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La Conscience De Soi dépend-elle D'autrui

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Par   •  28 Mai 2015  •  2 650 Mots (11 Pages)  •  1 736 Vues

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La conscience de soi dépend-elle d'autrui ?

L’être humain fait l'expérience de trois formes de consciences, la conscience endormie, la conscience spontanée et la conscience réflexive. La question proposée à notre étude nous invite à nous focaliser sur la conscience réflexive. La conscience réflexive est la conscience qu'un Homme a de lui même. Et c'est par la conscience qu'il a de lui même qu'un Homme est un Homme. Ainsi, la conscience réflexive est garante de l'humanité. La conscience de soi permet de prendre conscience de soi ayant conscience des choses. Elle consiste a se faire une idée de soi, et prend la forme d'un dialogue avec soi même. L'acte de se penser est l'activité qui définie le moi, il permet d'arriver à une véritable conception de soi. Dès lors, la question de savoir si la conscience de soi dépend d’autrui ou non ne semble pas se poser, puisque autrui paraît absence de ce mouvement de la conscience vers elle-même. En effet, je suis conscient de mon individualité dans un monde où d'autres consciences cohabitent. Cependant, nous sommes hantés dans notre être par la présence d'autrui, il nous précède dans le monde. Ainsi, suis-je seul à pouvoir me définir en tant que ce que je suis ? En effet, il semblerait que je ne sois pas seulement définit par la conscience que j'ai de moi mais aussi par un agent extérieur. Pour me penser je m'oppose à ce qui n'est pas moi, en l’occurrence autrui. Je fais l'expérience de la pensée égologique qui me distingue de ce qui n'est pas moi, je m'identifie comme n'étant pas autrui. Ainsi, il apparaît comme un besoin d'autrui pour me penser moi même. L'existence d'autrui me permet de penser ma propre existence. Pour autant, il semble qu'autrui n'ait aucun accès à cette conscience que j'ai de moi même, je peux mentir à autrui et prétendre être ce que je ne suis pas sans qu'il ne s'en rende jamais compte. Mais si autrui ne trouve pas accès au contenu de ma conscience, peut-il influencer ce contenu ? Le contenu de ma conscience de soi fait de moi ce que je suis. En somme, si autrui peut influencer ce contenu, ce dernier peut faire de moi ce que je ne suis pas. Peut-on encore parler d'une conscience de soi si je ne suis pas le seul à l'origine de cette conscience ? Et si la conscience de soi prend la forme d'un dialogue avec soi même, le langage semble alors être nécessaire au développement de la conscience de soi. Et ce langage, c'est autrui qui me l'enseigne. Et si j'ai besoin d'autrui pour me constituer en tant que ce que je suis, ce besoin peut-il se transformer en dépendance ?

L'Homme se caractérise par sa solitude. Il est isolé dans une sorte d'insularité métaphysique. Sa conscience ne se confond pas avec le monde. L'Homme est seul face au monde qui se déroule devant ses yeux. Et si autrui constitue mon quotidien, sa présence renforce ma solitude, je prends conscience que ce dernier ne me comprends pas. En ce sens, Rousseau écrit : « on n'est jamais aussi seul que dans la foule ». Rousseau met en évidence l’incompréhension qui constitue la base de mes rapports à autrui. En effet, autrui ne me comprends pas et ne me comprendra jamais, je constitue pour lui un mystère de la même manière que lui constitue un mystère pour moi. Pourtant, ma solitude ne peut-elle pas être contentée par la foule ? Selon Rousseau, mon sentiment de solitude ne paraît pourtant jamais aussi clairement qu'au milieu de la foule. De fait, si je ne comprends pas autrui, une multitudes d'altérités différentes ne peut que confirmer l'incompréhension que j'éprouve et la redoubler. Par ailleurs, j'ai beau me rapprocher d'autrui autant que je peux, je n'aurais jamais accès à son intériorité. Autrui me ressemble et pourtant nous sommes totalement différents de par notre conscience de soi. En effet, si par nos corps nous sommes proches, la distance qui nous sépare est abyssale. Autrui n'a pas accès à mon intériorité, à ma conscience de soi. Nous retrouvons cette inaccessibilité à l'autre avec l'exemple du sadique et de sa victime. Le sadique cherche la possession de la chaire d'autrui et de sa liberté. Or, autrui est libre de se renier ou de s'auto-humilier. La victime témoigne alors de sa liberté et échappe ainsi au sadique. C'est pourquoi Sartre définit autrui comme insaisissable. C'est en ce sens, par la conscience que j'ai de moi que je me sépare du monde et des autres. De fait, je demeure pour tout autre que moi un secret. Je suis singulier, tel un étranger dans un monde étranger.

Nous sommes jetés dans un monde inconnu, de sorte que notre existence elle même semble sans justification. Et s'il ne tient qu’à moi de lui trouver un sens, être seul veut dire que ma conscience n’est pas réductible à l’expérience que je fais de mon corps et du monde extérieur à moi. Être seul, c’est éprouver son propre «moi». Il me suffit de prendre conscience de la personne que je suis pour me rendre compte que je suis séparé de tout ce qui n’est pas moi. Je peux en effet douter de tout mais je ne peux pas douter de moi-même qui doute. Je me découvre dans mon être le plus intime. Mais si je suis certain de mon existence, rien ne prouve que le monde extérieur existe effectivement. Et si le monde n'était que le fruit de mon imagination ? Ainsi, je prends conscience de ma propre existence au cœur même du doute le plus radical. Et cette conscience que je prends de moi même ne nécessite pour ce faire ni autrui ni le monde. Ce n'est donc pas seulement dans la solitude que s'effectue la prise de conscience de soi, mais bien dans le solipsisme. Le solipsisme est l'attitude générale d'après laquelle il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité que lui-même. Il s'agit ici d'affirmer que je n'ai besoin ni d'autrui, ni même du monde extérieur pour parvenir à la certitude de ma propre existence. D'où la thèse cartésienne: «la conscience est une substance qui n'a besoin de rien d'autre qu'elle-même pour être.» Pour autant, la conscience de soi ne se base-t-elle pas en partie sur le langage ? De fait, le langage permet de formuler la conscience que l'on a de nous même et c'est dans le langage que nous nous pensons. Or, le langage dont je fais usage n'est pas de mon fait, autrui me le transmet. Mais alors, la prise de conscience de soi, loin d'exclure la présence d'autrui, ne semble-t-elle pas plutôt la

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