L'opinion Publique
Dissertation : L'opinion Publique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 19 Mars 2012 • 2 311 Mots (10 Pages) • 8 105 Vues
L’Opinion Publique
Qu’est ce que l’opinion publique ?
I ) L'opinion publique : un concept abstrait devenu réalité grâce aux sondages
a) L'assimilation entre l'instrument et le concept
b) La croyance en la représentation de l'opinion publique sert de base au discours politique
II) L'opinion publique : une illusion dangereuse de la représentation de « ce que pense une population »
a) La remise en cause de l'existence de l'opinion publique
b) L'instrumentalisation dangereuse de l'opinion publique dans l'action politique
INTRODUCTION :
On ne peut aujourd’hui que constater l’omniprésence du terme d’opinion publique, aussi bien dans les médias que dans les discours de nos dirigeants politiques. En effet, on semble être inondé de chiffres et de commentaires à propos de ce « que pense les Français » sur tel ou tel sujet public ; de l’éternelle côte de popularité de nos représentants au bien-fondé de la guerre en Irak, « les Français » sont sans cesse questionnés. Or, on se rend compte qu’aucun effort de définition n’est fait sur cette notion d’opinion publique, pour le moins assez flou.A priori, l’opinion publique ne serait rien d’autre que le constat de ce pense une population à un moment donné, sur un sujet particulier. Une opinion est un avis, un jugement, un point de vue d’un individu à propos d’un fait ou d’une personne. L’ambiguïté de terme vient en fait de l’apposition de l’adjectif « publique ». L’opinion publique serait-elle, alors, l’avis d’individus donné publiquement ? Ou leurs avis sur des thèmes d’ordre public ?Un premier problème apparaît, celui de la définition délicate de l’expression. Si elle semble en permanence employée, elle ne représente pourtant pas quelque chose de précis. Pour comprendre ce qui se cache derrière cette notion abstraite, il faut nécessairement connaître les sens qu’elle a pu revêtir au cours de l’histoire. Au XVIII ème siècle, la notion existait déjà et désignait l’ensemble des idées partagées par un groupe social, une appréciation raisonnable sur les actions du gouvernement. Il s’agissait en somme d’un « tribunal critique » des rois et des législateurs, un contrepoids à l’absolutisme royal. Mais l’opinion publique se distinguait de l’opinion commune, c’est-à-dire qu’elle émanait d’individus éclairés, informés, et cultivés. Comme le soulignait Condorcet, l’opinion publique n’englobait pas le peuple, « cette multitude aveugle et bruyante ». Il ne reste aujourd’hui de cette définition, selon Jacques Lagroye, que « la croyance en un corps de croyances, d’aspirations et d’appréciation sur la politique appartenant à la population qui peut exprimer ses attentes communes sur le gouvernement ». Il est intéressant de constater le changement sémantique. Au XVIII ème siècle, l’opinion publique ne pouvait être formulée que par une élite savante, alors qu’aujourd’hui elle est émise par le peuple. Néanmoins, l’opinion n’en apparaît pas pour autant comme réelle, et reste abstraite. Dire qu’il existe une opinion publique représentant fidèlement l’avis d’une population, c’est présumer qu’il y aurait eu un consensus entre les individus ; or ces derniers ne se sont pas concertés et élever l’opinion d’une majorité (et non pas de tous) au rang de volonté générale semble dangereux. On s’étonne alors de voir la place grandissante qu’elle prend dans le discours politique ou journalistique à partir des années soixante en France, avec le succès des sondages et enquêtes d’opinion. Elle est à la fois revendiquée par les hommes politiques, identifiée comme vérité absolue par les médias et ne cesse d’être mesuré par les instituts de sondages.
Comment, d’une abstraction, l’opinion publique a-t-elle pu accéder au statut de réalité servant de base au discours politique et médiatique ?
Si l’opinion publique prend une consistance grâce aux sondages qui la font exister à titre de réalité concrète, il semble préjudiciable de s’en prévaloir car cette « réalité » demeure mouvante, voire déformée car le concept n’a pas le même sens selon qui l’utilise.
Nous verrons d’une part comment les sondages ont permis à l’opinion publique d’exister en tant que réalité, et d’autre part, que son utilisation dans le discours public modifie en permanence sa définition.
I ) L'opinion publique : un concept abstrait devenu réalité grâce aux sondages
LES SONDAGES :
a)Aujourd'hui la pratique des sondages est devenue une véritable institution dans les démocraties libérales pour consulter l'avis populaire dans des domaines très variés tels que l'économie, la politique, le social ou le culturel. Effectivement la définition propre des sondages est celle « d'une enquête ponctuelle réalisée auprès d'un échantillon représentatif de la population étudiée. Les résultats obtenus auprès de l'échantillon sont ensuite extrapolés à la population étudiée ». Ils permettent ainsi à la population de s'exprimer sur un sujet précis. D'où le fait qu'ils soient caractéristiques, comme nous l'avons déjà dit des démocraties libérales et qu'ils soient interdits dans les régimes autoritaires tel qu'en Chine ou au Chili. Aujourd'hui énormément de sondages sont publiés, commentés, appréciés ou dénigrés mais finalement on peut se demander quelle est la vraie valeur de ces sondages, si leur fonction première de représenter la majorité de l'opinion publique est bien réelle.
CONCEPT :
On ne peut pas donner une définition unique de l’opinion publique. Bien que la notion soit de plus en plus utilisée, elle est extrêmement complexe. La difficulté de tracer des limites entre l'individualité des jugements et celles qui sont collectives, de même que l'interactivité incessante entre les opinions qui relèvent de réflexions personnelles et celles qui empruntent à l'héritage culturel en font un objet trop mouvant et hétéroclite pour tenir dans une formule.
La définition devient plus complexe si l'on songe aux différents rôles qu'on lui fait tenir dans les démocraties modernes, aux nombreux miroirs médiatiques et institutionnels
...