette humanisation donne un rôle important à la politesse et à l’instruction. L’homme frustré est borné. Il ne sait pas voir la complexité du réel, il est incapable de se mettre à la place d’autrui. La brutalité de ses manières et de sa parole montre qu’il reste prisonnier de sa fermeture d’esprit.

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